Un rapport d’Amnesty international publié ce mardi pointe les ravages causés par l’intervention de la coalition internationale pour chasser l’Etat islamique de Raqqa, en Syrie.
«Guerre d’anéantissement.» Voilà ce qu’avait promis le secrétaire américain à la Défense, James Mattis, le 19 mai 2017, pour chasser l’Etat islamique (EI) de Raqqa, sa capitale autoproclamée en Syrie. Pour la population civile, les conséquences de cette campagne militaire menée par la coalition dirigée par les Etats-Unis ont été désastreuses. L’opération militaire a laissé une ville détruite, plusieurs centaines de morts et de très nombreux blessés. Le rapport d’Amnesty international révèle les ravages produits par quatre mois d’assaut.
Entre les mois de juin et octobre 2017, les rues de Raqqa, champ de bataille entre les jihadistes de l’EI et les combattants des Forces démocratiques syriennes (FDS), dirigées par les Kurdes, ont aussi été visées par des frappes aériennes et des tirs d’artillerie de la coalition. Les habitants se sont trouvés piégés. Bombardés, les résidents étaient par ailleurs dans l’incapacité de fuir. Beaucoup de ceux qui ont tenté de s’échapper ont été tués par des mines posées par l’EI à la sortie de la ville ou ont été abattus par les tireurs embusqués du groupe jihadiste. Rasha Badran, un des survivants de la bataille, a déclaré à Amnesty international : «Nous pensions que les forces qui venaient chasser Daech savaient ce qu’elles faisaient et s’en prendraient à Daech en épargnant les civils. Nous étions naïfs. Quand nous avons réalisé à quel point la situation était devenue dangereuse partout, il était trop tard ; nous étions piégés.»
Le 12 octobre, les bombardements intensifs de la coalition ont détruit une grande partie du dernier quartier encore sous le contrôle de l’EI. Plus tard dans la journée, les FDS et la coalition ont conclu un cessez-le-feu avec l’EI. Cet accord prévoyait le départ en toute sécurité des membres de l’EI et de leurs familles vers les quartiers à l’est de Raqqa, toujours sous leur contrôle du groupe armé. Pourtant, la coalition a continué à bombarder, alors que l’accord, qui accordait l’impunité aux combattants de l’EI qui évacuaient, était validé.
La violence de l’intervention de la coalition a été confirmée à Amnesty International par le sergent major américain John Wayne Troxell : «En cinq mois, ils ont procédé à 30 000 tirs d’artillerie sur des cibles de l’EI…Ils ont tiré plus d’obus en cinq mois à Raqqa en Syrie que ne l’a fait tout autre bataillon d’artillerie de la marine, ou tout bataillon de la marine ou de l’armée, depuis la guerre au Viêt-Nam.» En septembre 2017, le général de corps d’armée Stephen Townsend, commandant de la coalition, affirmait, lui, que «jamais une campagne aérienne plus précise (n’avait été menée) dans toute l’histoire des conflits armés».
Aujourd’hui, huit mois après la fin des opérations militaires, la plupart des résidents de Raqqa qui ont réussi à fuir n’ont pas pu revenir. Ceux qui y sont parvenus sont rentrés dans une ville détruite, minée et pleine de cadavres piégés dans les décombres.
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