Pour l’ouverture de son procès en appel à Dakar, Hissène Habré, déjà condamné fin mai à la prison à perpétuité pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité, tortures et viols lorsqu’il était au pouvoir au Tchad, entre 1982 et 1990, ne s’est pas déplacé. Ce second et dernier procès s’annonce très technique.
Le fauteuil noir où se terrait Hissène Habré lors du premier procès restera vide. A l’ouverture de l’audience ce matin, plusieurs requêtes de la défense ont été soumises à la cour. Ce procès en appel permettra de juger, comme une cour de cassation, uniquement les questions de droit. Dans ce cadre, les avocats d’Hissène Habré estimaient que la présence de l’ex-chef de l’Etat du Tchad n’était pas nécessaire.
Finalement, le président de la chambre d’appel, le Malien Wafi Ouagadeye a pris ses responsabilités : il n’a pas ouvert le débat sur ce point et annoncé qu’Hissène Habré ne serait pas, comme lors du premier procès, amené de force. « La démocratie, c’est bon, mais parfois, il faut faire la dictature aussi. J’utilise mon imperium, et prends la décision, nonobstant son absence, de poursuivre le procès en appel. Donc nous nous passons de sa présence », a décidé le magistrat.
La ligne de la défense
Dans la foulée, le président Ougadeye a demandé le début des débats. Comme le veut la procédure, ce sont les avocats de la défense qui ont eu la parole en premier. Leur objectif : prouver que le droit n’a pas été respecté.
Ils ont pour cela un argument « choc », comme ils disent : ils affirment que l’un des juges du premier procès, le Sénégalais Amady Diouf, n’avait pas les dix ans d’ancienneté requis pour juger Hissène Habré et que le verdict rendu fin mai, la condamnation à la prison à perpétuité d’Hissène Habré, doit donc être annulée.
« La défense a estimé que le jugement du 30 mai avait été rendu sous une composition irrégulière. Et lorsqu’une composition est irrégulière, d’une manière aussi grave que nous l’avons constatée dans ce dossier, la nullité, voire l’inexistence de la décision était la sanction », a déclaré maître Abdoul Niang.
La défense va donc s’exprimer toute la journée. Ensuite, les avocats des victimes apporteront la contradiction. Puis ce sera le tour du parquet. Ces débats devraient durer au moins toute la semaine. La chambre d’appel doit, quoi qu’il arrive, rendre sa décision – confirmer ou pas la condamnation d’Hissène Habré – avant le 20 avril.
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