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Orange et Bouygues enterrent leur projet de mariage

Les deux groupes ont mis fin à leurs discussions. Les exigences de l’État actionnaire et les risques sur le plan de la concurrence ont eu raison du projet.

Le rachat de Bouygues Télécom par Orange ne se fera pas. Après une ultime rencontre un peu plus tôt dans l’après-midi entre Stéphane Richard PDG d’Orange et son homologue Martin Bouygues, les deux groupes ont réuni vendredi soir leurs conseils d’administration respectifs, pour la troisième fois en trois jours. Comme l’a révélé lefigaro.fr, ils ont entériné l’échec du projet. C’est la fin de trois mois de négociations presque ininterrompues entre les dirigeants des quatre opérateurs télécoms français, Bouygues Telecom, Orange, SFR Numericable et Iliad propriétaire de Free. «Dans un marché où l’hypothèse d’une consolidation devient désormais durablement exclue, Bouygues Telecom poursuivra sa stratégie stand alone», a précisé le groupe Bouygues.

Il y a dix jours pourtant, les parties étaient bien certaines d’avoir fait le plus dur. Le découpage de Bouygues Télécom, sur la base d’une valorisation de 10 milliards d’euros, entre Orange, SFR et Free était arrêté et le prix des différents actifs accepté, non sans mal, par les repreneurs. L’opération, baptisée «Jardiland» par les nombreux banquiers et avocats qui y travaillaient, semblait donc bien engagée. L’objectif était alors de la conclure au plus tard le 31 mars.

La bataille va repartir

Mais la mécanique s’est détraquée le jeudi 24 mars, dans le bureau d’Emmanuel Macron à Bercy. Le Ministre de l’Économie et Martin Vial, le patron de l’Agence des participations de l’État (APE) qui détient avec BPIfrance 23% du capital d’Orange, ont fait part de trois exigences jugées inacceptables par Martin Bouygues. Ils ont ainsi conditionné l’entrée de Bouygues au capital d’Orange à un prix plancher de 18,5 euros par action alors que les parties négociaient jusque-là à 17 euros (l’action cotait 15,40 euros en bourse vendredi). En renchérissant le prix de d’Orange, Emmanuel Macron a réduit mécaniquement la valeur de Bouygues de plus de 10%. «Au vu de la création de valeur qu’aurait permis cette opération pour chacune des parties, les conditions financières posées par l’APE étaient legitimes. Mais ces sujets n’etaient pas au centre des discussions ces derniers jours.», juge-t-on à Bercy.

Deux autres clauses sont restées en travers de la gorge de l’homme d’affaires: l’interdiction pendant 7 ans pour Bouygues de monter au capital d’Orange, ainsi qu’un gel des droits de vote double pendant 10 ans. «Nous avons été constants dans nos positions», explique-t-on à Bercy. «D’une part, nous souhaitions que la consolidation ne se fasse pas au detriment de linvestissement, des consommateurs, et de l’emploi. D’autre part, l’Etat a la responsabilité comme actionnaire de référence d’orange de préserver ses intérêts patrimoniaux.» Pour Emmanuel Macron, pas question donc que l’État perde sa minorité de blocage en assemblée générale. Mais pour Martin Bouygues, il était inacceptable d’être relégué en position d’actionnaire minoritaire et sans influence chez Orange. Un scénario incompatible avec sa volonté de poursuivre, au travers d’une participation au capital de l’opérateur historique, son histoire dans les télécoms entamée il y a plus de vingt ans.

Dès le week-end de Pâques, marqué par trois jours de négociations intensives, la décision de Martin Bouygues était peut-être déjà prise. Les pressions amicales notamment de l’Élysée et de Matignon pour l’inviter à faire un effort, ne l’ont pas fait varier. Manuel Valls aurait même demandé à rencontrer les deux PDG d’Orange et Bouygues pour tenter une ultime médiation. Elle n’aura pas lieu.

Il faut dire qu’une autre difficulté sérieuse hypothéquait la négociation: le risque de déraillement de l’opération devant l’Autorité de la concurrence. Les trois acheteurs de Bouygues Telecom, et le vendeur, devaient s’entendre sur la prise en charge par chacun du coût de chacun des aménagements – les fameux «remèdes» – qu’aurait pu exiger le gendarme de la concurrence.

Enfin, ces discussions ont été rendues difficiles par les tensions préexistantes entre les différents protagonistes, et notamment entre Martin Bouygues, et Xavier Niel.

Avec cet échec, la bataille entre les opérateurs devrait reprendre de plus belle. Si les clients peuvent s’en féliciter, les entreprises et leurs salariés pourraient souffrir car les marges sont réduites et les investissements très importants. Ils se privent également des 5 à 10 milliards de marges supplémentaires à trois ans procurées par le passage de quatre à trois opérateurs. Mais les Bouygues Telecom, Orange, SFR et Free ne sont pas les seuls perdants. L’État aussi. Il n’encaissera pas 1,3 milliard d’euros de recettes fiscales sur les plus-values de cessions et de droits d’enregistrements liées à la vente à la découpe de Bouygues Télécom.

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