Les Finlandais devraient réélire dimanche Sauli Niinistö, leur charismatique président, plébiscité pour son habileté à faire naviguer le pays entre l’Occident et son puissant voisin russe dans un contexte géopolitique tendu.
Les bureaux ont ouvert à 09H00 (07H00 GMT) et fermeront à 20H00 mais le président sortant, qui se présente en tant qu’indépendant, a déjà voté en avance, tout comme plus de 36% des 3,5 millions d’électeurs.
Depuis son élection en 2012, il a habilement rapproché la Finlande, ancien territoire de la Russie impériale (1809-1917), de l’OTAN sans contrarier son voisin russe, à couteaux tirés avec l’Union européenne et ses alliés depuis l’annexion par Moscou de la Crimée en 2014.
Les Finlandais, qui partagent avec les Russes une frontière de 1.340 kilomètres – la plus longue de l’Union européenne avec ce puissant voisin -, « aspirent à la stabilité, ils ne veulent pas de changement pour l’instant », explique Juhana Aunesluoma, directeur de recherche au Réseau d’études européennes rattaché à l’université d’Helsinki.
Archipopulaire, Niinistö pourrait l’emporter dès le premier tour. Les derniers sondages lui attribuent entre 51 et 63%, loin devant Pekka Haavisto (Verts) crédité de 13 ou 14 % des intentions de vote.
Si aucun des candidats ne rassemble 50% des suffrages, un deuxième tour sera organisé le 11 février.
– ‘Gérer Poutine’ –
Le président, chef de l’État et des armées, partage la conduite des Affaires internationales et de défense avec le gouvernement, à l’exception des Affaires européennes qui en principe lui échappent.
Sa mission première a été de mettre la Finlande sous la protection du bouclier nucléaire américain, sans heurter Vladimir Poutine.
La Russie a multiplié les avertissements pour dissuader le pays de ne pas renoncer à son non-alignement militaire.
Sauli Niinistö cultive avec le président russe une relation courtoise, entre match de hockey et soirée à l’opéra.
« Sa stratégie, sa tactique se sont révélées gagnantes, surtout sur la façon de gérer Poutine (…). Les gens ont le sentiment qu’il a la capacité et les outils pour affronter ces défis », avance Juhana Aunesluoma.
« Un des principaux objectifs de la politique étrangère et de sécurité de la Finlande est d’éviter d’être entraînée dans un conflit armé », justifiait M. Niinistö mi-janvier à l’occasion du centenaire de la création des forces armées nationales.
Pas question donc de rejoindre l’Alliance atlantique comme l’ont fait les pays baltes: Moscou y verrait un casus belli.
Pour Teivo Teivainen, professeur de politique internationale à l’Université d’Helsinki, l' »ambiguïté » de Niinistö sur l’adhésion à l’OTAN est « une stratégie réussie » lors de cette campagne car elle lui a permis de satisfaire aussi bien les électeurs favorables à l’adhésion que ceux qui y sont opposés.
Habitué des hautes sphères du pouvoir depuis le milieu des années 90, Sauli Niinistö est né en 1948 dans une famille ouvrière du sud-ouest du pays.
Membre du parti conservateur Coalition nationale, il est ministre de la Justice en 1995-96, il prend ensuite le portefeuille des Finances (1996-2003) et aide son pays à sortir de la récession à la fin des années 1990 avant de le faire entrer dans la zone euro.
En 1995, ce père de deux enfants a perdu sa première épouse dans un accident de la route. En 2004, il a lui-même failli mourir dans un tsunami en Thaïlande.
En 2009, il a épousé en secondes noces l’attachée de presse de son parti, Jenni Haukio, de 29 ans sa cadette, qui a permis à cet homme un peu sec de se forger une image plus humaine auprès des Finlandais.
Le couple a annoncé en octobre qu’il attendait un enfant pour février. Selon certains analystes, la nouvelle a encore accru la cote d’amour de M. Niinistö auprès de ses concitoyens.
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