Le leader de l’opposition au Zimbabwe, Morgan Tsvangirai, est décédé mercredi en Afrique du Sud après une longue bataille contre le cancer. Il avait 65 ans.
Le chef du principal parti d’opposition au Zimbabwe, Morgan Tsvangirai, adversaire historique du régime de l’ex-président Robert Mugabe, est décédé mercredi des suites d’un cancer, laissant derrière lui un parti déchiré à quelques mois de l’élection présidentielle.
As you are aware that our MDC T President, Dr Morgan Richard Tsvangirai has not been feeling well for some time, it is sad for me to announce that we have lost our icon and fighter for democracy. Our thoughts and prayers are with the family, the party and the nation at this hour.
— Elias Mudzuri (@EngMudzuri) February 14, 2018
« Comme vous le savez, le président de notre MDC (Mouvement pour un changement démocratique) Morgan Tsvangirai ne se portait pas bien depuis un certain temps. C’est avec tristesse que j’annonce que nous avons perdu notre icône et notre combattant pour la démocratie », a déclaré l’un des vice-présidents du parti, Elias Mudzuri. « Nos pensées et prières vont à sa famille, au parti et à la nation », a-t-il ajouté sur son compte Twitter. Morgan Tsvangirai est décédé à l’âge de 65 ans dans un hôpital de Johannesburg, où il était soigné.
Un parti dévasté
Le parti au pouvoir au Zimbabwe, la Zanu-PF, a immédiatement fait part de ses condoléances. « Très triste en effet. Nous sommes vraiment désolés », a réagi son porte-parole, Simon Moyo. « Comme vous le savez, le président et le vice-président lui avaient rendu visite (en janvier) pour lui souhaiter bon rétablissement, mais Dieu donne et reprend la vie », a-t-il ajouté à l’AFP.
Il y a deux ans, Morgan Tsvangirai avait révélé qu’il souffrait d’un cancer du côlon pour lequel il effectuait de nombreux séjours médicaux dans des hôpitaux sud-africains. Opposant de longue date à Robert Mugabe, le leader du MDC avait fait vaciller en 2008 le régime Mugabe. Il était arrivé en tête du premier tour de l’élection présidentielle, avant de se retirer du second tour à cause de la campagne de violences menée par le pouvoir contre ses partisans. A l’issue de ce scrutin, Tsvangirai avait été nommé Premier ministre d’un gouvernement de coalition resté sous le contrôle de M. Mugabe, qui l’avait battu au scrutin de 2013. Il devait être le candidat officiel du MDC pour la présidentielle cette année et affronter le nouveau président Emmerson Mnangagwa, successeur de Robert Mugabe.
Dès ce mercredi 14 février, il avait cédé la place à la tête du parti à l’un des trois vice-présidents, Nelson Chamisa, laissant penser que son état de santé s’était détérioré. Il laisse un parti orphelin et affaibli par ses querelles internes. Depuis des mois, le MDC se déchire en vue de sa succession. Après le décès de Morgan Tsvangirai, le nouveau président Emmerson Mnangagwa, investi candidat de la Zanu-PF, fait plus que jamais figure de grandissime favori pour la présidentielle.
Une cohabitation difficile avec Robert Mugabe
« On se souviendra de Tsvangirai comme étant l’un des plus grands patriotes du Zimbabwe », a réagi mercredi David Coltart, l’un de membres fondateurs du MDC. « Si comme nous tous, il a commis des erreurs, aucun d’entre nous n’a jamais douté de son engagement à transformer le Zimbabwe pour en faire un État moderne, démocratique et tolérant. Si quiconque mérite d’être appelé un héros, c’est MT », pour Morgan Tsvangirai, a-t-il ajouté.
Evan Mawarire, un militant de la société civile et fondateur du mouvement de contestation anti-Mugabe #ThisFlag, écrit peu de temps avant sa mort et se penche sur l’héritage de Tsvangirai.
« Morgan Tsvangirai était différent. Il venait de l’extérieur et apportait un nouveau type d’énergie au paysage politique. Il parlait la langue de l’ouvrier et surtout, il était lui-même un travailleur. En 1999, pour la première fois depuis l’indépendance, un mouvement populaire alternatif, vibrant et puissamment défiant qui a réussi à capter l’imagination d’un peuple opprimé a été formé », raconte le pasteur Mawarire dans une lettre publiée par plusieurs médias du pays.
Morgan Tsvangirai, A doyen of democracy and justice in our time. Thank you for making it possible for people like me to find the courage to say ENOUGH IS ENOUGH, HATICHADA, HATICHATYA. Zimbabwe owes you a great debt. REST IN POWER mukuru #RIPMorganTsvangirai hambani kahle pic.twitter.com/wGICnsZGdZ
— #ThisFlag E Mawarire (@PastorEvanLive) February 14, 2018
Tsvangirai est né à Buhera, dans le Manicaland, le 10 mars 1952. Il était l’aîné d’une famille de neuf enfants. Lors de l’indépendance du Zimbabwe en 1980, il a rejoint le Zanu-PF dirigé par Mugabe, l’homme qui allait devenir son principal rival politique avec la formation du MDC en 1999. Il a fait ses armes en politique en tant que dirigeant du Congrès des syndicats du Zimbabwe (ZCTU). Après le tournant du millénaire, le MDC est devenu l’opposition la plus féroce dans le pays d’Afrique australe et, en 2008, Tsvangirai a battu Mugabe dans un scrutin présidentiel – mais n’a pas atteint la majorité requise. La violence qui a suivi ce vote a conduit à la création d’un gouvernement d’unité nationale, dans lequel Tsvangirai a servi comme Premier ministre.
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