Jour d’élections ce dimanche 18 septembre 2016 en Russie : 110 millions d’électeurs se rendent aux urnes pour désigner les 450 députés de la Douma d’Etat, mais aussi certains gouverneurs et parlements régionaux. Les sondages anticipent une victoire de Russie unie, le parti de la majorité et du président Poutine. Mais le taux de participation devrait être faible. Cette campagne législative n’a pas passionné les Russes.
La campagne pour les législatives n’a pas tellement intéressé la population russe. Il faut rappeler que le scrutin a été précipité par les autorités : il devait avoir lieu en décembre prochain, mais a été avancé de trois mois. Du coup, une grande partie de la campagne s’est déroulée pendant l’été, ce qui n’a pas contribué à mobiliser les électeurs. D’ailleurs, selon le Comité des initiatives civiles, il s’agirait de la campagne « la plus atone depuis dix ans ».
En pleine crise économique, les Russes ont soif de stabilité
L’intérêt s’est un peu réveillé ces derniers jours, mais d’une manière générale, les Russes se sentent peu concernés par la politique : ils estiment que les décisions du pouvoir ne dépendent pas d’eux et que les partis politiques ne défendent pas vraiment leurs intérêts. Il n’y a donc pas de grands changements à attendre de ces élections, et c’est aussi cela qui détourne les Russes de la politique : la victoire de Russie unie semble acquise et ce sont les mêmes formations qui seront reconduites à la Douma.
En Russie, l’opposition parlementaire s’oppose rarement aux décisions du parti de Vladimir Poutine. La formation majoritaire a du plomb de l’aile, car le mécontentement est croissant à cause de la crise économique, mais la grogne épargne le président. Une majorité d’électeurs devrait d’ailleurs apporter son soutien à Russie unie. Pas vraiment par conviction, mais plutôt parce que ce parti continue d’incarner, malgré les difficultés, une forme de stabilité. La principale motivation, c’est la volonté de stabilité.
Le spectre d’un retour de la contestation contre le pouvoir
Lors des précédentes législatives, des manifestations avaient suivi. Le Kremlin garde un très mauvais souvenir de cette contestation de l’hiver 2011-2012. D’où le tour de vis qui a suivi la réélection de Vladimir Poutine. La pression s’est accentuée sur l’opposition, c’est incontestable. Mais cette année, on a pu observer tout de même une certaine forme d’ouverture. Parmi les 14 partis en lice, il y a des mouvements critiques, comme les formations libérales Iabloko et Parna, dont les clips de campagne ont été diffusés à la télévision.
Il y a plus de candidats d’opposition qu’en 2011, même si bien sûr, ces derniers subissent un traitement partial ou hostile des grands médias. Mais il y a une volonté du pouvoir de légitimer ces élections. Une femme respectée du courant libéral, Ella Pamfilova, a été nommée à la tête de la Commission électorale. L’objectif : éviter un mécontentement similaire à celui de 2011, et préparer dans les meilleures conditions la prochaine élection, qui aura un enjeu plus important : la présidentielle de 2018.
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