Calais – Vingt personnes, dont un général ancien patron de la légion étrangère, ont été interpellées et dix placées en garde à vue samedi à Calais lors d’un rassemblement hostile aux migrants à l’initiative du mouvement Pegida, interdit par les autorités et marqué par des échauffourées, a indiqué la préfecture.
« Vers 12H30, des groupes ont commencé à circuler en centre ville, essentiellement de l’ultra droite de type néo-nazie. Sept d’entre eux ont été interpellés dès le début, puis un rassemblement s’est fait devant une brasserie de la gare« , a indiqué à l’AFP Étienne Desplanques, directeur de cabinet de la préfète du Pas-de-Calais. Les individus interpellés « étaient porteurs d’armes contondantes, d’armes blanches ou de tasers« , a précisé la préfecture dans un communiqué samedi soir.
Vers 13h30, quelques échauffourées ont éclaté entre les forces de l’ordre et ces manifestants, qui ont scandé des slogans tels que « on est chez nous!« , « Etat dictateur« , « migrants dehors » ou « journalistes collabos« . Ils ont entonné une Marseillaise et ont agité des drapeaux français, selon un correspondant de l’AFP présent sur place.
Un photographe de l’AFP présent sur place a constaté l’interpellation du général Christian Piquemal, ancien commandant de la Légion étrangère de 1994 à 1999, et qui n’est plus en service actif.
Samedi soir, de nombreuses réactions à l’arrestation du militaire venues de l’extrême droite agitaient les réseaux sociaux.
« Soutien au général , injustement et brutalement arrêté à !« , a écrit sur son compte twitter la députée FN Marion Maréchal-Le Pen. Gilbert Collard, député du Var, exprimait lui aussi son mécontentement sur le même réseau social. « Le général Piquemal, ancien Cdt de la LE, vient d’être arrêté à Calais pour cause de manifestation: une honte !« .
Sur Facebook, une page « Soutien au général Piquemal« , où l’on pouvait voir les images de l’arrestation du militaire sous les huées des manifestants, affichait plus de 7.000 soutiens vers 20H30.
Interrogé sur sa présence à ce rassemblement interdit, un manifestant, Stéphane Zammattio, a expliqué que Calais était « un grand symbole au niveau de toute la France et de tout ce qu’il se passe en Europe aujourd’hui, c’est-à-dire que la priorité est donnée systématiquement aux personnes de l’extérieur au détriment du peuple de France« .
Dans un communiqué, la maire de Calais Natacha Bouchart (Les Républicains) a salué « le remarquable travail » de la police. « Je ne saurais accepter que Calais soit le terrain de jeu des extrémistes, d’un côté ou d’un autre, et force doit rester à la loi« , a indiqué Mme Bouchart. Mercredi, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve avait annoncé l’interdiction de toutes les manifestations susceptibles de provoquer « des troubles à l’ordre public » à Calais.
Environ 3.700 migrants, venus majoritairement d’Afrique de l’Est, du Moyen-Orient et d’Afghanistan, vivent dans la « Jungle » de Calais, plus grand bidonville de France, dans l’espoir d’atteindre l’Angleterre.
Pegida, « Patriotes européens contre l’islamisation de l’Occident« , mouvement d’extrême droite né en Allemagne à l’automne 2014, a appelé le 23 janvier à manifester dans plusieurs pays d’Europe ce samedi.
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