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Syrie : Poutine accuse la France, Valls renvoie la balle

Lors d’un forum économique à Moscou, mercredi 12 octobre, le président russe, Vladimir Poutine, est longuement revenu sur sa décision d’annuler sa visite en France prévue le 19 octobre dans le cadre de l’inauguration de la nouvelle cathédrale orthoxode à Paris. Une décision qu’il n’a pas totalement assumée : « A vrai dire, nous n’avons rien annulé, c’est la partie française qui nous a fait comprendre que ce n’était pas le bon moment d’ouvrir notre centre culturel, qu’il fallait remettre à plus tard ces événements, nous avons dit : “Bon d’accord, on n’insiste pas… »

Sur le fond – la situation catastrophique en Syrie, et notamment dans les quartiers rebelles dans l’est d’Alep, soumis aux bombardements du régime syrien et de l’aviation russe qui ont repris –, le chef du Kremlin n’a pas dit un mot. M. Poutine a fustigé en revanche l’attitude de la France, qualifiée de « partenaire stratégique », lors de la présentation de sa résolution devant le Conseil de sécurité de l’ONU, destinée à obtenir l’arrêt de ces bombardements. Concernant les accusations de crime de guerre commis à Alep, le chef de l’Etat a parlé de « rhétorique politique » qui « ne tient pas compte des réalités en Syrie », dans une interview diffusée sur TF1.

De son côté, François Hollande, soutenu par la chancelière allemande, Angela Merkel, a demandé au président russe de travailler à un nouveau cessez-le-feu, au cours d’une conférence téléphonique.

« Accusations sans fondement »

« Notre respecté et ami ministre des affaires étrangères [Jean-Marc Ayrault] est venu à Moscou [le 6 octobre] nous en parler, ce à quoi notre ministre des affaires étrangères [Sergueï Lavrov] a déclaré que nous n’allons pas voter contre, si vous prenez en considération nos amendements et notre vision (…), a-t-il précisé. Que s’est-il passé ensuite ? Le ministre français des affaires étrangères a quitté Moscou pour Washington pour rencontrer [le secrétaire d’Etat américain] John Kerry et le jour d’après, ils ont accusé la Russie de tous les péchés mortels. Personne n’a discuté avec nous. »

« LA PRESSION ET LE CHANTAGE N’ONT JAMAIS MARCHÉ SUR LA RUSSIE ET NE MARCHERONT JAMAIS », A CONCLU VLADIMIR POUTINE

Tandis qu’à Paris, le premier ministre, Manuel Valls, dénonçait devant l’Assemblée « l’attitude d’obstruction injustifiable de la Russie » après le veto russe sur la résolution portée par la France, M. Poutine, joignant le geste à la parole, a accusé les Français d’avoir « jeté cette résolution au Conseil de sécurité en s’attendant à l’évidence à notre veto ».

« Pour quoi faire ? a-t-il enchaîné. Pour aggraver la situation et relancer cette hystérie antirusse dans les médias sous contrôle. » « Cela a sûrement beaucoup de valeur, au moment de la lutte électorale, a poursuivi le président russe, mais je ne sais pas si cela correspond aux intérêts des pays européens ou non ou bien si cela sert plutôt aux intérêts de la politique extérieure, et même intérieure, de leur allié, les Etats-Unis. » « Avec le peuple français et surtout les investisseurs français, rien n’a changé », a-t-il assuré avant d’ajouter : « J’ai de très bonnes relations avec François Hollande et j’y tiens beaucoup. »

« Est-ce le rôle d’une politique sérieuse et de pays sérieux de mener une politique dépendante et de se nommer grande puissance ? », a fait mine de s’interroger M. Poutine avant de revenir, une nouvelle fois, sur les « accusations sans fondement » portées selon lui contre la Russie : « Nous savons bien qui a frappé la colonne humanitaire [à Alep] : une organisation terroriste. Et nous savons que les Etats-Unis le savent aussi. » « La pression et le chantage, a-t-il conclu, n’ont jamais marché sur la Russie et ne marcheront jamais. »

« Le dialogue se poursuit »

« Nous continuerons à discuter avec la Russie et ses dirigeants, mais pas en vain (…), pour trouver une solution de paix », a dit encore Manuel Valls à l’Assemblée, en indiquant : « Nous avons pris acte de ce renoncement, mais le dialogue se poursuit. »

Cette nouvelle passe d’armes témoigne des relations tendues entre la Russie et la France. M. Poutine, attendu le 19 octobre à Paris, pour inaugurer une cathédrale orthodoxe, a annoncé mardi qu’il annulait sa visite. La présidence française souhaitait organiser une réunion sur la Syrie. Le Kremlin a refusé, jugeant cela humiliant pour un président russe qui veut se poser en acteur majeur, voire central, sur la scène internationale.

La diplomatie russe a, finalement, annoncé la tenue samedi à Lausanne (Suisse) d’une rencontre internationale sur la Syrie réunissant le ministre des affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, et son homologue américain, John Kerry, mais aussi des chefs de la diplomatie de « plusieurs Etats clés de la région ».

  • Isabelle Mandraud

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