Emmanuel Macron entre dans la mêlée présidentielle. Mercredi matin, le fondateur d’En marche va officialiser sa candidature à l’élection présidentielle, à l’occasion de sa visite à la Chambre de commerce et d’artisanat de Bobigny (Seine-Saint-Denis).

Un lieu choisi au débotté sous la pression politique et médiatique, mais qui, selon l’entourage de Macron, correspond parfaitement à la symbolique voulue pour l’annonce. Piqué par les critiques de ses adversaires politiques qui le caricaturent volontiers en «candidat du CAC 40», l’ancien banquier de chez Rothschild entendait se lancer loin des beaux quartiers et des centres d’affaires parisiens, sur un terrain populaire plus en prise avec ses préoccupations affichées – l’emploi, la jeunesse, l’apprentissage ou l’insertion. Pour autant, Macron sait qu’à Bobigny, il est attendu en ami. Ce qui n’est pas toujours le cas, quand on se souvient des jets d’œufs que lui avaient réservés début juin les opposants à la loi travail à Montreuil, autre ville de l’ex-banlieue rouge parisienne. Le président de la Chambre de commerce n’est autre que Patrick Touret, ancien élu centriste du conseil régional d’Ile-de-France devenu fin octobre l’un des neuf délégués du mouvement.

Passer à la vitesse supérieure

Pour Macron, c’est donc aussi l’occasion de réaffirmer sa proximité idéologique avec l’électorat centriste. En se déclarant à la veille du dernier débat avant le premier tour de la primaire de la droite, alors que l’écart entre Nicolas Sarkozy et Alain Juppé se resserre dans les sondages, le fondateur d’En marche espère troubler un peu plus le jeu. Pour cause, et il le sait : son initiative n’a de chance de réussir que s’il arrive à rassembler en une seule force les «progressistes» de droite et de gauche. Le ralliement de l’UDI, mi-octobre, à la candidature Juppé augure mal du projet. Que le maire de Bordeaux échoue à s’imposer à son camp et les cartes seraient rebattues.

L’entretien de la dynamique imposait aussi de passer à la vitesse supérieure. Après plusieurs mois d’efforts, l’ancien ministre vient en effet de boucler ce qu’il appelle modestement son «livre vision». Par ailleurs, trop à l’étroit dans ses locaux de la tour Montparnasse, En marche inaugure mercredi son nouveau quartier général de la rue de l’Abbé-Groult, dans le XVarrondissement de Paris. L’occasion pour Macron de recevoir à déjeuner une soixantaine d’élus. Dont bon nombre de parlementaires socialistes, qui le pressaient depuis un mois d’accélérer la manœuvre, tant pour mobiliser les nouveaux adhérents que pour prendre de vitesse une candidature de François Hollande ou de Manuel Valls.

Nathalie Raulin