Abubakar Shekau refuse de se plier à la décision de l’EI de le remplacer à la tête de Boko Haram. Dans une vidéo postée sur YouTube, il affirme continuer à jouer son rôle au sein de ce groupe terroriste. Mais pourra-t-il tenir dans cette guerre de leadership face à Abu Musab al-Barnawi, qui lui, a la caution de Daesh ?
Abubakar Shekau joue sa survie
Abubakar Shekau sait que les jours à venir seront très tumultueux pour lui et la secte islamique. En effet, le successeur deMohammed Yusuf (fondateur de Boko Haram) n’entend nullement céder aucune parcelle de son pouvoir à quiconque, fût-il nommé par Abou Bakr al-Baghdadi (le calife de l’EI). Ainsi, a-t-il martelé : « Moi, Abubakar Ash-Shakawy (Shekau), leader de Jama’atu Ahlissunnah Lidda’awati Wal Jihad, fais du combat contre le Nigeria et contre le monde entier une responsabilité personnelle. » Par cette déclaration, ce chef jihadiste annonce clairement sa volonté de continuer à diriger son organisation, contre vents et marées. De même, a-t-il décidé de se braquer contre Daesh auquel il avait pourtant prêté allégeance le 7 mars 2015. Il va plus loin en interdisant dorénavant les « émissaires de l’EI » dans son fief de Maiduguri.
La messe semble toute dite. Dans un sens comme dans l’autre, Shekau joue sa survie et il en est bien conscient. La guerre terroriste qu’il a déclenchée au Nigeria et dans les autres pays du bassin du lac Tchad se poursuit. Les pays concernés ont mis en place la Force multinationale mixte (FMM), une coalition militaire qui monte en puissance. Alors, en voulant se mettre à dos Daesh, il pourrait subir des représailles des hommes d’al-Baghdadi qui voudraient lui imposer sa succession. Le voilà donc pris entre deux étaux dont l’issue pourrait lui être fatale.
La fin annoncée d’Abubakar Shekau ?
Mais se refusant à ce scénario tragique, il semble s’attirer d’autres faveurs : « Je n’ai aucun désir de tuer nos frères musulmans. » Mieux, il voudrait renouer des contacts avec al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi). Quoi qu’il en soit, Abubakar Shekau pourrait, comme le scorpion, être victime de ses propres dards. Car il connait mieux que quiconque l’issue la plus probable d’un terroriste : une mort tragique. Même s’il tente de montrer sa détermination par des rafales de mitrailleuse tirées en l’air, sa fin prochaine le hante de plus en plus.
Avec sa destitution en août 2016 et son remplacement par Abu Musab al-Barnawi, celui qui s’autoproclame Imam de Boko Haram sait qu’il n’a plus la confiance de l’État islamique. Il est jugé trop extrémiste par ses parrains qui lui reprochent d’utiliser des enfants pour des attentats-suicides. Il paierait également l’enlèvement des filles de Chibok qui a causé une vague d’indignation à travers le monde. Et comme un gibier de potence, sa tête pourrait être bientôt mise à prix par ses alliés d’hier. Ainsi va la vie chez les marchands de la mort…
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