Raúl Castro a voulu lever le bras de Barack Obama devant les photographes, en signe de victoire. Le président américain en a décidé autrement.
Cela faisait quatre-vingt-huit ans qu’un président américain n’avait pas mis les pieds sur le sol cubain. Une éternité qui symbolise bien l’importance historique de la visite de Barack Obama, accueilli en fanfare par son homologue Raúl Castro. Lundi 21 mars, le président américain a ainsi salué un «jour nouveau» dans les relations entre Cuba et les États-Unis après des décennies passées à s’ignorer aussi bien sur le plan diplomatique qu’économique en raison de l’embargo mis en place par ces derniers.
«Nous avons eu une bonne discussion sur les questions de démocratie et de droits de l’homme, a également déclaré Obama dans une déclaration rapportée par l’AFP.J’espère que ma visite ici montre à quel point nous sommes prêts à entamer un nouveau chapitre dans les relations cubano-américaines.»
S’il tente de faire bonne figure, Barack Obama sait pertinemment que des différences de taille demeurent entre les deux pays, et en particulier sur les droits de l’homme. Et c’est pour cela qu’il a mis en place un «piège» contre le président cubain lors d’une conférence de presse commune. Le site Politico explique que le président aime bien mettre un homologue face aux médias pour aborder les points qui font mal, notamment en matière de démocratie. Après Xi Jinping en 2013 et le Premier ministre éthiopien l’année dernière, qu’il a mis face à leurs responsabilités lors de conférences de presse, sa nouvelle victime s’appelait donc Raúl Castro. Obama «l’a laissé face à la pression de questions pour la première fois», le poussant à répondre sur «les prisonniers politiques que le gouvernement arrête presque quotidiennement». Le dirigeant cubain s’est alors agacé, demandant au journaliste de lui «montrer la liste» de ces prisonniers.
Comble de la gêne, la fameuse photo finale, où les deux homologues étaient censés afficher un large sourire et une poignée de main convaincue. Évidemment, compte tenu des tensions qui demeurent, ce n’est pas ce qui est arrivé. On le voit, alors qu’Obama pensait faire une poignée de main classique, Castro a décidé de lui attraper le poignet pour le soulever dans les airs, en signe de victoire. Seulement voilà, l’Américain a tout simplement refusé de laisser croire aux médias du monde entier que tout était réglé.
«La théorie dominante veut qu’Obama ait refusé ce moment à Castro, écrit Mashable sur son site. Le leader cubain venait de parler des droits de l’homme et de dénier l’existence de prisonniers politiques dans le pays insulaire, ce qui aurait fait mauvaise image pour Obama.»
Nous vous parlions il y a peu de l’importance symbolique majeure de ces poignées de mains, mais comme certains l’ont également souligné, un geste de victoire aurait été pire que tout pour l’image de l’Amérique. Les relations on beau avoir repris, elles restent donc, pour le moment, très tendues.
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