Eclairage introductif de Ngouo Woungly-Massaga, Commandant Kissamba, Vétéran de l’UPC et de l’ALNK.
L’association Citoyens pour le Mémoire du Cameroun (CPMC) organise une opération « Cent Jeunes autour de la tombe de Ruben Um Nyobe le 13 Septembre 2015 et m’a demandé à cette occasion d’apporter un double éclairage. D’abord sur ce qui a motivé de nombreux jeunes camerounais à s’engager passionnément et radicalement dans la lutte pour la Réunification et l’Indépendance du pays, et ensuite sur ce qui devrait, à notre avis, motiver les jeunes d’aujourd’hui à s’engager passionnément et radicalement – au sens qu’accorde à ce mot le philosophe camerounais Martial Towa dans son « Essai sur la problématique philosophique dans l’Afrique actuelle » (Clé) – dans l’option panafricaniste révolutionnaire pour les Etats Unis d’Afrique.
Ce double témoignage est un devoir pour le doyen que je suis, d’abord en tant que tout dernier survivant des leaders de la lutte de notre peuple dans son épopée de libération nationale, engagé dans l’UPC à dix neuf ans, ensuite comme une des voix les plus autorisées, en termes de bilan contributif théorique et pratique sur tous les terrains, pour orienter et stimuler l’action des patriotes dans le contexte de lutte complexe et lourd d’incertitudes et de dangers, contexte d’une dictature néocoloniale haletante, en fin de course.
En vérité, quel était donc le dilemme pour les jeunes et surtout pour les jeunes intellectuels à l’époque coloniale ? Tel que nous le connûmes, Doctorant en mathématiques pures à la Sorbonne, sollicité par les officines préparant l’aménagement néocolonial du pays, marié à une Auvergnate et père d’un enfant attendant un second, mais disciple farouche de Ruben Um Nyobe, c’était de « se réaliser » personnellement dans le moule du régime colonial, certes en évolution, mais de manière Ô combien superficielle et factice, ou de rechercher la « réalisation du pays », hors de ce système colonial d’avance condamné par l’Histoire…
Ruben UM NYOBE reste éminemment actuel pour nos jeunes parce qu’il fut le premier à illustrer le refus des patriotes à « se réaliser » personnellement au détriment de la réalisation véritable du pays. Il aurait pu devenir « Premier Ministre » et même Président de la mouvance néocoloniale ; mais, parfaitement conscient des leurres et des tromperies du colon, il préféra persévérer dans la lutte pour l’indépendance véritable du pays.
Um Nyobe reste actuel parce que le néocolonialisme est triomphant, et il nous faut sortir sans délais de la dépendance économique et monétaire pour créer le cadre de notre développement optimal que doivent constituer les Etats Unis d’Afrique.
La jeunesse actuelle reste confrontée au choix de croire à l’illusion de « se réaliser » selon les nombreuses et fallacieuses promesses qui lui sont faites et jamais tenues depuis plus de trente ans, chaque année, à l’occasion des « fêtes de la jeunesse » du 11 Février…, ou d’oser lutter pour sortir du cadre néocolonial pour les Etats-Unis d’Afrique, cadre nouveau où elle pourra collectivement et individuellement se réaliser de manière optimale. Que faire ?
Il est normal que les jeunes d’aujourd’hui, dans la situation confuse de démagogie dictatoriale résultant de la non-réalisation pleine des objectifs de la lutte anticolonialiste, demandent ou se demandent quel est le nouveau cap de la lutte de notre peuple, en d’autres termes, quelle est la réponse explicite à la situation néocoloniale ?
La seule réponse valable à la situation néocoloniale africaine, c’est la création des Etats Unis d’Afrique dotés d’une monnaie africaine commune et d’une armée commune intégrée.
Cette réponse est abordée aujourd’hui d’un double point de vue : le point de vue du « Panafricanisme de pétition » qui attend tout des Chefs d’Etat à qui l’on distribue le qualificatif de panafricanistes en les couvrant de louanges de griots, et le point de vue du « panafricanisme révolutionnaire » qui privilégie l’action des masses populaires pour revendiquer la monnaie africaine unique, exiger l’intégration de nos forces armées, tout en restant ouvert à l’appui aux chefs d’Etat qui font des avancées en faveur de la sortie du Franc CFA et sont disposés à adopter des 0des mesures d’intégration des forces armées nos pays.
Mais une chose est de fixer les objectifs de la lutte, autre chose est d’élaborer une démarche efficace pour les atteindre. Quelle pourrait être cette démarche, notre stratégie ?
Nous devons clairement poser d’emblée que la lutte pour les Etats Unis d’Afrique doit être l’œuvre d’un Front solide de toutes les forces du changement. Le Front des Patriotes et Panafricanistes ( FPP) est le seul qui porte actuellement la démarche conséquente du rassemblement.
Il y a eu au cours de cette période d’incontestables trahisons : un bon nombre de forces de « l’Union pour le Changement » de 1991 ne se retrouvent –elles pas aujourd’hui en profonde collusion avec le régime et l’enrichissement de leurs chefs est incontestable. Logiquement et historiquement, toute trahison a un salaire ; Il faut donc reconnaître aussi qu’il y a également eu des procès en trahison ne reposant que sur des calomnies sans preuves portées sur Internet par des individus de piètre moralité manipulés par des politiciens mesquins qui ont passé le plus clair de leur temps à tout faire pour discréditer leurs camarades pour se positionner, à lutter contre ces derniers plutôt que contre le régime en oubliant que l’Histoire révélera un jour leur bilan de lutte médiocre voire catastrophique.
Heureusement qu’au cours de ces vingt cinq années il s’est également démontré que seule la pratique révolutionnaire illustrant des convictions sincères et un bagage théorique conséquent justifient le militant qui n’a que faire des calomnies mensongères qui se retournent toujours contre les calomniateurs mesquins.
Voil0 pourquoi dans l’effort actuel de rassemblement des forces du changement dans notre pays et dans nos propositions à l’échelle du Continent, nous devons certes rester vigilants sur le passé des uns et des autres, n’adhérer à aucun procès en trahison ou aux insinuations plus ou moins prouvées des uns contre le autres, mais ne tenir compte en priorité que de l’engagement de tous dans une stratégie de rupture de tout lien avec le régime néocolonial et ses tentatives de mystification du peuple pour survivre.
C’est pourquoi nous sommes en train de produire une brochure intitulée :
Cette brochure est destinée à servir à nos cadres de base ; comme support à une large campagne de sensibilisation du Peuple dans les 14 pays africains de la zone franc, pour une forte mobilisation contre le Franc CFA.
Dans chacun de nos pays de la zone franc ci-dessus, il faut que se mette en place un Comité d’Action pour la Monnaie Africaine (CAMA). Ces Comités nationaux seraient coiffés par un Comité Panafricain de la Monnaie Africaine (COPAMA).
Par ailleurs, le mot d’ordre de la sortie du Franc CFA devant s’accompagner de celui de l’intégration de nos forces armées, c’est un Front politique des Forces du Changement qu’il faut organiser et structurer au moins au niveau des quatre pays d’Afrique Centrale proposés, à la faveur des impératifs de sécurité durables et des facteurs objectifs favorables à l’intégration.
C’est la proposition qui est faite dans notre « Avant-projet de statuts du Front des Patriotes et Panafricanistes » (qu’on trouvera sur Internet, sur le site de Camer.be).
Peut-être à court de critique de fond consistante, d’aucuns voudraient ergoter sur le sens juridique de la « création concomitante » du front dans quatre pays d’Afrique Centrale, critique de détail, à prétention intellectuelle. Or, à notre sens, dès que la proposition est portée sur un média immédiatement accessible à tous les patriotes et panafricanistes du Continent, et c’est le cas d’Internet, ces derniers peuvent engager des initiatives de terrain avec les instruments théoriques et les éclairages politiques et idéologiques tenus à leur disposition.
a) Une forte campagne d’éducation et de sensibilisation ciblant en priorité, le Franc CFA.
b) Construction d’un Front Uni des Patriotes et Panafricanistes fondé sur une méthodologie anti-sectaire pour une large unification des forces du changement, en dénonçant sans complaisances les « Fronts » de la division, parce que la multiplication des « Fronts », n’est que négation du Front.
c) L’ouverture d’une brèche dans la chaine du Franc CFA ;
d) Enfin, l’élargissement de cette brèche pour la mise en pace du Noyau des Etats Unis d’Afrique.
Dans cet ensemble, les jeunes ont un rôle fondamental à jouer. Ils n’ont certes pas l’avantage de disposer d’importants moyens matériels. Mais ils ont par contre l’atout d’un dynamisme auquel ils peuvent et doivent, avec volontarisme, associer des compétences à acquérir par l’ardeur au travail et à l’étude, et par le rodage aux côtés d’authentiques vétérans. A ces conditions, ils seront inévitablement portés aux avant-postes de la lutte. Aucun mouvement, aucune société ne met en avant des jeunes uniquement parce qu’ils sont jeunes, mais parce qu’ils sont dynamiques, travailleurs, compétents, porteurs de ses valeurs et garants de son avenir.
Yaoundé le 6 Juillet 2015
Ngouo Woungly-Massaga, Commandant Kissamba,
Vétéran de l’UPC et de l’ALNK
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