Le Haut-Commissariat des droits de l’homme de l’ONU a dénoncé un nouveau scandale d’abus sexuels présumés sur des enfants commis par des soldats étrangers en Centrafrique. Dont des Français.
Les soldats étrangers encore mis en cause en Centrafrique. Le Haut-commissariat des droits de l’homme de l’ONU dénonce un nouveau scandale d’abus sexuels présumés sur des enfants commis par des soldats étrangers, géorgiens mais aussi français, en mission en Centrafrique.
Au moins dix soldats concernés
Les faits se seraient produits en 2014, mais n’ont été découverts que ces dernières semaines. Une équipe de l’ONU a interviewé plusieurs filles ayant déclaré avoir été abusées sexuellement ou exploitées par des soldats étrangers. Selon quatre de ces filles, âgées de 14 à 16 ans au moment des faits présumés, leurs agresseurs appartenaient à des contingents opérant au sein de la force de l’Union européenne (Eufor-RCA). Trois d’entre elles ont déclaré que leurs agresseurs faisaient partie du contingent géorgien.
« Les soldats n’ont pas été identifiés » à ce stade, a précisé à Bruxelles une source européenne, assurant que les accusations concernaient au total « moins de dix soldats » mais décrivant un scandale « absolument sans précédent ».
En échange d’une bouteille d’eau et de biscuits
L’équipe des Nations Unies a interviewé également une sœur et un frère respectivement âgés de 7 et 9 ans lorsqu’ils auraient été abusés en 2014 par des militaires de la mission française Sangaris en RCA. La fillette a déclaré avoir pratiqué des actes sexuels par voie orale sur des soldats français en échange d’une bouteille d’eau et d’un sachet de biscuits. Elle a déclaré, tout comme son frère, que d’autres enfants avaient été abusés de la même manière lors d’incidents répétés impliquant plusieurs soldats français.
Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a saisi la justice « dès qu’il a pris connaissance des documents transmis le 19 janvier par le Haut Commissaire aux droits de l’Homme », a-t-on précisé dans son entourage.
Une enquête déjà en cours, sans résultats
L’ONU avait déjà dénoncé un autre scandale retentissant de viols d’enfants entre décembre 2013 et janvier 2014 impliquant des soldats de Sangaris. Une enquête a été ouverte par la justice française sur ce scandale et cinq militaires ont été entendus mi-décembre 2015.
Cependant, aucun d’entre eux n’a été mis en examen et ces auditions n’ont pas apporté grand-chose, selon une source proche de l’enquête. Lors de leurs auditions, les soldats ont dit avoir donné aux enfants des rations alimentaires, mais sans rien exiger en retour.
L’ONU accuse aussi ses propres soldats
Par ailleurs, des soldats ou policiers de cinq pays participants à la Mission des Nations unies en République centrafricaine (Minusca) sont accusés d’avoir commis des abus sexuels sur des mineurs, a révélé vendredi un haut responsable de l’ONU. Les pays incriminés sont le Bangladesh, le Maroc, la République démocratique du Congo, le Niger, et le Sénégal.
C’est la première fois que l’ONU nomme publiquement et de sa propre initiative les pays dont sont originaires des responsables d’abus sexuels ou d’exploitation sexuelle parmi ses missions de maintien de la paix. L’ONU doit publier le mois prochain un rapport dans lequel les pays seront nommés. Un site internet permettra, autant que possible, de suivre l’évolution des enquêtes et les sanctions éventuelles contre les Casques bleus reconnus coupables.
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