En Colombie, un cessez-le-feu bilatéral et « définitif » entre le gouvernement et les Farc entre en vigueur lundi, après 52 ans de conflit. Mais il faudra encore franchir de nombreuses étapes avant que l’accord de paix final ne soit ratifié.
Après 52 ans de conflit armé, la paix n’a jamais été si proche en Colombie. Un cessez-le-feu historique entre le gouvernement et la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) entre en vigueur lundi 29 août à minuit, heure locale. « J’ordonne à (…) chacun de nos combattants de cesser le feu et les hostilités de manière définitive contre l’État colombien », a déclaré dimanche, depuis La Havane, Timoleon Jimenez, dit « Timochenko », le chef suprême des Farc.
Quatre jours auparavant, le président Juan Manuel Santos, chef des armées, avait le premier ordonné aux troupes colombiennes de cesser le feu contre les Farc à partir de ce lundi à 00 h 00 (05h00 GMT). Dimanche, il a appelé à dire « oui à la paix » lors du référendum sur les accords conclus le 24 août avec les Farc. « Ce 29 août, une nouvelle histoire commence pour la Colombie. Faisons taire les fusils. Ainsi s’achève la guerre avec les Farc ! », a ensuite twitté le président dans la nuit.
Este 29 de agosto empieza una nueva historia para Colombia. Silenciamos los fusiles. ¡SE ACABÓ LA GUERRA CON LAS FARC!
— Juan Manuel Santos (@JuanManSantos) August 29, 2016
Sur le réseau social, les pompiers de Colombie et le ministère de l’Intérieur ont, quant à eux, appelé à faire retentir toutes les sirènes du pays à minuit pile, « en faveur du cessez-le-feu ».
De la guérilla à la politique
C’est la première fois que la Colombie va connaître un tel silence des armes, même si les Farc – qui comptent toujours 7 500 hommes armés – observent depuis juillet 2015 une cessation unilatérale des hostilités ; le gouvernement ayant de son côté suspendu ses bombardements aériens contre les rebelles. Mais le processus de paix s’annonce encore long. Les accords seront officiellement signés entre le 20 et le 26 septembre.
Les Farc ont convoqué leur Xe conférence du 13 au 19 septembre, à Yari, à San Vicente del Caguan, ex-fief de la guérilla dans le sud, pour ratifier le pacte. Ce dernier a été négocié pendant près de quatre ans à Cuba et détaillé dans un document de 297 pages, diffusé sur Internet et les réseaux sociaux.
Les Colombiens seront également appelés à un référendum le 2 octobre. Pour l’emporter, le « oui » à la paix devra recueillir au moins 4,4 millions de voix (13 % de l’électorat). Juan Manuel Santos a déjà appelé à voter oui : « Disons oui à l’avenir, disons oui à la paix. (…) Soyons solidaires de notre propre avenir car nous ne voulons plus de victimes, parce que nous voulons être un pays sans les stigmates de la guerre ».
« Les familles des victimes peuvent s’indigner de cet accord »
Pour les anciens combattants, l’enjeu est de taille : les accords prévoient la réintégration des Farc dans la vie civile et la transformation de leur mouvement en un parti politique légal, ainsi que l’amnistie pour les guérilleros ayant commis des crimes de guerre.
« Cela crée des difficultés dans l’approbation de ces mesures clivantes, parce que lorsqu’on parle de familles qui ont été touchées par les Farc, et bien logiquement ces familles peuvent s’indigner de cet accord », estime Gaspard Estrada, chercheur à l’observatoire politique de l’Amérique latine.
Le plus ancien conflit des Amériques, qui au fil des décennies a impliqué guérillas d’extrême gauche, paramilitaires d’extrême droite et forces armées, sur fond de violences des narco-trafiquants, a fait au moins 260 000 morts, 45 000 disparus et 6,8 millions de déplacés.
Avec AFP
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