Cinq Etat ont voté ce mardi pour ce «mini Super Tuesday» qui a vu les favoris de la course à l’investiture démocrate comme républicaine conforter leur avance. Défait chez lui en Floride, le candidat républicain Marco Rubio jette l’éponge.

Trump creuse l’écart

Depuis le début des primaires, Donald Trump a gagné 20 des 32 scrutins organisés et terminé en deuxième position dans huit autres. Il porte donc plus que jamais le costume de favori au sein du camp républicain. Lors de ce mini «Super Tuesday», il a raflé quatre des cinq états en jeu : Illinois, Caroline du nord, Missouri et surtout Floride, le gros lot de la journée avec ses 99 délégués. Dans le «Sunshine State», Trump a porté l’estocade au sénateur local Marco Rubio, relégué à près de vingt points et contraint à l’abandon.

Seul revers pour le milliardaire de 69 ans : l’Ohio lui échappe au profit du gouverneur de l’Etat, John Kasich. Au sein du parti républicain, les anti-Trump espèrent que cette défaite l’empêchera d’atteindre le seuil de 1237 délégués, nécessaire pour obtenir l’investiture conservatrice. Pour l’heure, il en compte un peu plus de 600. Si aucun des candidats n’atteint ce seuil, l’investiture sera déterminée lors de la convention de Cleveland, en juillet, selon une procédure complexe qui pourrait entraîner une féroce bataille.

Marco Rubio, l’espoir déchu

Jusqu’au bout, le jeune sénateur de Floride a affiché sa confiance, assurant qu’il allait gagner la primaire de son Etat puis devenir le prochain président des Etats-Unis. Au lieu de ça, il a subi l’humiliante défaite que lui prédisaient les sondages : 27% des voix contre 45,8% pour Donald Trump. Sur les 68 comtés de Floride, il n’en a remporté qu’un seul, celui de Miami. Quelques minutes après l’annonce de sa déroute, Marco Rubio s’est exprimé, entouré de sa femme et de ses quatre enfants. «Ce soir, il est clair que même si nous sommes du bon côté, nous ne serons pas du côté des gagnants», a reconnu celui qui portait encore il y a peu les espoirs de l’establishment. «L’Amérique est au milieu d’une vraie tempête politique, d’un véritable tsunami et nous aurions dû le voir venir», a-t-il ajouté.

Marco Rubio, accompagné de sa famille, annonce la fin de sa campagne, mardi soir à Miami.
Marco Rubio, accompagné de sa famille, annonce la fin de sa campagne, mardi soir à Miami. (AFP)

Le fils d’immigrés cubains, qui perdra son siège en novembre prochain, a appelé les électeurs à «ne pas céder à la politique de la peur». Sans le nommer, il a vivement taclé la campagne de Donald Trump, estimant que les Etats-Unis avaient «besoin d’un mouvement conservateur construit sur des principes et des idées, pas sur la peur ou la colère».

John Kasich : l’Ohio et ensuite ?

Comme Marco Rubio en Floride, le gouverneur de l’Ohio devait absolument l’emporter sur ses terres pour rester en vie dans cette campagne. C’est chose faite et c’est la première victoire de John Kasich dans ces primaires. Fort de ce succès, celui qui tente de mener une campagne positive et de rester à l’écart des insultes échangées par ses adversaires, tente de se poser en rassembleur. «Il s’agit de l’Amérique, il s’agit de nous unir, pas de nous déchirer», a-t-il lancé à ses partisans réunis à Cleveland.

John Kasich mardi soir après sa victoire en Ohio.
John Kasich mardi soir après sa victoire en Ohio. (Photo AFP)

Mathématiquement, John Kasich n’a aucune chance d’atteindre la barre des 1237 délégués. Après les scrutins de mardi (et en attendant les résultats de l’Illinois), il en compte à peu près 140. Et un millier sont encore en jeu. Dans un communiqué, le gouverneur de 63 ans estime qu’aucun candidat n’obtiendra la majorité nécessaire. Il fait donc le pari d’une convention divisée et houleuse au cours de laquelle il pourrait s’imposer comme un candidat de compromis. Compte tenu de la colère de l’électorat, la stratégie semble plus que douteuse. Elle est par ailleurs dangereuse : tant qu’il restera dans la course, Donald Trump aura face à lui deux candidats, John Kasich et Ted Cruz. Une dispersion des voix qui, jusqu’à présent, a pleinement profité au milliardaire.

Soirée parfaite pour Hillary Clinton

Côté démocrate, c’est le Grand Chelem pour Hillary Clinton, qui gagne dans les cinq Etats en jeu ce mardi. Une fois de plus, l’ex-secrétaire d’Etat remporte largement le vote des minorités (latinos en Floride, noirs américains en Caroline du nord). Mais son plus beau succès de la soirée est l’Ohio, état industriel où son rival Bernie Sanders espérait répéter sa victoire surprise du Michigan, la semaine dernière. Dans ce «swing state» souvent crucial lors de l’élection de novembre, Hillary Clinton l’emporte finalement avec plus de 56% des voix.

Hillary Clinton, mardi soir en Floride.
Hillary Clinton, mardi soir en Floride. (AFP)

La voix fatiguée par l’intensité de la campagne, l’ex-secrétaire d’Etat a à peine mentionné Bernie Sanders dans son discours, pleinement tournée vers un duel final avec Donald Trump. «Quand nous entendons un candidat à la présidence qui appelle à expulser 12 millions d’immigrants, à interdire l’entrée des Etats-Unis à tous les musulmans, qui endosse la torture, cela ne le rend pas plus fort, cela montre qu’il a tort», a-t-elle lancé à ses supporteurs.

Bernie Sanders, la claque

L’élan dont semblait bénéficier le sénateur socialiste après sa victoire dans le Michigan s’est clairement brisé. Alors qu’il espérait obtenir deux ou trois victoires dans les Etats du Midwest, Bernie Sanders repart les mains vides. Lourdement battu en Floride, dans l’Ohio et en Caroline du nord, il empoche beaucoup moins de délégués qu’Hillary Clinton.

Pour le moment, pas question pour lui d’abandonner. Grâce aux petits donateurs qui continuent de le soutenir massivement, Bernie Sanders dispose des moyens financiers pour rester en lice. Il gagnera sans doute plusieurs Etats au cours des prochaines semaines. Et son discours à forte fibre sociale va continuer à influencer la campagne Clinton, comme ce fût le cas ces dernières semaines. Mathématiquement toutefois, le sénateur du Vermont n’a quasiment aucune chance de remporter l’investiture démocrate.