Le combat des homosexuels pour l’égalité juridique et sociale est parsemé de petites victoires. Retour sur une longue lutte politique qui s’étale sur près de deux siècles et a abouti au mariage et au droit d’élever des enfants.
Il y a 10 ans, le 24 février 2006, la cour de cassation donnait l’autorisation à un couple de femmes d’exercer en commun l’autorité parentale sur les enfants élevés ensemble depuis leur naissance. Il y a trois ans, la loi Taubira du 18 mai 2013, instaurait le mariage pour Tous, donnant à tous les couples, quel que soit leur orientation sexuelle, le droit de faire valoir leur union et d’élever des enfants au même titre que les couples hétérosexuels. Pour beaucoup, il s’agit – sur le plan juridique – d’une reconnaissance fondamentale permettant aux homosexuels d’être placés sur le même pied d’égalité avec tous les autres citoyens français. Mais avant cette victoire pour les couples de même sexe, d’autres combats politiques ont été menés pour défendre les principes d’égalité et de partage des libertés.
1750 : Derniers condamnés à morts pour homosexuel (© Diebold Schilling, Chronik der Burgunderkriege)
La France est devenue en 2013 le 14e pays au monde – le 9e pays européen – à reconnaître le mariage pour les homosexuels. La loi Taubira a ouvert de nouveaux droits concernant l’union civile, l’adoption et la succession. Entre le 29 mai 2013 (premier mariage homosexuel en France) et le 31 décembre 2014, 17 500 couples de même sexe ont dit oui devant le maire. Selon une étude de l’Insee publiée en 2013, le nombre de couples homosexuels en France est estimé à 100 000, 10% d’entre eux vivent avec un enfant.
1791 : l’homosexualité n’est plus un crime (© Léopold Morice)
La loi d’octobre 1791 qui adopte le code pénal permet aux homosexuels de ne plus être poursuivis pour rapports sexuels entre adultes consentants. La sodomie – et tout autre acte désignant un rapport « contre-nature » – n’apparaît plus comme un crime. Pour autant, les persécutions ne s’arrêteront pas. La police administrative aura recours jusqu’au XXe siècle, à des « registres de pédérastes » pour identifier les individus considérés comme « déviants ».
1942 : Vichy réinstitue une discrimination dans le droit avec un âge de consentement différent. © SIPA
Le régime de Vichy modifie le code pénal en août 1942, en instaurant une distinction dans l’âge de consentement à des rapports sexuels, en fonction qu’ils sont ou non homosexuels (21 ans pour les rapports homosexuels et 13 ans pour les rapports hétérosexuels puis 15 ans à partir de 1945). Cette loi ne sera pas abrogée à la Libération. L’Etat français ne reconnaît par ailleurs aucun statut aux déportés homosexuels, qui n’ont donc ni indemnisation ni reconnaissance.
1960 : l’homosexualité « fléau social »© 123RF
1968 : pour la France, être gay, c’est être malade © SIPA
Preuve que l’ignorance est partagée même au sein des instances internationales les plus progressistes : en 1968, l’Organisation mondiale de la Santé classe l’homosexualité dans les pathologies mentales. La France adopte officiellement cette classification. L’OMS conservera ce diagnostic jusqu’en 1992.
1974 : la majorité pour les homosexuels passe à 18 ans © 123RF
L’âge de majorité sexuelle pour les rapports homosexuels est abaissé à 18 ans en 1974. La modification est introduite dans le code civil et le code pénal. Pour autant la discrimination instituée sous le régime de Vichy demeure.
1981 : avancées significatives © SIPA Press
L’arrivée de François Mitterrand au pouvoir va se traduire par l’abrogation des discriminations légales. En juin, le ministre de l’Intérieur, Gaston Deferre, supprime le groupe de contrôle des homosexuels et les fiches effectuées la préfecture de police. Dans le même temps, la France n’accepte plus officiellement la présence de l’homosexualité dans la liste des maladies mentales de l’OMS. La loi du 4 août relative aux amnisties concerne par ailleurs « les outrages publics à la pudeur » jusqu’alors aggravés pour faits d’homosexualité.
1982 – L’homosexualité est dépénalisée © SIPA
La loi du 4 août 1982 abolit la disposition juridique de Vichy qui punissait d' »un emprisonnement de six mois à trois ans et d’une amende de 60 francs à 20 000 francs toute personne qui aura commis un acte impudique ou contre nature avec un individu mineur du même sexe ». De nombreux députés de droite de l’époque – dont François Fillon – ne voteront pas le texte.
1999 : les députés votent le Pacs © SIPA
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