Alors que la Chine, la Russie et le Brésil connaissent des difficultés, l’Inde fait figure d’exception. Si la croissance des émergents reste modérée, elle joue toujours un rôle moteur au niveau mondial.
Ralentissement, récession : les champions de la croissance d’hier, – les BRIC – se réveillent aujourd’hui à moitié sonnés. La Chine ralentit, la Russie est en récession et le Brésil en chute libre, seule l’Inde avance à contre-courant. L’acronyme BRIC regroupant les grands émergents – l’Afrique du Sud les a rejoints en 2011 – a volé en éclats en même temps que leurs modèles de croissance atteignaient leurs limites.
Mais qu’on ne s’y trompe pas, même s’ils vont « mal », les marchés émergents contribuent à hauteur de 75 % environ à la croissance mondiale. Et les vents contraires que subissent ces économies en devenir laissent quelques marges de progression. Pour Christian Déséglise (HSBC), « les marchés émergents devraient ainsi croître de 3,9 % en 2016, après +3,8 % cette année » (lire ci-dessous). Cela reste inférieur à leur potentiel de croissance de (4,5 % à 5 %), mais certains pays devraient tirer leur épingle du jeu, en particulier les moins dépendants des matières premières.
Quelques bémols
L’Inde, parmi les grands émergents, devrait ainsi jouer plus que jamais le rôle de locomotive. « Nous sommes positifs vis-à-vis de l’Inde, même si nous considérons que les « Modinomics » génèrent un excès d’optimisme », estime Michala Marcussen, responsable des études économiques de Société Générale, qui table sur de très solides perspectives de croissance : + 8 % en 2016 et + 8,3 % en 2017. Avec quelques bémols. Les récents revers électoraux du BJP, le parti de Narendra Modi, compliquent la tâche du Premier ministre pour faire passer ses réformes, notamment la taxe sur les biens et services, l’acquisition de terrains et le droit du travail. A voir si les élections programmées dans d’autres Etats de la confédération en 2016 et 2017 vont lui permettre de reconquérir sa majorité manquante à la Chambre haute du Parlement. L’autre bémol est économique. Si l’endettement global du pays reste relativement faible, certaines entreprises affichent des niveaux de dette excessifs et pourraient rencontrer des difficultés. Cela affaiblirait les banques qui ont déjà en portefeuille 11 % d’actifs faits de créances douteuses et de prêts restructurés.
Au potentiel de croissance proprement dit des émergents, s’ajoutent plusieurs facteurs susceptibles de tirer les économies vers le haut, tels que l’amélioration des structures et de la gouvernance. La fin du « kichnérisme » en Argentine donne ainsi des raisons d’espérer à cette économie sinistrée. La situation politique bloquée au Brésil ajoute au contraire aux inquiétudes.
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