Je suis un citoyen qui, avec humilité, et bien qu’encarté nulle part se considère engagé. Je crois que nos votes ont des conséquences sur nos vies et celles de nos enfants. Libre-penseur et indépendant, en dehors des querelles partisanes et des règlements de compte de partis, je me considère de gauche, et comme tout sympathisant de gauche, je râle.

Je ronchonne parce que la gauche n’est jamais à la hauteur de ce que j’espère, et pourtant, je me sens de toutes ces gauches qui se déchirent sous nos yeux… La gauche contestataire qui a toujours raison mais qui ne gouverne jamais, la gauche écologiste qui a eu raison avant tout le monde, mais qui peine à se rendre crédible, la gauche de gouvernement, comme on dit, à qui les autres gauches accordent quand même quelques mérites, à partir du moment où celle-ci a été défaite. Je suis comme des millions de Français, de toutes ces gauches et n’appartiens, pourtant, à aucune d’elle exclusivement. Au final, ma seule légitimité politique, comme beaucoup de Français, reste mon bulletin de vote, ce que je fais dans la vie, et les convictions que je porte. Ce droit que je m’accorde à parler est, face au drame qui se prépare, un devoir. J’ai la chance d’être «connu» comme on dit, je m’exprime dans des livres, à la télé ou à la radio, je rencontre et échange avec les figures de la gauche et leur dit «MA» vérité.

Cette vérité aujourd’hui, j’en suis convaincu, je la partage avec des millions de mes citoyens. Je vous la livre. La gauche est un champ de ruines. Elle semble irréconciliable, ses divisions et sa résignation à elles seules, garantissent à la droite autoritaire, rétrograde et ultralibérale et à l’extrême droite, populiste et nationaliste, l’accès au second tour de la présidentielle. Les dirigeants de la gauche ont, en fait, accepté et intériorisé, cyniques et dociles, ce que leur assènent leurs adversaires, leurs ennemis et nombre d’éditorialistes. Cette prophétie auto-réalisatrice qui annonce la victoire des droites. Six mois avant l’élection présidentielle, notre défaite semble écrite d’avance. Les batailles d’ego et de nombrils, les mauvais calculs politiques, les rapports de force, sont une fois de plus, en train de ruiner nos rêves et nos espoirs. Nombre d’élus semblent vouloir gérer au mieux la défaite annoncée et penser uniquement à leur fauteuil à préserver après la déroute.

Grands stratèges et fins tacticiens, ils calculent et anticipent. Suicidaires et inconscients, ils en viennent à se combattre sur le banc de touche, et laissent le match se jouer entre la droite extrême et l’extrême droite. Eh bien non ! On ne peut pas l’accepter. Que ceux qui ne veulent plus se battre le disent et s’en aillent. Que ceux, qui ne sont pas capables de se dépasser, et qui pensent que l’ennemi est à gauche ouvrent les yeux et pensent à l’avenir de nos gamins, sans profs et avec des contrats de travail au rabais. Que ceux qui pensent que la gauche au pouvoir n’a pas grand-chose à se reprocher, et que tous ceux qui la contestent, ne sont ni «sérieux», ni «crédibles» se taisent, acceptent la critique et réoriente leur projet à l’aune de leur bilan.

Punaise… Me voilà à parler comme un politique. Bref, je suis en colère, mais j’ai encore un peu d’espoir ! La seule solution, toute la gauche s’accorde sur le sujet sans exception notoire, c’est le rassemblement. J’ai organisé des dîners avec ceux qui aujourd’hui sont candidats aux primaires, j’ai longuement échangé avec nombre d’élus de toutes les gauches, j’ai parlé avec certains responsables, j’ai lu et entendu… Ma conclusion est qu’une seule personnalité est capable de les rassembler, c’est Christiane Taubira. Eux aussi semblaient d’accord. Cette femme, c’est la gauche. Elle assume à la fois une part du bilan et incarne le refus d’une part du bilan.

Elle parle à tous, et tous la respectent. Christiane Taubira est notre seule chance. Elle est la seule personnalité à pouvoir faire un lien entre toutes les gauches, elle est à seule à pouvoir incarner et à insuffler une dynamique. Elle est la seule qui par son parcours, son identité et ses combats, peut rassembler un pays qui se cherche, doute et tend à se retourner contre lui-même. Elle incarne les valeurs que nous défendons. Et en même temps, je ne ferai pas la même connerie que nombre de dirigeants de gauche, et je n’appelle pas à sa candidature (bien que j’en rêve).

Je l’appelle publiquement, et respectueusement à réunir toutes les gauches, à les réunir autour d’une table et faire en sorte, qu’au moins elles se parlent, le temps d’une journée, pour qu’ensemble, ils assument la réalité et tentent de façonner l’avenir. Toi seule Christiane, peut le faire, toi seule à l’autorité. Fais-le pour nous. C’est une étape incontournable. Mais… Je m’adresse ici à tous les dirigeants et élus de gauche. Christiane Taubira a besoin de votre engagement, de votre soutien, de votre confiance, de moyens, d’une équipe, et d’une structure forte pour l’accompagner, elle a besoin de sentir que vous êtes prêts à vous rassembler derrière elle. Au cas où… Certains l’ont promis, qu’ils tiennent leur engagement.

Sans rassemblement, pas de victoire possible. Si tout le monde attend tout le monde, en avril 2017, nous n’attendrons plus rien. Nous pouvons encore gagner ! Parlez-vous ! Entendez-vous ! Rassemblez-vous ! C’est un devoir moral. Montrez aux électeurs qui se défient de plus en plus de la classe politique que vous pouvez être à la hauteur.

Pensez à nous, merde !

Christophe Alévêque