Une manifestation contre l’agression sexuelle d’une jeune lycéenne aurait fait un mort au Tchad
Plusieurs centaines de jeunes Tchadiens ont manifesté à N’Djamena, lundi 15 février, contre le viol présumé d’une jeune fille de 17 ans, Zouhoura, dont les images ont été diffusées sur les réseaux sociaux. La manifestation, dispersée par la police anti-émeutes, aurait fait un mort.
L’affaire a suscité beaucoup d’émotion au Tchad où le viol reste un sujet tabou. Au petit matin du 13 février, l’adolescente, « accompagnée d’une amie, se rendait au lycée lorsqu’elle a été enlevée par sept hommes, cinq en voitures et deux en moto, raconte Mamie, sa grande sœur de 23 ans. « Deux des jeunes étaient dans le même lycée qu’elle. Les garçons lui ont dit qu’elle a été enlevée parce qu’elle ne leur disait pas bonjour. Même avant la séquestration, elle avait peur d’eux parce qu’ils passaient leur temps à tabasser les filles. C’est sûr, ce n’est pas la première à qui cela arrive mais nous voulons qu’elle soit la dernière », martèle-t-elle.
« Les fils des généraux de l’armée »
La famille, alertée par la copine de Zouhoura se met alors à sa recherche. En vain. Leur fille ne rentrera que le soir, vers 19 heures, heure locale. Elle raconte alors à ses proches son calvaire. « Ma sœur nous a dit qu’elle a été emmenée dans une maison loin du centre-ville, dans le quartier de Ginedor. Deux d’entre eux avaient le visage caché mais elle a pu identifier les autres agresseurs. Elle nous a dit qu’ils étaient les fils des généraux de l’armée et qu’ils l’ont tabassée et dénudée. Ils ont ensuite pris des photos d’elle et ont menacé de publier les images sur Facebook si elle les dénonçait », témoigne Mamie qui nie l’accusation d’agression sexuelle dont parlent les médias et les réseaux sociaux.
« Elle n’a pas été touchée, elle reste vierge, mais je considère que ce qu’ils lui ont fait est pire que le viol. Aujourd’hui, ses photos nues circulent partout sur Internet », poursuit sa sœur, émue aux larmes. Nous vivons dans un pays où la justice n’existe pas. Mais nous voulons que ces barbares soient condamnés pour qu’ils ne refassent plus cela à quelqu’un d’autre. »
C’est pour obtenir justice que les camarades de lycée de la jeune Zouhoura et d’autres jeunes se sont rassemblés devant le domicile de la victime pour marcher en direction du palais de justice. En entonnant l’hymne national, les manifestants ont marché dans la capitale munis de banderoles sur lesquelles on pouvait lire « Justice pour Zouhoura » ou encore « Nous sommes tous Zouhoura, notre dignité bafouée. »
« Acte barbare, ignoble et innommable »
Mais les manifestants n’atteindront pas le palais de justice. La police est intervenue à quelques rues de là et a lancé des gaz lacrymogènes. « Il y a eu aussi des tirs à balle réelle, raconte l’un des manifestants. ll s’en est suivi une course poursuite contre nous à travers la ville, et c’est au niveau du lycée de la liberté qu’un de nos camarades est tombé fauché par une balle. »
Une affirmation démentie par les forces de l’ordre. « Nous avons maîtrisé la situation, il n’y a pas eu d’arrestation et pas de victime à ma connaissance », assure le porte-parole de la police, Paul Manga. « Nous avons arrêté deux des violeurs, mis à la disposition du procureur pour la suite de l’enquête », a-t-il ajouté.
Réagissant au viol de la jeune fille, le président tchadien Idriss Déby Itno a dénoncé un acte « ignoble ». « C’est en père de famille scandalisé que je réagis à cet acte barbare, ignoble et innommable », a déclaré le chef de l’Etat dans un communiqué, promettant que « justice sera rendue ».
Le titre est de la rédaction
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