Les jours de la présidence de Dilma Rousseff sont désormais comptés. Tard dimanche soir, les députés ont ouvert la voie à sa destitution. Dans un climat très tendu, les opposants à la présidente brésilienne ont recueilli 367 voix.
342, soit les 2/3 de l’Assemblée, étaient nécessaires pour faire suivre la procédure au Sénat en mai prochain.
Si le 11 mai, les sénateurs votent contre la destitution, la procédure est enterrée défintivement. Dans le cas contraire, Dilma Rousseff sera alors écartée du pouvoir pendant 180 jours maximum, le temps que le verdict final soit rendu.
Pendant ce temps, les députés de l’opposition et leur écharpe jaune et vert ont fanfaronné en chantant l’hymne des supporters de l’équipe de football pendant le Mondial 2014 : «Je suis Brésilien, avec beaucoup de fierté et beaucoup d’amour».
La présidente crie au «coup d’Etat» institutionnel
Accusée d’avoir maquillé les comptes publics en 2014, année de sa réélection, et en 2015 pour masquer l’ampleur de la crise économique, Dilma Rousseff nie avoir commis un crime dit «de responsabilité» et dénonce une tentative de «coup d’Etat» institutionnel.
La séance du vote a été très houleuse. «Lâches» contre «canailles», les insultes ont volé entre pro-Dilma Rousseff et anti. Certains élus ont même failli en venir aux mains.
Scuffles break out in Brazil Congress as session opens to impeach President Rousseff. #ImpeachmentDay pic.twitter.com/EWP9F7N4vz
— Johannes Myburgh (@johannesmyburgh) April 17, 2016
Le député d’extrême gauche (PSOL) Jean Wyllys s’est montré le plus éloquent: «Je veux dire que j’ai honte de participer à la farce de cette élection indirecte, conduite par un voleur et ourdie par un traître conspirateur», a-t-il lancé à l’adresse d’Eduardo Cunha, président du Congrès inculpé de corruption, et de Michel Temer, ancien allié de la présidente. «Au nom des communautés homosexuelles, du peuple noir exterminé dans les quartiers périphériques, des sans-toit, des sans-terre, je vote non à ce Coup d’État», a-t-il martelé.
Pendant le vote, 53 000 Brésiliens favorables à la destitution et 26 000 soutiens de Dilma Rousseff ont suivi à Brasilia les débats retransmis sur des écrans géants. Pour éviter tout débordement, ils étaient séparés par une barrière métallique de 2 mètres de haut.
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— Karel Becerra (@KarelBecerra) April 18, 2016
Dilma Rousseff, première femme présidente du Brésil, est embourbée depuis sa réélection dans une redoutable crise politique qui s’est embrasée au mois de mars, avec d’immenses manifestations pour son départ et l’entrée frustrée au gouvernement de son mentor Lula, soupçonné de corruption par la justice.
Sa popularité s’est effondrée en 2015 à un plancher historique de 10%, avec un sursaut à 13% en avril. Plus de 60% des Brésiliens souhaitent son départ.
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