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Procès Gbagbo : un capitaine de gendarmerie témoigne du drame d’Abobo

C’est à visage découvert que le capitaine de gendarmerie ivoirien, Barthélémy Obiénéré Ouattara, a déposé, dès le 31 août, devant la Cour pénale internationale (CPI). Pendant six jours, cet ancien commandant d’escadron de la gendarmerie, et responsable du Centre de commandement des opérations de sécurité (Cecos), a évoqué par le détail les missions des différentes forces ivoiriennes, puis est largement revenu sur la marche du 3 mars 2011 au quartier d’Abobo.

Ce jour-là, les forces ivoiriennes réprimaient une marche pacifique rassemblant plus de 3 000 femmes, selon l’accusation. L’un des crimes contre l’humanité dont Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé répondent devant la Cour. Interrogé par le procureur Eric McDonald, le témoin a raconté qu’avant le premier tour de la présidentielle de novembre 2010, qui oppose alors Laurent Gbagbo à Alassane Ouattara, le camp Commando d’Abobo avait été renforcé. Pendant des semaines, les forces ivoiriennes affrontent, dans ce quartier d’Abidjan, rebelles et miliciens. « C’était une guérilla », lâche le témoin.

Désertion

Au matin du 3 mars 2011, le capitaine Barthélémy Obiénéré Ouattara inspecte rapidement les positions de ses hommes, puis croise trois femmes, pancartes à la main, qui lui disent qu’elles vont « marcher pour réclamer leur liberté ». Mais quelques heures plus tard, le témoin reçoit un appel. On lui annonce que ses hommes ont tiré sur des femmes. Puis, dans un autre appel, que des tirs sont venus de la manifestation provoquant la réaction des forces de l’ordre. Au moins sept femmes, selon l’accusation, ont été tuées ce jour-là, et plusieurs blessées. Le capitaine, qui n’est pas directement témoin des faits, ne peut être plus précis, mais, ce soir-là, il décide de déserter. « Je me suis dit que, plus tard, je pourrais être associé à ces faits », explique-t-il aux trois juges.

A l’époque, il est aussi soupçonné d’avoir des liens avec les rebelles des Forces nouvelles favorables à Alassane Ouattara. Dans la soirée, il rejoint d’abord les Français du 43e BIMA, puis est accompagné le lendemain par les soldats de la force « Licorne » à l’Hôtel du golf, où était alors retranché Alassane Ouattara, considéré comme le vainqueur de l’élection par la communauté internationale. Contre-interrogé par l’un des avocats de Charles Blé Goudé, le déserteur raconte ensuite l’arrivée de Laurent Gbagbo à l’Hôtel du golf. La chambre du témoin a été réquisitionnée pour« amener le président Gbagbo et sa famille », dit-il, « j’ai pu voir que Laurent Gbagbo avait une blessure à la tête ».

L’ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo, à la Cour pénale internationale.
L’ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo, à la Cour pénale internationale. CRÉDITS : PETER DEJONG/AFP

« Avec toutes ces toges noires »

Sous les questions de Me Claver N’Dri, le témoin assure n’avoir « pris part à un quelconque combat », rappelle qu’il n’avait alors « aucun rôle ». Mais l’avocat l’interroge alors sur « le partage du gâteau ». « Je vais répondre, mais avec une précision, dit le témoin. Le président actuel de l’Assemblée[Guillaume Soro] était comme le ministre de la défense » à cette époque. Après l’arrestation de Laurent Gbagbo, « il nous a demandé à nous, gendarmes, d’aller protéger des personnalités à l’Hôtel Pergola. Et il nous a été demandé quel poste nous voulions. J’avais opté pour la gendarmerie du port », mais « j’ai été muté à la tête du groupe d’escadron blindé ».

Usant de la même formule depuis le début du procès, Me N’dri signe la fin de son contre-interrogatoire d’un « nous vous souhaitons bon retour dans ce pays que nous aimons tous ». Le témoin avoue alors sa crainte d’avoir dûvenir témoigner à La Haye, « avec toutes ces toges noires, en uniforme, que l’on voit dans cette salle, il n’y a rien de rassurant », précise-t-il. Depuis la reprise du procès, le 30 août, un second témoin a aussi déposé, mais pour l’essentiel à huis clos et sous pseudonyme.

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