L’accord UE-Turquie sur les migrants est remis en cause après les déclarations du président turc Erdogan vendredi 6 mai. En cause, les 72 critères que le pays doit remplir d’ici fin juin pour obtenir l’exemption de visas pour ses citoyens désirant voyager dans l’UE. Receyp Tayyip Erdogan s’oppose à l’un des critères exigés, la réforme de la loi sur le terrorisme.
C’était une condition sine qua non pour le président Erdogan : la suppression des visas pour les citoyens turcs contre l’accord sur les migrants. Des eurodéputés avaient dénoncé une politique de marchandage.
L’ accord UE-Turquie (lire le texte de l’accord) remonte au 18 mars dernier. Il a été conclu pour freiner la migration vers l’Union européenne. Le texte prévoit le renvoi des migrants irréguliers arrivés en Grèce vers Ankara. La Turquie doit aussi, selon le contrat conclu, empêcher la création de nouvelles routes migratoires depuis son sol jusqu’aux pays de l’Union.
En échange, le pays a donc obtenu la fin des visas pour ses citoyens ainsi que le versement de trois milliards d’euros s’il remplit 72 critères obligatoires. Il est aussi question dans cet accord de la relance du processus d’adhésion de la Turquie à l’UE. Le président turc avait déjà prévenu l’Europe que si la suppression des visas n’était pas acquise, l’accord sur les migrants deviendrait caduc.
Achoppement sur la loi antiterroriste
L’UE exige la redifinition de la loi antiterroriste, jugée trop large, en conformité avec les normes démocratiques européennes. « L’UE nous demande de modifier la loi antiterroriste. Mais alors dans ce cas nous dirons : « Nous irons de notre côté et vous du vôtre » », a tonné l’homme fort de la Turquie lors d’un discours public à Istanbul, « allez vous accorder avec qui vous pouvez ».
Si Ankara affirme avoir rempli la plupart des 72 critères, un assouplissement de la loi antiterroriste est un sujet délicat en Turquie, embourbée dans le conflit kurde dans le sud-est et secouée par une série d’attentats attribués au groupe Etat islamique.
« Nous ne pouvons pas nous permettre de faire ces changements pendant que la lutte intensive contre le terrorisme est en cours », a déclaré le ministre des Affaires européennes Volkan Bozkir, cité par le quotidien Sabah.
Après ces propos, « il y a désormais un très grand risque pour que cet accord s’effondre », selon le groupe de réflexion European Policy Center.
Laxmi Lota
Comments
0 comments