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Obama à Hiroshima : une visite qui ravive les plaies de la Seconde Guerre mondiale

En marge d’une réunion du G7 qui se tient au Japon, Barack Obama se rend à Hiroshima vendredi. Plus de 70 ans après le dramatique bombardement qui a mis fin à la Seconde Guerre mondiale, ce déplacement n’est pas du goût de tous.

C’est une visite historique. Barack Obama sera vendredi 27 mai le premier président américain en exercice à fouler officiellement le sol d’Hiroshima, ville japonaise sur laquelle l’armée américaine avait largué une bombe atomique le 6 août 1945.

Ce déplacement, qui aura lieu en marge d’une réunion du G7, s’inscrit dans le cadre du redéploiement de la diplomatie américaine vers l’Asie. Mais elle suscite la controverse aux États-Unis, notamment parmi les vétérans de la Seconde Guerre mondiale, qui se sont battus contre l’armée japonaise et ne souhaitent pas que ce déplacement soit perçu comme des excuses américaines. Mais aussi en Corée du Sud, où les victimes locales de la bombe s’estiment oubliées.

Vraisemblablement, il n’y aura pas d’excuses. Barack Obama a déclaré lundi à la chaîne publique japonaise NHK qu’il n’en présenterait pas au cours de son déplacement. « Je pense qu’il est important de reconnaître qu’en pleine guerre, les dirigeants doivent prendre toutes sortes de décisions », a-t-il plaidé. « C’est le rôle des historiens de poser des questions et de les examiner mais je sais, ayant moi-même été à ce poste depuis sept ans et demi, que tout dirigeant prend des décisions très difficiles, en particulier en temps de guerre », a-t-il ajouté.

Le Premier ministre japonais Shinzo Abe avait indiqué le lendemain que des excuses n’étaient pas nécessaires, mais qu’il aimerait que l’occasion soit saisie pour les États-Unis et le Japon « de pleurer ensemble toutes les victimes (des attaques atomiques) ».

Le 6 août 1945, les forces américaines ont largué une bombe atomique sur Hiroshima. Trois jours après, c’était au tour de Nagasaki. Au toital, plus de 200 000 personnes ont péri lors de ces bombardements. Le Japon a rendu les armes le 15 août 1945, mois d’une semaine après. La capitulation officielle a eu lieu le 2 septembre 1945, mettant fin à la Seconde Guerre mondiale.

« Il n’y a pas à s’excuser »

Pour certains aux États-Unis, le déplacement d’un président américain sur le site du drame a pourtant tout d’une présentation d’excuses, officielles ou non. Et du côté des vétérans de la Seconde Guerre mondiale, cela ne passe pas. « Je n’ai aucun problème avec la visite (d’Obama), mais il n’y a pas à s’excuser », a ainsi déclaré auprès de AP Lester Tenney, un Américain de 95 ans qui a survécu à la marche de la mort de Bataan en 1942.

La plupart des Américains considèrent le bombardement de Hiroshima et Nagasaki, décidé par le président Harry Truman, comme un mal nécesaire pour mettre fin au conflit et, in fine, sauver des vies. « Ils voient ces bombardements comme une réponse aux ambitions guerrières du Japon, qui souhaitait conquérir une partie de l’Asie et a lancé l’attaque de Pearl Harbor, le 7 décembre 1941, qui a décidé les États-Unis à entrer en guerre », estime ainsi un éditorialiste du Chicago Tribune.

Des mécontentements se sont également exprimés de l’autre côté de l’océan Pacifique. Un groupe représentant les victimes coréennes des bombardements nucléaires américains au Japon a ainsi manifesté jeudi, en affirmant que leurs souffrances étaient oubliées. L’Association des victimes coréennes de la bombe atomique estime entre 40 000 et 70 000 le nombre de Coréens morts dans les bombardements de Hiroshima et Nagasaki en août 1945.

Des Coréens enrôlés de force

La péninsule coréenne était alors, depuis son annexion en 1910, une province japonaise. Et la plupart des victimes coréennes des bombardements nucléaires avaient soit été enrôlées de force dans l’armée impériale, soit envoyées aux travaux forcés. L’association considère donc que les Coréens furent des victimes multiples, et demande des excuses non seulement aux États-Unis, mais aussi au Japon.

« Nous espérons que votre visite ne sera pas utilisée par le gouvernement de Shinzo Abe pour présenter le Japon comme une victime », a indiqué l’association dans une lettre ouverte à Barack Obama.

Un représentant de la Croix-Rouge basé dans le district de Hapcheon, en Corée du Sud, a résumé le sentiment local auprès du New York Times : « Je doute qu’aucun des voisins du Japon n’accueille de manière positive la visite d’Obama. Si le Japon se plaît à marteler que les victimes des bombes atomiques étaient des civils, qu’en est-il de tous ces civils que le pays a tué à Nankin (Chine), en Corée et ailleurs ? »

La guerre dans le Pacifique a tué des millions de personnes, le Japon impérialiste ayant de son côté perpétré des attaques chimiques, et pratiqué la torture, le travail forcé et l’esclavage sexuel dans la région.

« De l’invasion de la Chine en 1937 jusqu’à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, le régime militaire japonais a tué entre 3 et 10 millions de personnes – le chiffre le plus probable étant 6 millions de personnes – : des Chinois, des Indonésiens, des Coréens, des Philippins et des Indochinois, des prisonniers de guerre occidentaux », avance R.J Rummel, professeur de sciences politiques à l’Université de Hawaï.

L’armée nipponne a également mené des expérimentations sur les civils et les prisonniers de guerre en Chine. Selon les historiens Yoshiaki Yoshimi et Kentaro Awaya, l’armée impériale a utilisé des armes chimiques à grande échelle à partir de 1938.

« Risques très réels » des armes nucléaires

Près de 210 000 personnes sont mortes à cause des bombardements de Hiroshima et Nagasaki, soit au cours de l’attaque, soit plus tard, à cause des radiations, des brûlures ou de la famine qui a suivi. La plupart des victimes étaient des civils, même si Hiroshima était un centre militaire important. Nagasaki, alors l’un des plus importants ports du sud Japon, producteur d’équipement militaire et naval, constituait une cible stratégique.

Obama ne s’excusera pas pour l’utilisation de l’arme nucléaire en 1945, mais il profitera de sa visite pour mettre en exergue les « risques très réels » des armes nucléaires.

« Je veux une fois encore souligner les risques très réels qui existent et le sens de l’urgence que nous devrions tous avoir », a-t-il déclaré au Japon, où il est arrivé le jeudi 26 mai. « Le largage de cette bombe atomique fut un tournant de l’histoire moderne », a-t-il déclaré lors d’un point presse. « C’est quelque chose que nous devons tous gérer d’une manière ou d’une autre ».

Si les armements nucléaires « n’occupent pas autant une place de premier plan dans les esprits que durant la Guerre froide », pour Obama, l’éventualité d’un « événement nucléaire reste dans nos arrières-pensées ».

Avec AFP

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