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Mairie de Londres : le Labour revendique la victoire de Sadiq Khan

Alors que les résultats officiels n’avaient pas encore été proclamés, le parti travailliste s’est réjoui de la victoire de son candidat face à son adversaire Zac Goldsmith.

Mohamed Ali est son héros. Il a lui-même un peu pratiqué la boxe, même s’il préfère le cricket et le foot. Savoir se servir de ses poings n’aura pas été inutile à Sadiq Khan pour s’imposer comme maire de Londres, après une campagne brutale de la part de son rival tory Zac Goldsmith. Comme pendant son adolescence dans les quartiers sud, quand les hooligans anglais faisaient la chasse aux «Pakis».

À 45 ans, le fils d’immigrés musulmans s’apprêtait à être couronné, vendredi soir, à la tête de la capitale multiculturelle, dont deux habitants sur cinq sont nés hors du Royaume-Uni. Selon des premiers résultats, il recueillait 44 % des voix en première intention, contre 35 % à Goldsmith. Selon les projections, cela se traduirait par 57 % du total des voix. Des recomptages se poursuivaient tard dans la soirée, mais la victoire, revendiquée par le Labour, ne faisait pas de doute. Ce travailliste relativement méconnu succède au flamboyant conservateur Boris Johnson. Un succès de taille qui contrebalance les mauvaises performances du Labour aux élections locales dans le reste du pays et en Écosse.

«Un symbole important»

L’histoire du fils d’un chauffeur de bus et d’une couturière à domicile arrivés du Pakistan peu avant sa naissance, élevé avec ses six frères et sa sœur dans un HLM, celle du produit de la méritocratie formé sur les bancs de l’école publique, a convaincu les Londoniens. Une revanche contre les représentants de l’élite comme Boris Johnson ou le candidat malheureux Zac Goldsmith sortis d’Eton, le moule de l’establishment fortuné. «Trop de Londoniens sont exclus de la croissance explosive de notre ville. Je comprends leurs difficultés parce que j’ai vécu la même vie qu’eux», se vantait Sadiq Khan pendant la campagne. Il a promis d’être le maire de «tous les Londoniens».

Selon Sunder Katwala, directeur du think-tank British Future, les électeurs de la capitale ont voté, suivant leur penchant traditionnel, pour le candidat travailliste et non selon des réflexes identitaires. Au passage, ils ont aussi préféré un pro-européen au candidat du Brexit. «C’est un symbole important, une réponse à la question posée par certains de savoir si Londres, dans sa diversité, était prête à se donner un maire musulman ou d’origine asiatique, souligne le chercheur. Cette élection devrait avoir un impact positif sur la cohésion de la ville. Les controverses agitées par le Parti conservateur et une partie de la presse sur la religion du candidat n’ont pas pris dans l’opinion.» Zac Goldsmith a tout fait pour présenter son adversaire comme un dangereux radical, ami d’islamistes et de terroristes. Cette stratégie s’est révélée contre-productive, y compris parfois parmi les sympathisants tories. «Nous allons avoir beaucoup de travail pour restaurer la confiance auprès de nombreuses communautés de Londres, c’est regrettable», a déploré le maire adjoint conservateur sortant Roger Evans.

Sadiq Khan ne nie pas certaines des fréquentations douteuses qu’on lui a prêtées, dans son rôle d’avocat spécialiste des droits de l’homme et d’ex-président de l’association Liberty. Il a lutté contre l’extradition aux États-Unis de Babar Ahmad, un Britannique suspecté de terrorisme. Tout en refusant toute assimilation avec les idées défendues par les personnages en question. Durant sa carrière politique, le député de Tooting, la circonscription où il a grandi, s’est au contraire mis à dos les fondamentalistes, notamment en votant en faveur d’une garde à vue de 42 jours pour les suspects de terrorisme ou en apportant sa voix au mariage gay, ce qui lui a valu des menaces de mort.

Un futur premier ministre musulman?

«Sadiq ne perd jamais», assure l’un de ses proches au Parti travailliste. La mairie de Londres pourrait se révéler un tremplin pour cet homme, petit par la taille mais aux grandes ambitions. À son élection au Parlement en 2005, le magazine (dont Boris Johnson fut rédacteur en chef) The Spectator le distingue comme le «nouveau venu de l’année». Le jeune élu critique la politique étrangère britannique au Moyen-Orient, en particulier la guerre en Irak. Cela ne l’empêche pas d’être promu secrétaire d’État aux Communautés locales dans le gouvernement de Gordon Brown, puis ministre des Transports, premier musulman à siéger au Conseil des ministres. Zac Goldsmith l’a qualifié de «caricature du système politicien». Il est suspecté de positions fluctuantes et d’opportunisme. En 2010, Sadiq Khan soutient Ed Miliband, outsider contre son frère David, le favori dans la course à la tête du Parti travailliste. Cinq ans plus tard, il apporte sa voix à la nomination du gauchiste Jeremy Corbyn mais s’en démarque très rapidement.

Il se défie du sectarisme, se revendique social-démocrate de centre-gauche. Il promet d’être le maire de Londres «le plus pro-business». Sa désignation comme candidat du Labour pour la mairie l’été dernier fut une surprise, quand tout le monde attendait la blairiste Tessa Jowell, favorite de l’establishment.

Quand son prédécesseur Boris Johnson, fort de huit ans passés à City Hall, au bord de la Tamise, vogue vers un destin qu’il espère le conduire à Downing Street, l’avenir politique s’ouvre aussi pour Sadiq Khan. Certains voient déjà en lui un futur possible premier ministre musulman.


Nouvelle victoire en demi-teinte pour les nationalistes écossais

Nicola Sturgeon, leader du Scottish National Party.

Nicola Sturgeon, l’enthousiaste leader du Scottish National Party (SNP), s’est empressée de saluer une «victoire historique» des nationalistes au Parlement régional autonome d’Édimbourg, la troisième consécutive depuis quinze ans. Le résultat marque cependant un recul de la formation, qui n’obtient que 63 sièges sur 129, soit six de moins que dans l’assemblée sortante, ce qui la prive de majorité absolue. Elle devra donc s’allier avec des membres de petits partis, comme les Verts, pour gouverner. Ce recul pourrait refroidir les revendications indépendantistes, récemment agitées à nouveau par Nicola Sturgeon. Elle évoquait la nécessité d’organiser un nouveau référendum si la pression du peuple écossais dans ce sens se faisait sentir.

Cette élection bouleverse l’équilibre politique en Écosse. Dans ce qui était autrefois son fief, le Parti travailliste, déjà laminé aux élections législatives britanniques de 2015, poursuit sa décrue et se voit reléguer troisième parti au parlement, avec seulement 24 sièges. À l’inverse, les conservateurs y renaissent en devenant la première force d’opposition face au SNP, avec 31 sièges.

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