Muhammadu Buhari n’a pas ménagé sa charge à l’encontre de l’opérateur sud-africain. Mardi, le président nigérian a estimé que MTN a aidé l’insurrection islamiste de Boko Haram en ne désactivant pas des millions de cartes SIM anonymes.
« La priorité du gouvernement fédéral est la sécurité, pas l’amende imposée à MTN« , a ajouté Muhammadu Buhari. Le président nigérian a pour la première fois commenté cette affaire mardi, lors d’une conférence de presse conjointe avec son homologue sud-africain Jacob Zuma, en visite d’État au Nigeria pour rapprocher les deux poids lourds de l’économie africaine.
En octobre, l’Autorité des communications du Nigeria (NCC) a infligé au géant sud-africain des télécommunications MTN une amende record de 3,9 milliards de dollars pour ne pas avoir désactivé 5,1 millions de cartes SIM. Tous les opérateurs de téléphonie mobile du Nigeria avaient été invités à la mi-2015 à désactiver les cartes attribuées à des abonnés non-identifiés pour des raisons de sécurité.
La lenteur de MTN « a joué contre les victimes » de Boko Haram
MTN, qui a déjà versé 250 millions de dollars et retiré son action en justice contre les autorités nigérianes, tente d’obtenir un arrangement à l’amiable.
« Vous savez que les cartes SIM anonymes sont utilisées par les terroristes (…) c’est pour ça que la NCC a demandé à MTN, à Glo et aux autres d’identifier les numéros de portables. (…) Malheureusement, MTN a été très lent et cela a joué contre les victimes (de Boko Haram). C’est pourquoi la NCC a consulté la loi et leur a imposé une amende », a-t-il poursuivi.
MTN a annoncé la semaine dernière une chute de plus de 50% de son bénéfice par action en 2015, en raison notamment d’une provision enregistrée pour faire face à l’amende. D’autres filiales d’entreprises sud-africaines ont déclaré avoir été stigmatisées au Nigeria depuis cette affaire.
Le dossier MTN passé sous silence
Loin de vouloir aborder les sujets qui fâchent, Pretoria, qui vantait à la veille de cette visite les « bonnes relations bilatérales sur le plan politique, économique et social », évoquait plutôt d’éventuelles retombées commerciales.
Accompagné d’un grand nombre de ministres et d’une délégation d’hommes d’affaires, Jacob Zuma a annoncé, après avoir rencontré son homologue nigérian, que « plus de 30 accords bilatéraux » avaient été signés. Parmi les domaines de contrats signés : le commerce, l’industrie, les transports, l’énergie, la défense, la sécurité et l’immigration, entre autres ».
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