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Présidentielle en Angola : quelques chantiers du futur président

Les résultats des élections législatives de ce mercredi 23 août en Angola sont attendus pour, au plus tôt, ce vendredi 25 août. Le parti en tête désignera le président de la République, qui succèdera à José Eduardo dos Santos, au pouvoir depuis 38 ans. Tour d’horizon des principaux dossiers que le futur président angolais.

Les résultats des élections ne sont toujours pas connus en Angola. La Commission électorale s’est donnée vingt-quatre heures pour les publier alors que, d’ores et déjà, l’Unita, le parti d’opposition historique, dénonce des fraudes en province et notamment à Huambo, où des bulletins déjà remplis auraient été découverts.

Dans les quartiers populaires de Luanda, considérés comme plus favorables à l’opposition, des électeurs n’ont pas pu accéder à leurs bureaux de vote, la Commission électorale les renvoyant vers d’autres bureaux éloignés de plusieurs dizaines de kilomètres. Un phénomène déjà constaté en 2012 et qui pourrait grossir les chiffres de l’abstention.

Ces élections législatives, à l’issue desquelles sera désigné le président de l’Angola, sont considérées par nombre d’observateurs comme jouées d’avance et acquises au MPLA, le parti-État au pouvoir depuis 42 ans. Quel que soit le nom du futur président, qui succèdera à 38 années de présidence de José Eduardo dos Santos, il aura fort à faire pour sortir le pays de l’ornière de la crise économique.

• Sortir d’une crise économique sans précédent

L’Angola est le second producteur de pétrole du continent africain. Mais, en partie en raison d’une économie reposant quasi exclusivement sur la rente pétrolière, l’Angola a pris de plein-fouet la baisse des prix du pétrole. Le pays, qui est aussi le cinquième producteur de diamant, n’est pas parvenu à diversifier son économie.

Conséquence, le pays est extrêmement dépendant des importations pour une large partie de sa consommation intérieure. Et la crise dans laquelle le pays est plongé depuis 2014 a entraîné des pénuries et les impayés se multiplient, freinant d’autant l’activité des entreprises.

Le cours officiel de la monnaie nationale, le kwanza, n’a pas décroché par rapport au dollar ou à l’euro. Mais sur le marché noir des changes, sa valeur réelle a été divisée par deux. Outre l’inflation, estimée à près de 30% en juillet 2017, sur le pouvoir d’achat des Angolais, la fixation du taux de change a aussi eu pour effet de décourager les importateurs

• En finir avec la prévarication et la corruption

L’Angola est classé à la 164e place mondiale sur 176 par Transparency International. Un classement dans lequel le pays est à égalité avec l’Erythrée. Le MPLA, qui tient le pouvoir depuis 1975, est un parti issu d’un mouvement de libération nationale d’inspiration marxiste-léniniste.

Mais il s’est depuis largement converti à un capitalisme qui profite essentiellement à une frange de l’élite proche du pouvoir. Isabel dos Santos, la fille du président sortant, est considérée comme la femme la plus riche du continent africain. Elle avait notamment été nommée à la tête de la principale entreprise du pays : Sonangol, la principale compagnie pétrolière angolaise.

« Ce n’est pas le manque d’argent le problème de l’Angola. Le problème de l’Angola est un problème de gestion des fonds publics », estime Carlos Rosado de Carvalho, directeur du journal Expansao.

Interrogé par RFI, cet économiste fait d’ailleurs le parallèle entre l’Angola et le Mozambique, deux pays qui compte peu ou prou le même nombre d’habitants – entre 25 et 30 millions – mais avec une différence notable : la présence de pétrole dans le sous-sol angolais. « Même avec la baisse du pétrole, nous avons un PIB cinq fois supérieur au PIB du Mozambique », note Carlos Rosado de Carvalho.

Il juge également que, si le successeur de José Eduardo dos Santos ne prend pas de mesures drastiques pour lutter contre la corruption et la confiscation des richesses du pays par une minorité d’hommes d’affaires liés au pouvoir sortant, « le risque, c’est de ne plus avoir l’argent pour importer des choses. Le risque c’est d’avoir une pénurie. Et si vous n’avez plus rien à manger, il pourrait y avoir des problèmes sociaux »

Ce n’est pas le manque d’argent le problème de l’Angola. Le problème de l’Angola est un problème de gestion des fonds publics. (Carlos Rosado de Carvalho)

Mais prendre des mesures destinées à assainir la gestion publique en Angola, cela suppose, pour le futur successeur de José Eduardo dos Santos, de gêner les intérêts des cinq personnalités les plus riches du pays : deux des enfants du sortant Jose Eduardo dos Santos, deux généraux et l’actuel vice-président. Ainsi que les intérêts de tout un réseau clientéliste. Des universités aux ambassades, aucun observateur ne croit en une révolution du jour au lendemain.

• Répondre aux attentes d’une population jeune

65% des Angolais ont moins de 35 ans, dans un pays où la crise économique provoque un chômage endémique et où les inégalités se creusent entre les classes populaires et la frange la plus riche de la population.

Une jeunesse qui n’a jamais été aussi politisée, selon Juliana Lima, chercheuse à l’université Panthéon-Sorbonne à Paris et spécialiste de la jeunesse angolaise et des mouvements de contestation de l’après-guerre. Pour elle, un élan est apparu en 2011 en Angola, au moment des révolutions arabes.

« Depuis quelques années, il y a eu un retour, après la fin de la guerre, d’une jeunesse qui a été amenée à étudier à l’étranger », explique la chercheuse. Et cette jeunesse, dont une partie a intégré le MPLA, incontournable parti-État en Angola, arrive avec de nouvelles aspirations.

« Contrairement à la vieille garde, la vieille génération du MPLA qui a été formée à Cuba ou en Union soviétique, leurs enfants et petits-enfants ont été formés en Europe », souligne Juliana Lima, qui évoque deux « profils » parmi cette jeune élite : « Un profil qui va plutôt faire jouer les connaissances pour se placer, pas forcément en politique mais dans des fonctions importantes en Angola ; et un autre profil, plus internationalisé, avec une connaissance des questions de démocraties, etc. »

Pour la chercheuse, cette seconde frange de la « jeunesse dorée » qui porte un regard critique sur le régime en place depuis l’Indépendance a « réussi à mobiliser et a fait un travail important auprès de la jeunesse des musseques [bidonvilles, NDLR], des quartiers très pauvres ».

Contrairement à la vieille garde, la vieille génération du MPLA qui a été formée à Cuba ou en Union soviétique, leurs enfants et petits-enfants ont été formés en Europe. (Juliana Lima)

Parmi ces activistes, on peut notamment citer le rappeur Luaty Beirao, qui participe notamment à la plateforme Jiku qui s’est donné pour mission d’observer le scrutin de ce mercredi 23 août.

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