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Brexit or not ? Les conséquences possibles pour l’Union européenne

Les Britanniques s’apprêtent à voter jeudi pour ou contre le maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne. Tour d’horizon des scénarios possibles au lendemain d’un scrutin dont les conséquences se feront sentir sur les 28 États membres.

« Partir c’est accepter les conséquences du départ », confiait, inquiet, Alastair Campbell, l’ancien directeur de stratégie de Tony Blair dimanche 19 juin à propos du Brexit. Quelles sont-elles ces conséquences ? À trois jours du référendum sur la sortie de l’Union européenne (UE) qui aura lieu jeudi 23 juin, les sondages ne donnent pas de tendances claires sur le vote britannique et le mystère reste entier sur l’après Brexit, car il n’existe jusqu’ici aucun précédent. À Bruxelles comme à Londres, des milliers de personnes, dans les administrations, les banques, les entreprises internationales s’attèlent à dessiner les scénarios probables pour s’organiser le jour J.

Voici cinq scénarios possibles au lendemain du référendum britannique :

Si le Brexit l’emporte…

1- Un imbroglio administratif

La tâche s’annonce colossale. Comme dans un vrai divorce, il va falloir séparer les biens communs (bâtiments européens compris), renégocier les accords, penser la nouvelle répartition des parts budgétaires à 27 au lieu de 28 membres dans l’UE et les modalités de sortie de l’argent britannique, quatrième plus grosse contribution à ce pot commun. Pour ce, les négociations entre Bruxelles et Londres prendront plusieurs années, peut-être quatre à six ans. De très nombreuses réunions se tiendront et elles mobiliseront des centaines de spécialistes.

Seul problème, l’article 50 du traité de l’Union contenant la fameuse « clause de retrait volontaire et unilatéral » que doit saisir David Cameron en cas de Brexit, prévoit un délai de sortie de deux ans. Ce délai devra sans doute être renouvelé. « Cela dépendra de la volonté des autres États membres, ils lâcheront du mou s’ils sont généreux afin de laisser le temps de négocier correctement les accords », espère Tim Bale, professeur de sciences politiques à l’université Queen Mary de Londres, contacté par France 24. « Si ce délai des deux ans s’écoule, nous devrons partir dans le chaos », redoute-t-il.

2 – Une Union européenne intransigeante envers les Britanniques

« Sans paraître ridiculement revancharde, l’UE ne rendrait pas les choses faciles pour les Britanniques, car d’autres pays eurosceptiques souhaiteraient eux aussi quitter l’UE après le Brexit », explique Tim Bale. La Suède, les Pays-Bas ou le Danemark pourraient en faire partie. En revanche, les pays de l’Est, principaux bénéficiaires des aides européennes, ne seront pas les premiers à vouloir quitter le navire. « Dans un contexte de montée du populisme, la France non plus n’est pas épargnée par ce mouvement eurosceptique », fait remarquer l’universitaire britannique.

Face à la menace, les Européens, et particulièrement la France, tenante d’une ligne dure vis-à-vis des pro-Brexit, pourraient donc décider de faire preuve de fermeté en utilisant des moyens de dissuasion, comme le renforcement des contrôles pour les Britanniques avant de prendre l’Eurostar. Bruxelles pourrait aussi ne faire preuve d’aucune indulgence le moment venu lors de la renégociation des accords commerciaux britanniques et rétablir des droits douaniers au prix fort.

3 – La City transférée à Francfort

Dans le quartier d’affaire londonien, l’heure est à la crainte, rapportait mardi le quotidien Le Monde. La City a peur de perdre son « passeport » financier, un privilège que lui accorde l’UE et qui lui permet de revendre des produits financiers fabriqués à Londres dans tous les pays membres. Sans ce sésame, plusieurs prestigieux fonds d’investissement tels que JP Morgan ou des banques comme HSBC pourraient quitter Londres s’ils veulent pouvoir continuer de servir leurs clients dans les pays membres. « Le Royaume-Uni serait moins attractif, et le marché s’en ressentira », prédit aussi Tim Bale, qui note déjà que la livre sterling a chuté à chaque sondage donnant la victoire du Brexit. « À court terme, il n’est pas certain que les affaires s’en trouvent affectées. Mais au moment de faire un choix, les entreprises qui souhaiteraient investir se dirigeraient vers d’autres pays offrant l’avantage de se trouver sur le territoire du ‘marché unique’. À long terme, cela impacterait les affaires ici », analyse-t-il.

En conséquence, des milliers d’employés des banques d’affaires, dont de très nombreux Français expatriés, pourraient quitter la capitale britannique pour une autre place financière européenne. Francfort en Allemagne est favorite, qualifiée de « meilleure alternative » par plusieurs banquiers qui la préfèrent déjà à Paris, dont l’image est ternie dans l’univers de la finance.

4 – Une Union européenne à gauche toute

Un groupe d’universitaires britanniques du University College de Londres a fait le compte : près de 60 % des 73 eurodéputés britanniques appartiennent aux groupes centre-droit et eurosceptique. D’après cette étude, leur absence au Parlement européen renforcerait la gauche, « capable de former une majorité » pour la première fois depuis des années.

Des politiques européennes plus à gauche, telles que le développement d’énergie renouvelables au détriment du nucléaire, ou la taxation des transactions se verraient encouragées. Toujours selon le même groupe de recherche, le poids de l’Allemagne dans l’institution européenne serait renforcé puisque le Royaume-Uni servait de balance entre Paris et Berlin.

Si le Royaume-Uni reste dans l’Union européenne …

5 – Une Europe à la carte

Afin de convaincre un maximum d’indécis de voter contre le Brexit, le Premier ministre britannique avait pris soin de négocier un accord avec Bruxelles le 19 février 2016. David Cameron l’a promis, il l’actionnera immédiatement si les Britanniques choisissent le maintien dans l’UE. Ce texte prévoit un « mécanisme de sauvegarde » en matière d’immigration. Londres pourrait ainsi plafonner les allocations sociales des ressortissants de l’UE en cas d’afflux exceptionnel de travailleurs venus d’autres États membres.

Si le Royaume-Uni reste et bénéficie de cet avantage, d’autres pays membres tels que la Pologne, ou la Hongrie, souhaiteront jouer la carte de la sortie pour faire monter les enchères eux-aussi, chacun y allant de sa demande spécifique. Si l’UE se pliait à ses exigences, le projet politique européen s’en trouverait affaibli et les États membres se replieraient sur eux-mêmes.

Quoi qu’il en soit, au Royaume-Uni, la campagne s’est transformée en un déferlement de haine du côté des partisans de la sortie avec une normalisation des propos xénophobes dans le discours politique britannique. À l’échelle européenne également, on a pu voir pendant cette campagne le Front national de Marine Le Pen et le Parti de la liberté de l’Autriche (FPÖ) réunis à Vienne le 17 juin pour un meeting commun et plus que jamais rassemblés derrière la rhétorique anti-européenne. Quel que soit l’issue du scrutin, il y aura donc un avant et un après Brexit.

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