Quatre mois après la naissance du débat constitutionnel sur la déchéance de nationalité, François Hollande a renoncé, ce mercredi 30 mars. Un pas en arrière considéré par Christophe Barbier, directeur de la rédaction de l’Express, comme un « fiasco » pour le président de la République.
« Triple fiasco pour François Hollande que ce dossier de la déchéance de nationalité. Premier fiasco: il n’a pas su préciser sa pensée. Après l’avoir introduit de son propre chef dans son discours au Congrès du 16 novembre, il n’a pas su délimiter les contours de cette réforme. Parlait-il des nationaux, des binationaux, des autres? Parlait-il d’une déchéance avant condamnation, après condamnation, obligatoire, laissée à la liberté du juge? En laissant flotter le débat, il a permis à la gauche et à la droite de le triturer et il a rendu ce texte illisible. C’est parce que François Hollande n’a pas été assez précis que Sénat et Assemblée ont pu se renvoyer à la figure des textes incompatibles.
Deuxième fiasco de François Hollande: ne pas avoir su convaincre sa majorité que ce pas de clerc du côté de la droite sur un territoire idéologique occupé par les plus durs, était utile. Utile pour le pays dans sa lutte contre le terrorisme, utile aussi à la mutation du logiciel républicain de gauche. Peut-on défendre les valeurs républicaines tout en inventant la déchéance de nationalité? Il n’a pas su le démontrer parce que c’est faux.
La France a perdu quatre mois
Troisième fiasco pour le président de la République: ne pas avoir su profiter de l’opinion. L’opinion apparemment est favorable à cette mesure, fut-elle symbolique et inutile. Pourquoi ne pas aller au référendum? Ayez un peu de courage monsieur le Président: une réforme de la Constitution, ça peut se faire aussi en s’adressant directement aux Français. Mais peut-être avez-vous peur qu’ils jugent, à ce moment-là, la globalité de votre mandat.
Résultat : la France a perdu du temps. Quatre mois de discussions stériles, inutiles et de temps parlementaire précieux qui aurait pu servir à d’autres réformes efficaces. La France a perdu de la crédibilité : elle s’est montrée aux yeux du monde comme une nation pusillanime, tout le temps dédiée à ses batailles gauloises et surtout, capable de penser la déchéance. C’est-à-dire : j’ai des enfants français qui deviennent des terroristes, je m’en débarrasse, je ne veux plus les compter comme Français. Je suis irresponsable, je m’en défausse sur l’humanité. Ça restera comme un chapitre particulièrement mal négocié et un peu honteux du quinquennat Hollande. »
Comments
0 comments