Des manifestations sont annoncées mardi en Catalogne pour protester contre le placement en détention de deux dirigeants indépendantistes par une juge d’instruction.
Alors que, lundi, le président séparatiste catalan Carles Puigdemont avait temporisé en appelant le gouvernement espagnol à dialoguer « pour les deux prochains mois », une décision de justice pourrait à nouveau mettre le feu aux poudres. Une juge d’instruction a placé lundi soir en détention les deux dirigeants des principales associations indépendantistes de Catalogne, provoquant de vives contestations.
Cette décision a aussitôt été suivie d’un appel à manifester, ce mardi. « Cela n’a pas de sens, nous n’avons pas de mots pour décrire » cette situation, « c’est pourquoi nous appelons la société catalane à manifester demain, évidemment de manière pacifique », a déclaré à des journalistes Jordi Bosch, secrétaire général de l’association indépendantiste Omnium Cultural.
Sanchez et Cuixart, qui dirigent respectivement les deux principales associations indépendantistes de Catalogne, Omnium Cultural et l’Assemblée nationale catalane (ANC), ont été inculpés pour sédition par l’Audience nationale, la haute juridiction chargée notamment des affaires de sécurité nationale, et écroués à la prison de Soto del Real, non loin de Madrid, en début de soirée.
Concerts de casseroles et appels à manifester
Ces associations ont une très forte capacité de mobilisation et l’inculpation de leurs chefs risque d’envenimer encore la crise entre Madrid et Barcelone. Très vite, la nouvelle a entraîné dans toute la Catalogne des concerts de casseroles, en signe de protestation. Puis, dans la nuit, les appels à manifester se sont répandus sur les réseaux sociaux, annonçant des mobilisations dans toute la Catalogne et aussi ailleurs, comme à Valence.
Un bref arrêt de travail est prévu mardi à midi pour réclamer « la libération des prisonniers politiques » et des rassemblements devant les préfectures sont annoncés pour la fin de l’après-midi.
Avant d’être placé en détention, Jordi Cuixart avait enregistré une vidéo diffusée dans la nuit. « Bienvenus, si vous voyez cette vidéo, c’est que l’appareil d’État a décidé de me priver de liberté », déclare-t-il: « Je veux vous envoyer un message de sérénité ». Cuixart annonce dans cette vidéo que, s’il le faut, son organisation travaillera « dans la clandestinité », mais de manière pacifique.
« Une provocation de l’Etat espagnol’
Jordi Cuixart et Jordi Sanchez sont soupçonnés d’avoir encouragé des centaines de personnes le 20 septembre à Barcelone à bloquer la sortie d’un bâtiment où des gardes civils menaient des perquisitions, en lien, justement, avec l’organisation du référendum. Ces gardes civils y étaient restés bloqués jusqu’au milieu de la nuit.
Le porte-parole du gouvernement séparatiste catalan a qualifié de « provocation de l’État espagnol » le placement en détention des deux hommes, appelant cependant leurs sympathisants à rester pacifiques. « Nous avons à nouveau, tristement, des prisonniers politiques » en Espagne, a estimé le président indépendantiste catalan Carles Puigdemont dans un message posté en anglais sur son compte Twitter.
Spain jails Catalonia's civil society leaders for organising peaceful demonstrations. Sadly, we have political prisoners again
— Carles Puigdemont (@KRLS) October 16, 2017
« Liberté aux Jordis », lisait-on sur l’affiche d’un des manifestants, environ 400, massés sur une place du centre de Barcelone vers minuit.
Ces détentions interviennent alors que Madrid a donné lundi un ultime délai de trois jours au président séparatiste pour qu’il revienne à la légalité en renonçant à sa déclaration d’indépendance.
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