Zédi Feruzi a été tué balle d’une balle dans la tête tout près de son domicile.Plus de 2000 personnes ont assisté dimanche 24 mai à Bujumbura aux funérailles de l’opposant Zedi Feruzi, abattu la veille avec un garde du corps par des inconnus devant son domicile d’un quartier contestataire de la capitale. Des centaines de personnes se sont rassemblées dans la matinée pour la levée du corps devant la maison du défunt dans le quartier de Ngagara. Un cortège de plusieurs milliers de personnes s’est ensuite élancé vers 13H00 locales (11H00 GMT), accompagnant le cercueil recouvert du drapeau burundais, et portant les couleurs de l’UPD, la formation politique que dirigeait M. Feruzi. En tête des marcheurs, quelques-uns tenaient des pancartes: « On est fatigué », « Non au troisième mandat de Nkurunziza », « Ceux qui ont tué Zedi Feruzi le paieront tôt ou tard ». Le cortège a marché pendant près d’une heure, dans le calme et la dignité. Quelques esprits se sont un moment échauffés en passant devant une permanence du parti présidentiel, le CNDD-FDD. Des policiers positionnés à proximité se sont reculés pour éviter tout incident.
De confession musulmane, il était persuadé de pouvoir réunir le vote de 70 % de la communauté musulmane. L’évasion récente de l’opposant Hussein Radjabu venait rebattre les cartes et Zedi Feruzi espérait le voir rallier l’UPD. Diplômé de sciences politiques à l’université du Burundi, il avait enseigné plusieurs années l’histoire dans un lycée catholique de Bujumbura avant de revenir à ses premières amours, le droit. En 2006, il avait rejoint le ministère de la justice et travaillait au service national de législation. Dans le contexte politique tendu de ces derniers mois, Zedi Feruzi a toujours été sans concession. Il affirmait : « Certes, dans la constitution il y a certains articles ambigus mais l’accord d’Arusha est très clair. Le principe repose sur deux mandats ».
Pour condamner cet assassinat, le mouvement contre un troisième mandat du président burundais Pierre Nkurunziza a suspendu dimanche 24 mai le dialogue initié avec le gouvernement, appelant à reprendre les manifestations ce jour lundi 25 mai avec encore plus d’échos en guise d’hommage. Des manifestations ont lieu quasi quotidiennement, émaillées de heurts avec la police, avec près d’une trentaine de morts en quatre semaines. Plusieurs responsables de la contestation sont passés dans la clandestinité, craignant d’être arrêtés ou affirmant être la cible de menaces de mort. Vendredi 22 mai l’explosion de trois grenades lancées dans la foule par des inconnus en plein centre-ville de Bujumbura avaient fait trois morts et plusieurs dizaines de blessés. Les auteurs de l’attaque avaient aussi pu prendre la fuite.
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