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Guerre au Moyen-Orient ou comment les USA ont plombé la paix dans le monde

Guerre au Moyen-Orient 15 avril 2015: éclairage de Denis PLOMBARD

Le Moyen-Orient est en feu depuis vingt-cinq ans et plus. La responsabilité américaine dans cet incendie n’est plus à démontrer. Après avoir cru opérer une tumeur puis deux, puis trois, il faut traiter un cancer généralisé. Lorsque la violence a été entreprise, elle visait à briser des gouvernements, à contraindre des États. Al Qaeda même était une ONG dont l’histoire fut pendant plusieurs décades, liée à celle d’un État, l’Afghanistan. Al Qaeda fut financée (son nom était alors inconnu) par les États-Unis contre l’Union soviétique. Elle entrainait les « moudjahidin » recrutés principalement au Pakistan et en Afghanistan pour chasser les Soviétiques de ce pays. Elle rompit les amarres et se retourna contre son premier patron lorsque l’Arabie saoudite , contre l’Irak de Saddam Hussein, préféra l’intervention d’une coalition de mécréants plutôt que celle des bons croyants proposés par Ben Laden. L’ONG qui apparaissait acteur politique devint ostensiblement un acteur religieux. Elle concentra ses efforts sur le soutien des talibans dont les négociations avec UNOCAL venaient d’être rompues. Les États-Unis crurent alors qu’une pression militaire suffirait à ramener les talibans à la table de négociation et Al Qaeda dans les sables saoudiens. La très stupide destruction d’anciennes statues bouddhistes favorisa le montage d’une coalition plus ou moins bénie par l’ONU. Faux calcul. L’erreur devint évidente dix ans plus tard offrant un second échec aux États-Unis après celui du Vietnam, contemporain d’un troisième en Irak.

Le plus grave était à venir : le mouvement religieux s’autonomisa dans son hostilité contre un « Occident » aussi évident dans les imaginaires que flou dans sa réalité. Apparaît alors Daesh, nouvelle ONG qui prétend créer un nouvel État sur les ruines de l’Irak et de la Syrie. Cette enseigne, cette image, est reprise par une autre ONG religieuse, Boko Haram au Nigeria, à plusieurs milliers de kilomètres du site où opère Daesh.

Un premier problème réside dans la nature de Daesh, son organisation, son infrastructure, ses ressources humaines. Cette analyse permettra d’apprécier la pertinence des moyens de coercition mis en œuvre contre elle.
Tout d’abord, Daesh n’est pas un État. Ses dirigeants ne reconnaissent aucun des traités relatifs notamment au sort des prisonniers de guerre, interdisant la prise d’otages dans la population civile, condamnant la vente d’êtres humains, etc. Ces dirigeants n’exerçant aucune responsabilité « politique » au sens usuel, se croient tout permis, de préférence le pire.

Il convient de s’informer sur ses ressources. Au plan humain, elles semblent illimités : Daesh a repris sans le savoir peut-être le concept de « Brigades internationales » né en 1936 en Espagne. De façon modérée, il avait été appliqué en Afghanistan ; il l’est maintenant de façon massive. Les troupes ne proviennent plus seulement du Moyen-Orient voire d’Algérie, mais de partout, Malaisie, Union européenne (3000 personnes dont 1500 Français, dont, ce qui semble un comble, des femmes), Australie, États-Unis, etc. La probabilité de tarir ce flux est donc des plus minces. Ces combattants immigrés doivent-ils être considérés comme des traîtres dans leur pays d’origine ?
Les bombardements stratégiques n’ont d’efficacité que s’ils détruisent des usines d’armements, des équipements fournissant l’énergie nécessaire à ces usines, des voies de communication, nœuds routiers, aéroports et aéronefs, s’ils minent des ports gelant les approvisionnements par mer, etc. Or Daesh ne dispose de rien de tout ça. Elle achète équipements, armements, munitions ; elle vole les ressources qui lui sont nécessaires ou les tire du commerce d’êtres humains, de celui des stupéfiants, etc. Al Qaeda tirait des ressources financières des rançons exigées pour ses otages ; Daesh égorge ses otages tels des moutons du sacrifice expiatoire. Elle est bien assez alimentée par ailleurs. Rien n’exclut que comme en bénéficia Al Qaeda, Daesh soit financée en sous-main par des États sous un prétexte religieux : Daesh serait sunnite de tendance wahhabite, alors que certains de ses adversaires (le Hezbollah libanais, l’Iran) seraient chiites. C’est là qu’on retrouve « le Moyen-Orient compliqué » dont parlait De Gaulle. Sécher les ressources de Daesh ne peut donc résulter de bombardements.

Daesh se mêle à la population, lui impose d’abriter ses troupes, ses stocks. Devenant un ectoplasme, Daesh perd toute sensibilité aux frappes aériennes. Au contraire, celles-ci deviennent néfastes : atteignant des populations, elles peuvent les pousser à se solidariser avec Daesh dont les tirs anti-aériens les protègent.

Une autre cible de nature tactique, est composée par les convois militaires, les concentrations de troupes. Daesh l’a très vite compris et ne fait plus circuler ses éléments en convois, moins encore en véhicules militaires. Les combats devant Kobané contre les Kurdes lui ont imposé de concentrer des troupes, ce qui a attiré les bombes. Daesh a dû reculer. Ce cas ne doit pas être érigé en règle générale.
Autant les frappes stratégiques sont impensables contre Daesh, autant cette dernière a entrepris de telles frappes d’une autre nature contre des « Occidentaux » : les cyber-frappes. Celles-ci donnent à Daesh une grande publicité en même temps qu’elles sèment le désordre chez ses ennemis. Ils ont frappé TV5 ce qui est relativement secondaire. Ils peuvent peut-être entrer dans les ordinateurs de la Défense nationale française (une adjudante de Gendarmerie a favorisé cette intrusion au profit de son amant lié à Amedy Coulibaly, assassin d’une policière à Montrouge et auteur du massacre dans l’Hyper Casher de la porte de Vincennes à Paris) et même au Pentagone.

La conversion, la soumission à un ensemble rigide de rites qu’impose Daesh, ne sont rien en comparaison avec la mort, la vente à un bordel. Dans ce sens, on peut facilement imaginer que les actuels « Palestiniens » sont les lointains descendants des Juifs restés en Palestine au VIIIe siècle, qui se sont convertis devant les hordes islamiques plutôt qu’affronter la mort ou la prostitution.
Plus grave : un pieu Musulman invite ses coreligionnaires à renoncer à organiser des actions d’envergure difficiles à monter pour assassiner tout mécréant, tout kafir. L’exemple de Merah fait des émules. Du même coup, il n’y a plus rien qui ressemble à un front, à une armée ennemie.

Reprendre les affaires en main impose aux « Occidentaux » de revoir leur relation avec « l’autre ». Ils doivent prendre conscience de ce qu’ils affrontent des gens pour lesquels la personne humaine n’a pas la moindre valeur ; le groupe n’en a pas plus s’il n’est pas de leur bord de la façon la plus étroite.

Certes il est à craindre que, copiant les pratiques de l’ennemi, on découvre un matin être devenu pire que lui. Cette hypothèse ne peut être négligée, mais la certitude de la défaite est plus immédiate. Daesh annonce sa volonté d’imposer un « califat » couvrant le Moyen-Orient et l’Afrique sub-saharienne jusqu’à la rive nord du golfe du Bénin. Boko Haram s’intégrera dans cet ensemble ; œuvreront à sa réalisation les Islamistes qui ont été « repoussés » du Mali par les forces françaises conformément aux ordres du monarque parisien, qui sont « dormant » au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, etc.

Aucune coercition ne fera plier Daesh ; sa destruction de ne peut être évitée. La bombarder en Irak et en Syrie est peu payant, sauf circonstance particulière. Il faut revoir temporairement les bases du droit. Face à des gens sans foi (certains Musulmans « modérés » affirment que Daesh ne sert pas le Coran mais l’instrumentalise à des fins politiques) ni loi, doit se dresser un droit préventif et curatif. Il sera préventif dans la mesure où les traitements annoncés seront particulièrement dissuasifs.

L’incarcération ne l’est pas : on en sort et elle est une occasion de recrutement (tels ceux opérés par Daniel Beghal) de laissés pour compte, de durs à cuire bien utiles pour des actions ultérieures. La peine de mort doit donc être rétablie pour les auteurs, les organisateurs d’attentats, les fournisseurs d’armes et autres moyens, les propagandistes qui poussent à ces crimes.

De tels comportements sont inacceptables et doivent être violemment réprimés. Ils constituent ce qu’en d’autres temps on appela la « cinquième colonne », une troupe qui soutient et prépare clandestinement les actions de l’ennemi, observe et agit à son profit.

Nous, Français, avons connu lors de la guerre d’Algérie, le danger de propagandistes affirmant les droits de l’ennemi et participant à ses actions au minimum en tant que « porteurs de valises ». Jamais ils ne furent poursuivis. Pour eux, les massacres commis au moyen de bombes posées sur les gradins d’un stade, dans un café n’étaient rien au regard des nécessités de la victoire pour celui qu’ils admiraient, le FLN. Les gouvernements n’avaient pas eu le courage politique de les interdire au prétexte de la « liberté de parole ». Cette liberté ne peut inclure celle de l’apologie de l’ennemi et de ses crimes.

Il est urgent que les gouvernements des pays dont les jeunes partent s’enrôler sous la bannière de Daesh, poussés par des imams félons, condamnent pénalement cette attitude à la peine définitive : Daesh et ses admirateurs pratiquent et prêchent le meurtre ; ils rêvent du martyr. Rêvent-ils aussi de finir coupés en deux parties inégales dans la cour d’une prison, au petit matin, alors que seul pourra être publié le communiqué rédigé par le Parquet, alors que tout autre commentaire, à plus forte raison toute apologie sont interdits sauf à encourir une sanction pénale qui doit être aussi définitive.

L’Union européenne et la France ont inventé une très rigide législation contre le blanchiment de l’argent du terrorisme et de la grande criminalité. Manifestement, cette législation est inefficace, donc inutile. À moins que le masque du terrorisme n’ait d’autre but que de cacher les véritables cibles de cette législation : les artisans qui pratiquent « du black », les petits commerçants qui fraudent quelque peu sur leurs recettes, les cadres qui placent leur argent à l’abri de la rapacité du fisc du pays le plus imposé d’Europe.

Sur le terrain, il est urgent de tirer profit de l’adage « les ennemis de mes ennemis sont mes amis ». Après s’être réconcilié avec Bachar el-Assad, il est nécessaire de le faire avec la Russie dont la présence en Syrie et l’hostilité contre les Islamistes de toute obédience sont connues. Ces derniers avaient menacés d’actions contre les Jeux olympiques de Sotchi. Rien n’eut lieu.

Certes, la Russie soutient les insurgés de Donetz : ils parlaient russe, ce qui leur a été interdit ; ils ont demandé une relative autonomie, voire la fédéralisation de l’Ukraine, ce qui poussa Kiev à lancer offensive et nettoyage ethnique. Une société dont le président est R. Hunter Biden, fils de Joe Biden, vice-président des États-Unis veut exploiter le pétrole de schiste dans le Dombass. Un accord devrait pouvoir être trouvé avec Moscou sans recours aux armes.

Seule une alliance de grande ampleur envoyant ses divisions au sol face à Daesh est susceptible de la vaincre. Aucun acteur disposant de moyens militaires puissants et notamment d’une forte armée de terre, ne doit en être écarté.

Denis PLOMBARD

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