Le président colombien Juan Manuel Santos et le chef des FARC Timochenko ont signé ce jeudi 24 novembre un nouvel accord de paix lors d’une cérémonie sobre.
On prend les mêmes et on recommence. Le fameux « baligrafo », stylo fabriqué à partir d’une balle de fusil, est filmé en gros plan par les caméras de la télévision nationale.
Le chef des FARC, Rodrigo Londono, alias Timochenko, appose le premier paraphe sur l’épais traité de 310 pages. Il écrit simplement « Timo », ce qui avait fait débat la première fois puisque ce n’est pas son nom officiel. C’est ensuite au tour du président colombien Juan Manuel Santos de signer.
A Carthagène fin septembre, l’ensemble des chefs d’Etat avaient revêtu la chemise blanche traditionnelle des Caraïbes. Sur la scène du Teatro Colón de Bogota ce jeudi, les costumes sont gris. Sobre, la cérémonie a également été courte. Elle a duré 40 minutes en tout, soit le temps du discours de Timochenko lors de la précédente cérémonie.
Accord définitif
C’est la cinquième fois depuis le cessez-le-feu signé en juin que les parties le paraphent en public. Mais cette fois, c’est la bonne, c’est l’accord définitif. « Ce nouvel accord est le fruit d’un dialogue ouvert et franc avec tous les secteurs de la société en Colombie. C’est aussi le fruit d’un processus rigoureux de renégociation à La Havane », rappelle le président Santos. Il met fin à « 70 ans de violence, 52 ans de guerre ouverte, 33 ans de tentatives de négociations et cinq ans de dialogue sérieux », rappelle Timochenko. « Il n’y aura plus de violence entre Colombiens pour des motifs politiques. La parole sera désormais la seule arme que nous nous autoriserons à utiliser », promet-il.
La guerre est finie. Il n’y avait pourtant pas grand-monde sur la place Bolivar pour fêter l’événement, constate notre correspondante à Bogota, Marie-Eve Detoeuf. La Colombie est un pays polarisé politiquement, entre partisans et détracteurs de ce processus de paix, qui s’engage sur le chemin de la réconciliation.
L’accord doit maintenant être ratifié par le Congrès. Telle est la voie choisie par le président qui ne veut pas prendre le risque d’un nouveau référendum et qui doit aller chercher début décembre son prix Nobel de la paix. L’accord va donc être présenté la semaine prochaine au Sénat et à la Chambre des représentants. Mais un premier problème juridique va alors se poser : comment ratifier un accord de paix ? La Constitution ne prévoit pas le cas. Les juristes des deux camps s’affrontent. Le parti de l’ex-président Alvaro Uribe conteste d’avance toute formule. Et demande ni plus ni moins la dissolution du Congrès. C’est dire si les choses démarrent bien.
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