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Allemagne : les leçons de la victoire de Merkel et ce qu’il faut retenir des législatives

Les conservateurs ont remporté le scrutin, mais l’entrée historique de l’extrême droite à la chambre des députés vient gâcher la victoire d’Angela Merkel.

Le parti d’Angela Merkel a remporté, comme attendu, les élections législatives allemandes, dimanche 24 septembre. Mais la chencelière attendait un résultat « un peu meilleur ». Son score décevant et la percée des nationalistes de Alternative für Deutschland (« Alternative pour l’Allemagne », AfD), vont compliquer l’exercice du pouvoir, pour celle qui est promise à un quatrième mandat de chancelière, mais qui devra se trouver de nouveaux alliés pour gouverner.

Voici ce qu’il faut retenir de ce scrutin.

Une victoire décevante d’Angela Merkel

C’est une victoire au parfum de défaite pour la chancelière inamovible. Angela Merkel a admis, dimanche soir, qu’elle espérait un « meilleur résultat » aux élections législatives. Créditée de 32,7% à 33,3% des votes, selon les premières estimations des chaînes de télévision publiques ZDF et ARD, l’Union chrétienne-démocrate (CDU) de la chancelière bat le plus bas historique d’Angela Merkel (33,8% en 2009). Les récents sondages créditaient la CDU de 36% des intentions de vote et la formation conservatrice s’était fixé un cap de 40% des voix. La maigre victoire de la chancelière risque donc d’alimenter les critiques contre le cap, plutôt centriste, donné à sa politique.

Angela Merkel égale son mentor en politique, Helmut Kohl, et Konrad Adenauer, les deux seuls chanceliers à effectuer quatre mandats depuis l’après-guerre. Mais elle risque aussi de rester dans l’histoire comme la chancelière qui n’a pas su empêcher l’entrée de la droite nationaliste au Bundestag. Une percée qu’elle a décrit comme un « nouveau défi », mais que certains lui reprochent directement, comme en témoigne un édito publié par Der Spiegel (en allemand), qui la surnomme « Merkel, la mère de l’AfD ».

Angela Merkel devance néanmoins largement tous ses adversaires, s’octroyant un quatrième mandat de chancelière. Faute de majorité, il lui reviendra donc de chercher un ou plusieurs nouveaux partenaires pour former le prochain gouvernement, qui devra se faire sans les sociaux-démocrates.

L’extrême droite entre au Bundestag

L’Alternative pour l’Allemagne (AfD) est créditée de plus de 13% des suffrages. Si elle fait depuis longtemps partie du paysage politique en Europe, l’entrée au Parlement national d’une droite populiste qui fait campagne pour la fin de la repentance des horreurs du IIIe Reich brise un tabou en Allemagne. Né il y a seulement quatre ans, ce mouvement anti-islam et anti-migrants pourrait envoyer jusqu’à 90 députés au Bundestag.

Sans adoucir sa rhétorique, l’AfD a célébré son score, dimanche soir. « Nous allons changer ce pays », a lancé la co-tête de liste, Alexander Gauland, quelques minutes après la publication des premiers sondages des télévisions publiques, en promettant de mener « une chasse » contre Angela Merkel. Ostracisé par toutes les autres formations qui le qualifie de « honte pour l’Allemagne », l’AfD n’a aucune chance de figurer au prochain gouvernement.

Mais son arrivée à la chambre des députés constitue un tournant dans l’histoire allemande d’après-guerre. Car elle signifie que pour « la première fois depuis soixante-dix ans, des nazis vont s’exprimer au Reichstag », le bâtiment qui abrite la Chambre basse du Parlement, a tonné, avant le scrutin, le ministre des Affaires étrangères et figure des sociaux-démocrates, Sigmar Gabriel. L’Allemagne, en raison de son passé nazi, était pourtant longtemps restée l’un des rares pays européens à ne pas connaître de poussée de grande ampleur de mouvements identitaires et anti-migrants. Une évolution que connaissent depuis longtemps la France, les Pays-Bas et l’Autriche.

Le SPD, lessivé, lâche Merkel

Après une défaite historique, le Parti social-démocrate (SPD) a annoncé, dès la publication des premiers résultats, ne plus vouloir former de coalition avec les conservateurs dans le futur gouvernement d’Angela Merkel. Le résultat du vote « est un rejet de la grande coalition », a déclaré le chef du groupe parlementaire du plus vieux parti d’Allemagne, Thomas Oppermann, interrogé sur la chaîne publique ARD. Les sociaux-démocrates ont gouverné à deux reprises avec Angela Merkel au cours de ses douze années de pouvoir.« Nous avons reçu un mandat clair des électeurs pour aller dans l’opposition », a déclaré l’une des responsables du parti, Manuela Schwesig, sur la chaîne de télévision ZDF. « Pour nous, la grande coalition s’achève aujourd’hui », a-t-elle ajouté.

Emmené par l’ex-président du Parlement européen, Martin Schulz, le SPD n’a récolté qu’entre 20,2% et 20,8% des voix, selon les estimations des chaînes allemandes. Jamais dans son histoire d’après-guerre, le parti n’était descendu aussi bas. Son plus mauvais score remontait à 2009, avec 23%. Il y a quatre ans, il avait réussi à atteindre 25,7%. « Aujourd’hui, c’est un jour difficile et amer pour la social-démocratie allemande », a lancé Martin Schulz, 61 ans.

Il s’agit d’un revers personnel pour Martin Schulz, propulsé en début d’année à la tête du parti pour tenter de sauver une situation déjà compromise à l’époque dans les sondages. Et d’un échec programmatique après une campagne centrée sur la justice sociale, qui n’a pas convaincu dans une Allemagne économiquement forte. Le parti, qui gouverne avec la chancelière depuis quatre ans, n’a pas été capable de se démarquer pour incarner le changement.

Vers une difficile « coalition jamaïcaine »

La répartition des 600 à 700 sièges doit encore s’affiner en raison de la complexité du mode de scrutin allemand, mais le refus du SPD complique d’ores et déjà la tâche à Angela Merkel. Une alliance des conservateurs et des libéraux du FDP, qui a enregistré un peu plus de 10%, semble naturelle, mais insuffisante pour constituer une majorité. Seule solution : l’élargir aux écologistes, ce qui serait une première au niveau national. Angela Merkel devra donc convaincre les libéraux et les Verts, deux partis que beaucoup de sujets opposent, de coopérer.

Cette alliance, baptisée « coalition jamaïcaine », doit son nom aux couleurs du drapeau jamaïcain (noir, couleur de la CDU de Merkel, jaune, couleur de la FDP, et vert, pour die Grünen), et s’annonce comme un casse-tête. Les divergences de fond entre les Verts, le FDP et l’aile la plus conservatrice de la CDU sont très importantes. Les négociations pour former un gouvernement risquent de durer jusqu’à la fin d’année. Et certains médias spéculent déjà sur de possibles nouvelles élections si les tractations n’aboutissent pas.

Des contours de la coalition dépendront les futurs choix de l’Allemagne, en Europe et dans le monde. Les questions internationales ont été quasi-absentes de la campagne. Eprise de stabilité au point qu’on la compare souvent à une « grande Suisse », l’Allemagne va pourtant devoir faire face à de nombreux défis et à une demande accrue d’engagement international, dans un monde chamboulé par l’arrivée de Donald Trump au pouvoir et le Brexit britannique.

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