Après chaque fusillade de masse, comme celle de dimanche à Las Vegas, qui a fait au moins 59 morts, les États-Unis s’interrogent sur la capacité de la société à endurer ce phénomène typiquement américain.
Au fil de la journée, lundi 2 octobre, la fusillade de Las Vegas survenue la veille est devenue, de loin, l’attaque la plus meurtrière de l’histoire récente aux États-Unis. Mais, si l’on en croit la tendance analysée par le Washington Post, ce triste record sera probablement battu dans un avenir plus ou moins proche. La précédente attaque « record » remonte à seulement seize mois, lorsque l’attentat dans une boîte de nuit d’Orlando avait fait 49 victimes. Cette évolution participe de l’exceptionnalisme américain en matière d’armes à feu. Dans un article parfaitement documenté, Vox montre que les États-Unis enregistrent un nombre de morts par armes seize fois supérieures à celui de l’Allemagne ou qu’une fusillade de masse (plus de quatre victimes, tuées ou blessées, au même endroit) se produit en moyenne plus d’une fois par jour à travers le pays.
Au-delà de ces chiffres, la tuerie de dimanche a reproduit le même type de débats que lors des « mass shootings » précédents. Comme le souligne l’agence Reuters, « le rituel » observé en ces circonstances a bien eu lieu : côté républicain, les élus ont appelé à « la prière et au recueillement ». Les démocrates ont réitéré leurs demandes pour davantage de contrôle sur les ventes d’armes à feu, rapporte Politico. Parallèlement, la Maison-Blanche a estimé que l’heure n’était pas à « la politique » et, tout en appelant à « l’unité », le président Trump n’a pas dit un mot sur le contrôle des armes, relate leNew York Times. Ces silences s’ajoutent, selon The Atlantic, aux « vérités sombres de l’Amérique » sur ce sujet : l’absence de réponse institutionnelle face à ces tragédies à répétition et la capacité de la société américaine à tolérer ce phénomène. L’article pointe aussi le non-dit concernant l’identité des tueurs, qualifiés de « perturbés » ou de « dérangés », lorsqu’il ne s’agit pas de terrorisme islamiste. L’occasion pour Vox de rappeler que depuis que M. Trump a pris ses fonctions, plus d’Américains ont été tués dans des attaques perpétrées par des « hommes blancs sans connections avec l’islam », que par des musulmans américains ou étrangers.
Dans le milieu artistique, des voix se sont d’ailleurs élevées dès lundi pour demander que l’attaque de Las Vegas soit qualifiée de « terroriste », fait savoirVanity Fair, qui cite Rihanna ou Ariana Grande. Plus surprenant, le guitariste d’un des groupes qui se produisaient à Las Vegas a déclaré avoir changé d’avis sur le contrôle des armes. Caleb Keeter, « partisan de toujours du deuxième amendement » (qui garantit le droit de détenir une arme), a reconnu qu’il « avait eu tort », raconte le Washington Post. Enfin la tuerie de dimanche a produit deux autres effets récurrents après des attaques de ce type : les actions des entreprises fabricant des armes à feu ont augmenté dans la journée – la crainte d’un contrôle accru semble entraîner une augmentation des ventes –, selon CNN Money. De même l’attitude de la National Riffle Association (NRA), le lobby des armes, a été pointée du doigt, notamment par le Washington Post, où l’on apprend que 49 sénateurs sur 100 et 258 représentants à la Chambre sur 435 ont accepté des dons de la NRA.
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