Au Congo-Brazzaville, les partis et associations de la majorité, au pouvoir, ont fait une démonstration de force, samedi 10 octobre, sur le boulevard Alfred Raoul où ils ont rassemblé, selon leurs propres estimations et celles de la police, plus de 100.000 personnes. Des dizaines de milliers de personnes sont ainsi venues prendre des instructions afin d’aller voter « oui » au scrutin référendaire du 25 octobre prochain, pour donner la possibilité au président Denis Sassou Nguesso de briguer un troisième mandat, en 2016.
Le boulevard Alfred Raoul n’avait plus accueilli un tel monde depuis la fête du cinquantenaire de l’Indépendance du Congo en 2010. La foule qui s’étendait du rond-point de la Patte d’oie au pont du Centenaire, arborait des t-shirt et des casquettes sur lesquels on pouvait lire des écrits synonymes d’instruction, comme par exemple, « Oui au référendum et au changement de la Constitution ».
Le fait que cette marée humaine ait bravé la pluie est « un sanglant démenti à la spéculation », estime Pierre Nogolo, secrétaire général du Parti congolais du travail, le dernier à prendre la parole pendant le meeting qui a duré près de trois heures.
Pour les partisans de la majorité, le « oui » au référendum est le choix de la raison.
« Le oui va remporter à 95 % parce que toutes les filles et fils du Congo sont pour l’évolution de nos institutions », a déclaré, à RFI, un manifestant.
« En regardant le projet de loi constitutionnel qui a été adopté récemment au Conseil des ministres, nous avons vu qu’il a une belle part réservée à la jeunesse congolaise, comme la question de la parité entre l’homme et la femme, et il y a également la question, aujourd’hui, de la constitutionnalisation de la décentralisation de notre pays », a, pour sa part, relevé cet autre partisan du président congolais, Denis Sassou Nguesso.
L’opposition réplique
Le rassemblement a eu lieu à l’endroit-même où l’opposition avait mobilisé ses partisans deux semaines plus tôt pour dire « non » au changement de constitution.
Ce meeting des partisans du président congolais n’a pas impressionné l’opposition qui assure que la mobilisation n’avait rien de spontanée.
« Ce n’était pas une mobilisation spontanée ! Ce sont des jeunes gens de 16 à 18 ans qu’on a manipulé à coup d’argent. Si vous regardez les réseaux sociaux, vous vous rendrez bien compte des témoignages que font les jeunes Congolais. Ils disent qu’ils ont été appelés à assister à ce meeting moyennant 10 000 francs [CFA]. Et d’ailleurs, il y en a qui se sont énervés et qui sont repartis parce qu’ils n’ont reçu que 3 000 ou 5 000 francs ! Donc tout cela n’a rien de spontané », a déclaré, à RFI, Paul-Marie Mpouelé coordonnateur du Front pour le respect de l’ordre constitutionnel et l’alternance démocratique (FOCAD).
« Ces jeunes gens qui sont venus, ne sont pas venus pour appuyer le « oui » au référendum mais parce qu’ils ont été « achetés ». C’est regrettable et ce qui est dramatique, là-dedans, c’est que nos amis persistent dans la bêtise ! Ils sont bien conscients que ce procédé, c’est-à-dire le référendum, est totalement illégal mais ils persistent. Ils veulent aller jusqu’au bout de leur forfaiture, jusqu’au bout de leur coup d’Etat constitutionnel. Bien évidemment, nous ne permettrons pas cela. Nous avons commencé nous-mêmes à faire des descentes sur le terrain pour que ce référendum n’ait pas lieu », a ajouté Paul-Marie Mpouelé.
D’autres rassemblements sont prévus, de part et d’autre, avant le scrutin référendaire du 25 octobre.
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