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Quels étaient les projets du Français arrêté en Ukraine en possession d’un arsenal de guerre ?

Préparait-il un attentat en France ou devait-il livrer des armes pour un réseau de trafiquants ? L’interpellation, le 21 mai, à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne, d’un jeune Français de 25 ans, disposant d’un vaste arsenal de guerre, nourrit toutes les interrogations. Quels étaient vraiment les projets de Grégoire M., originaire de Bar-le-Duc (Meuse) ? Le flou demeure.

Lundi 6 juin, Vassyl Hrytsak, le patron des services de sécurité ukrainiens (SBU), a déclaré que Grégoire M., dont le véhicule fouillé par les gardes-frontières ukrainiens, renfermait un impressionnant équipement (au moins trois lance-roquettes, six Kalachnikovs, un gros stock de munitions, plus de 100 kilogrammes de TNT, des détonateurs, des cagoules) avait l’intention de commettre une série d’attentats en France au moment de l’Euro 2016 de football (du 10 juin au 10 juillet).

« Le Français a critiqué la politique gouvernementale en matière d’immigration, s’en est pris à la propagation de l’islam et à la mondialisation, et a parlé aussi de projets de perpétrer plusieurs attentats terroristes, a-t-indiqué lors d’un point de presse. Le SBU a permis d’éviter une série de quinze actes terroristes avant et pendant l’Euro », a-t-il ajouté. Selon des services de sécurité ukrainiens, il avait l’intention de s’en prendre à des lieux de culte musulmans et juifs ainsi qu’à des bâtiments publics en France.

Du côté français, on ne confirme toutefois pas, à ce stade, les informations ukrainiennes et on se contente de rappeler qu’une enquête de police judiciaire est cours pour en savoir plus.

Plusieurs trajets en Ukraine

Le jeune homme a été interpellé, alors qu’il tentait de passer en voiture d’Ukraine vers la Pologne au poste-frontière de Yagodyn, dans la région de Loutsk, sur la route qui mène à la ville polonaise de Lublin. Un poste-frontière qu’une commission de la Rada, le parlement ukrainien, avait, en janvier 2015, décrit comme le « plus corrompu d’Ukraine », un haut lieu de la contrebande de cigarettes.

Selon les déclarations des services ukrainiens, il était visé par une enquête depuis plusieurs mois. Un « piège » lui aurait été tendu afin de l’arrêter en flagrant délit.

C’est à partir de décembre 2015 que les services ukrainiens se seraient intéressés à un citoyen français qui se présentait comme un volontaire poursoutenir l’armée ou les réfugiés, une activité courante en Ukraine à laquelle participent de nombreux étrangers.

« Il a pris contact avec des formations armées dans l’est du pays, et promis d’apporter de l’aide, mais s’est de plus en plus intéressé à la possibilité d’acheter des armes et des explosifs », a expliqué lundi matin Vassyl Hrytsak.

Un plan aurait alors été conçu par Kiev, qui a fait parvenir à l’homme cinq Kalachnikovs, 5 000 balles, deux lance-grenades avec 18 obus, 125 kg de TNT, 100 détonateurs et 20 cagoules. « Le travail a ensuite duré près de six mois, pendant lesquels nous avons documenté chacun de ses faits et gestes, a relaté M. Hrytsak. Au début, nous pensions qu’il s’agissait d’une organisation terroriste classique. Mais nous sommes tombés sur une organisation en France qui est mécontente du pouvoir et comptait organiser une série d’attentats pendant l’Euro. »

Le SBU aurait commencé à croire à la réalité des intentions de l’individu quand celui-ci a commencé à verser de l’argent, d’abord quelques milliers d’euros, puis plus.

« Un bon jeune, un fou de vaches »

Une perquisition a eu lieu dans la foulée au domicile du jeune homme, un gros corps de ferme situé dans une rue de Nant-le-Petit, un hameau de 80 habitants entre Saint-Dizier et Ligny-en-Barrois, dans la Meuse. Les enquêteurs y ont trouvé des composants d’explosifs, et un détail qui les intrigue : un tee-shirt avec un logo d’un groupuscule d’extrême droite.

Dans cette campagne meusienne, Grégoire M. exerçait le métier d’inséminateur dans une coopérative agricole depuis un an, selon Le Républicain Lorrain qui s’est rendu sur place. Auparavant, il était pareur (pédicure pour les bovins). Grégoire M. était un voisin discret, poli. « Un bon jeune, un fou de vaches », selon un agriculteur chez qui il a travaillé.

Il avait été embauché il y a un an par la coopérative Elitest, basée dans les Vosges, mais était affecté dans le Bas-Rhin. Il était de fait souvent sur les routes et c’est d’ailleurs à bord de son véhicule de fonction qu’il a été arrêté.

D’après les premiers éléments de l’enquête, Grégoire M. n’en était pas à son premier voyage en Ukraine. Un trajet qu’il a effectué à plusieurs reprises avec une ou plusieurs personnes actuellement recherchées. Grégoire M. n’était toutefois pas connu des services de police.

Enquête préliminaire

Toutes les pistes restaient ouvertes, lundi 6 juin, même si tout lien avec des projets d’attentat de réseaux djihadistes était écarté. En l’état des investigations, c’est avant tout sur l’hypothèse d’un important réseau de trafic d’armes que planchaient les enquêteurs français. Le parquet antiterroriste n’a pas été saisi.

Une enquête préliminaire a été ouverte par la juridiction interrégionale spécialisée de Nancy, et les investigations ont été confiées aux policiers du service régional de police judiciaire. L’Office central de lutte contre le crime organisé, à Paris, a également été saisi.

La région est connue de longue date pour permettre l’acheminement d’équipements en tout genre issus des stocks d’Europe de l’Est, ou en provenance de Libye. Une grosse partie des investigations sont ainsi actuellement menées sur place, en Ukraine, par les autorités ukrainiennes. Grégoire M. est d’ailleurs toujours incarcéré là-bas. Il pourrait être extradé. Une demande d’entraide judiciaire a été adressée à l’Ukraine.

Reste à savoir quelle était réellement la destination de l’arsenal qu’il transportait. Le trafic d’armes a des débouchés relativement identifiés, mais nombreux : collectionneurs, réseaux d’extrême droite, grand banditisme, trafic de stupéfiants. Tous sont surveillés de près par les services de police.

La particularité de l’affaire de Grégoire M. tient au flagrant délit qui a pu être réalisé par les autorités ukrainiennes : un cas rare, à l’étranger. Généralement, les trafiquants sont identifiés sur le tard, à leur retour en France, ou dans d’autres pays d’Europe de l’Ouest.

  • Benoît Vitkine
  • Elise Vincent

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