Selon Abdoulaye Daouda Diallo, le ministre sénégalais de l’Intérieur, la réforme constitutionnelle soumise à référendum le 20 mars voit le Oui devancer le Non avec 62,9 % des voix, selon des chiffres provisoires. La participation, relativement faible, serait de 40,42 %.
Pari gagné pour Macky Sall : le projet de révision constitutionnelle soumis aux Sénégalais le 20 mars a recueilli, selon une estimation livrée par le ministre de l’Intérieur, 62,9% des suffrages. Une victoire qui apparaît toutefois mitigée en raison du faible taux de participation et du score non négligeable du Front du Non…
Depuis la clôture des bureaux de vote, dimanche soir à 18 heures, les résultats officiels du référendum constitutionnel se font attendre. Selon Abdoulaye Daouda Diallo, le ministre de l’Intérieur, leur proclamation par la Commission nationale de recensement devrait intervenir au plus tard 72 heures après le scrutin, soit mercredi 23 mars avant 18 heures locales. Lors d’une conférence de presse tenue à Dakar, mardi 22 mars, il a tout de même livré « les tendances enregistrées par [ses] services » au vu des informations transmises à l’échelon départemental.
Référendum atypique
« Aujourd’hui, le courant du Oui remporterait le scrutin autour de 62,9% », a-t-il déclaré. Quant au taux de participation, il l’estime à 40,42%. Selon un décompte détaillé émanant du « présidium du Oui”, qui recoupe à quelques décimales près celui du ministre Diallo, le Oui l’emporterait dans 42 départements sur 45.
Le Oui l’a emporté dans la plupart des fiefs respectifs des ténors du Front du Non
Dès dimanche soir, un proche du président Macky Sall ne dissimulait pas sa satisfaction en découvrant les premières tendances de ce référendum atypique, qui avait pris des allures d’élection présidentielle anticipée. Car outre l’approbation du projet de révision constitutionnelle par une majorité de Sénégalais, le Oui l’a emporté dans la plupart des fiefs respectifs des ténors du Front du Non.
Les socialistes Khalifa Sall et Barthélémy Dias ont ainsi été désavoués dans leurs bastions dakarois ; Malick Gakou (le Grand Parti) n’est pas parvenu à imposer le Non à Guediawaye, dans la banlieue de la capitale ; si Idrissa Seck (Rewmi) a su maintenir son emprise sur la ville et sur le département de Thiès, la région, en revanche, bascule dans le camp du Oui ; Abdoulaye Baldé (UCS), le maire de Ziguinchor, perd du terrain dans la Casamance occidentale, dont les trois départements ont voté Oui ; dans le département de Podor, dont elle est maire, la « nonistes » socialiste Aïssata Tall Sall essuie un cuisant revers (11,39%) ; quant à Oumar Sarr (n° 2 du PDS), il voit le Oui l’emporter dans le département de Dagana (67,19%).
La fronde du pays mouride
La victoire du Oui, qui profite incontestablement à Macky Sall, est toutefois entachée par un taux de participation relativement faible, qui tourne autour de 40%, et par le score malgré tout non négligeable des partisans du Non. À titre de comparaison, le précédent référendum constitutionnel, initié par Abdoulaye Wade en 2001, avait mobilisé 65,7% des électeurs inscrits et le Oui l’avait emporté à 94%. En décomptant les abstentionnistes, c’est donc en réalité 25% du corps électoral qui ont approuvé la réforme des institutions proposée en 2016.
Autre revers symbolique pour le chef de l’État, la fronde du pays mouride. Dans la ville sainte de Touba, le département de Mbacké et la région de Diourbel en général, le Non l’emporte nettement malgré les efforts déployés par le camp présidentiel pour susciter la bienveillance des dignitaires religieux envers le projet de réforme. Une tendance lourde au sujet de laquelle une source à la présidence de la République admet s’interroger.
Mehdi Ba
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