Maintenir l’élan, entretenir le momentum : c’était l’un des objectifs essentiels de la cérémonie de signature de l’accord de Paris sur le climat, vendredi à New York. Sur ce point, le pari est réussi, puisque plus de 170 Etats ont signé le texte au siège de l’ONU. «C’est un moment d’histoire. Jamais auparavant un aussi grand nombre de pays n’avait signé un accord international en une seule journée», a déclaré – en français – à la tribune de l’ONU, le secrétaire général de l’organisation, Ban Ki-moon. Le précédent record remontait à 1982, quand 119 nations avaient signé en Jamaïque la Convention des Nations unies sur le droit de la mer.

Pour les autorités françaises, c’est incontestablement un succès diplomatique, comme en témoigne l’importante délégation venue participer à l’événement. Autour de François Hollande, trois membres du gouvernement se sont pressés pour être sur la photo : Ségolène Royal, ministre de l’Environnement et présidente de la COP 21, Annick Girardin, ministre de la Fonction publique (1), et André Vallini, secrétaire d’Etat chargé du Développement et de la Francophonie. Après quelques couacs d’organisation – il n’avait initialement pas été invité -, Laurent Fabius était finalement bien présent. Tout comme Laurence Tubiana, Jean-Louis Borloo, Corinne Lepage et Nicolas Hulot.

La cérémonie de signature donne le coup d’envoi du processus de ratification qui, dans la plupart des Etats, sera du ressort des Parlements nationaux. L’accord de Paris n’entrera en vigueur que lorsque 55 pays responsables ensemble d’au moins 55 % des émissions de gaz à effet de serre l’auront ratifié. Cela pourrait être le cas en 2017 ou en 2018. Les Etats-Unis, responsables à eux seuls de 18 % des émissions, pourraient ratifier le texte avant la fin de la présidence Obama, sans passer par un Congrès républicain hostile. «Les Etats-Unis se réjouissent de signer et ratifier cet accord dès cette année, et nous appelons tous les pays à en faire autant», a lancé le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, qui représentait Barack Obama en visite au Royaume-Uni.

«Il faut aller vite, très vite», a martelé Hollande à la tribune, appelant à faire que les «déclarations deviennent des actes», un impératif loin d’être évident en France. Devant les représentants des Etats membres, dont une soixantaine de chefs d’Etat et de gouvernement, le président français a aussi appelé l’UE, au leadership climatique bien terni, à montrer l’exemple, en ratifiant le texte d’ici la fin de l’année. Surfant sur plusieurs initiatives lancées en décembre à Paris – une Alliance solaire internationale, un plan pro-énergies renouvelables en Afrique -, Hollande a enfin mis l’accent sur la nécessité de donner un prix au carbone, enjeu capital clairement oublié à Paris… «Ça doit être notre engagement principal pour réorienter les investissements et modifier les choix des entreprises comme des consommateurs», a-t-il assuré. Avant de promettre que cette fiscalité verte soit fixée «d’abord en France, en Europe et ensuite dans le monde entier».