L’agence de notation a baissé d’un cran la note souveraine du Nigeria, passée de « Ba3 » à « B1 », avec une perspective stable. Celle de l’Angola, en revanche, perd deux crans, passant de « Ba2 » à « B1 ».
Dans deux rapports publiés le 29 avril, l’agence de notation américaine Moody’s a abaissé les notes souveraines du Nigeria et de l’Angola à « B1 », premier échelon dans la catégorie des obligations dites « hautement spéculatives ». Elles avaient été placées sous surveillance négative début mars.
La note souveraine de la première économie du continent sort de la catégorie jugée moins risqués des obligations dites « non-investment grade spéculative », où se trouve le Maroc (« Ba1 »), la Côte d’Ivoire ou la Tunisie (« Ba3 ») et est désormais au même niveau que celles du Sénégal, de l’Ouganda et du Kenya.
Recul de deux crans pour l’Angola
Celle de l’Angola a reculé, elle, de deux crans. Une chute sévère, qui reflète, explique Moody’s « une détérioration » des équilibres extérieurs de l’Angola, certes de même nature que celle enregistrée par le Nigeria, mais plus « accrue » que cette dernière.
« La chute du prix du pétrole a mis à jour les faiblesses structurelles des comptes publics et de l’économie de l’Angola », explique Moody’s.
Dans le cas de l’économie nigériane, Moody’s souligne que le pays a enregistré une balance des comptes courants déficitaire de -3 % du PIB, « une première en plus de dix ans ». Elle est attendue à -2,3 % en 2016, prédit Moody’s. Un déficit qui a exercé une forte pression sur la monnaie nationale, le naira, que le gouvernement a tenté de stabilisé à 197 unités pour un dollar américain, après l’avoir dévalué en 2014, imposant de nombreuses limites à l’accès aux devises étrangères et à la circulation des capitaux.
Des mesures qui n’ont pas empêché la dévaluation du naira sur les marchés informels et ont exercé une nette pression sur les réserves en devises étrangères. Ces dernières ont chuté de -6 milliards de dollars en un an, à 28,4 milliards de dollars fin 2015. Elles n’étaient que de 27,7 milliards de dollars début avril et pourraient baisser à 25 milliards de dollars fin 2016, selon Moody’s.
Déficit jumeaux
En ce qui concerne l’Angola, le recul enregistré est encore plus sévère, rappelle l’agence new-yorkaise. « La chute du prix du pétrole a mis à jour les faiblesses structurelles des comptes publics et de l’économie de l’Angola », explique Moody’s.
Affectées par le recul des revenus du pétrole, les recettes publiques, mesurées en pourcentage du PIB, ont baissé de -16 points entre 2013 et 2015.
Sur la même période, l’économie angolaise est passée d’une situation d’excédent budgétaire et commercial à un déficit fiscal (de +0,3 % du PIB en 2013 à -1,6 % du PIB en 2015) et à un déficit de la balance des comptes courants (de +6,7 % du PIB à -5,7 % du PIB).
Si à l’inverse d’Abuja, Luanda a laissé sa monnaie chuter face au dollar américain (-56 % depuis début 2015), cela s’est fait au prix d’une hausse de l’inflation, passée de +7,7 % en décembre 2013 à +23 % en mars 2016, et d’une augmentation du coût de la dette.
Le service de la dette est ainsi passé de 2 % des revenus publics en 2013 à 8,2 % en 2015, tandis que la proportion de l’endettement public libellé en devises étrangères a crû de 40 % à 51 %.
Perspectives
Moody’s a accompagné la baisse de la note du Nigeria d’une perspective « stable ». L’agence américaine estime qu’en dépit des pressions exercées sur les comptes extérieurs du pays, ce dernier dispose d’avantages suffisamment nombreux : son ration d’endettement est à 16 % du PIB, contre un niveau médiane de 53 % parmi les pays notés « B1 », tandis que son « indicateur de vulnérabilité externe » tel que calculé par Moody’s est à 31 %, contre une valeur médiane de 57 % dans cette catégorie de pays.
L’agence de notation s’avère toutefois moins optimiste dans le cas de l’Angola, dont la note est accompagnée d’une perspective « négative », ce qui laisse la porte ouverte à une nouvelle dégradation.
« La perspective négative reflète principalement les pressions actuelles sur le Kwanza et sur les réserves officielles de change qui résultent de déséquilibres dans le marché des changes et qui augmentent quelque peu le risque d’une crise de la balance des paiements », explique Moody’s, qui ajoute que « les options du gouvernement pour reconstituer les réserves [de change] ont diminué ».
Toutefois, le succès des négociations de prêts avec le FMI, en cours, permettrait de renforcer ces réserves et de stabiliser, un peu, la situation extérieure de l’Angola, espère l’agence américaine.
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