Le procès qui s’est ouvert le 5 juin en République démocratique du Congo (RDC) devrait être scruté de près. Il s’agit du premier portant sur de possibles massacres commis contre des civils dans les provinces méridionales du Kasaï.
En février dernier, une vidéo qui circulait sur les réseaux sociaux montrait des soldats congolais tirer, parfois à bout portant, sur des miliciens présumés, pour la plupart désarmés.
Les faits avaient eu lieu à Mwanza Lomba, et plus précisément dans la localité de Bena Tshikasu, dans le Kasaï central, en décembre 2016.
Les autorités congolaises l’avaient d’abord qualifiée de « montage grossier ». La justice militaire s’était finalement emparée de cette affaire.
Neuf militaires congolais sont désormais inculpés pour cette tuerie. Un procès public a démarré le 5 juin à la mairie de Mbujimayi, chef-lieu de la province du Kasaï oriental.
Quatre jours à peine après l’ouverture du procès ce vendredi, l’audience devrait être consacrée au réquisitoire du ministère public et à la plaidoirie de la défense. Dans le box des accusés: sept militaires des forces armées congolaises. Deux, toujours en fuite, sont jugés en leur absence. Huit d’entre eux sont accusés de crime de guerre par meurtre, mutilation, traitement cruel, inhumain et dégradant.
Un neuvième militaire est quant à lui accusé de non-dénonciation d’une infraction commise par des justiciables ou des juridictions militaires. Il serait le premier à avoir reçu la vidéo de la tuerie sur son téléphone.
Procès au pas de charge
Lors des deux premiers jours du procès, le ministère public a interrogé les prévenus. Le commandant des opérations a reconnu que ses soldats avaient tué des hommes et des femmes. Mais il refuse de les qualifier de « civils ». Pour lui, il s’agit de « miliciens ».
Il s’est en revanche révélé incapable de dire combien de personnes ses hommes ont tués. Il insiste : la 21e région miliaire les a envoyés dans la région de Mwanza Lomba, au Kasaï central, pour mettre en déroute les éléments fidèles au chef coutumier Kamuina Nsapu sur ce territoire.
Les militaires connaissaient-ils l’existence de la vidéo ? Les réponses sont contradictoires. Son auteur affirme avoir informé ses compagnons et la leur avoir montrée. Faux, répondent les autres.
Le 5 juin, la vidéo a été visionnée à huis clos par la cour, les avocats et les accusés. En deux jours et avec sept accusés, la confrontation sur le fond a été menée au pas de charge.
Cette rapidité inquiète les observateurs, qui veulent s’assurer que le procès est équitable. Les avocats de la défense qui avaient demandé plus de temps pour s’imprégner du dossier n’ont pas été entendus.
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