La «ville souterraine» de l’EI pour résister aux raids
Les Peshmergas kurdes qui ont chassé les jihadistes du groupe Etat islamique de la ville-clé de Sinjar ont découvert des kilomètres de tunnels creusés par Daech (EI)
C’est une véritable ville sous la ville. L’agence américaine AP a publié une vidéo (ci-dessous) et des photos de tunnels souterrains qui auraient été creusés par l’EI. Les combattants kurdes Peshmergas ont fait ces découvertes dans la ville de Sinjar, récupérée aux jihadistes à la mi-novembre à la faveur d’une offensive éclair. Les combattants kurdes étaient appuyés par des frappes aériennes de la coalition internationale conduite par les États-Unis. Mais derrière eux, les hommes en noir ont laissé une ville en ruines, regorgeant d’engins piégés, tactique à laquelle ils ont souvent recours.
La ville de Sinjar, en Irak, revêt un intérêt stratégique pour l’Etat islamique puisqu’elle se situe sur la route entre les deux grandes villes aux mains des jihadistes, Mossoul en Irak et Raqqa en Syrie (cf. carte ci-dessous).
« Les Kurdes lancent la bataille de Sinjar contre l’EI » – Article & #carte ici : https://t.co/NC8qvIDFEk pic.twitter.com/jeOgPtNNgY
— Le Monde en cartes (@LM_enCartes) November 12, 2015
L’équipement dont disposent ces sous-terrains a particulièrement impressionné les Peshmergas, qui ont filmé leurs trouvailles. Ainsi les tunnels disposaient de l’électricité, de ventilateurs, de sacs de sable, et même de dortoirs ainsi que de salles pour stocker munitions et médicaments. Des vêtements de rechange ainsi que des coussins et des livres ont également été découverts. Les sous-terrains partaient et aboutissaient à des maisons particulières, souvent partiellement détruites. Et c’est dans ces cavités que les membres de l’EI s’abritaient lors des frappes aériennes menées par la coalition. Les tunnels sont étroits et permettent tout juste à un homme de se tenir debout. Ils semblent avoir été creusés à l’aide de marteaux-piqueurs et non de bulldozers.
«Daech a construit ces tunnels dans le but de se protéger des attaques aériennes, de circuler plus discrètement dans la ville, mais aussi pour stocker des armes et des explosifs», relève Shamo Eado, un Peshmerga du Kurdistan irakien qui a participé à la bataille de Sinjar.
L’EI avait pris le contrôle de Sinjar en août 2014 au prix de combats meurtriers. Lors de l’offensive des jihadistes, l’EI avait capturé des centaines de femmes yézidies, vendues aux jihadistes ou réduites à l’état d’esclaves sexuelles, selon l’ONG Amnesty International, et procédé à de nombreuses exécutions sommaires. Nous avions publié le témoignage d’une ancienne esclave de l’organisation Etat islamique en Irak âgée de 18 ans au mois de septembre. Retrouvez-le en cliquant ici.
L’agence AP annonce également que les Peshmergas ont découvert deux charniers en libérant la ville de Sinjar. L’un contenait les corps de plus de 70 femmes, des femmes âgées, l’autre les dépouilles d’une cinquantaine d’hommes, de femmes et d’enfants.
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