Dans un village de l’ouest Cameroun il existe un hôpital baptisé « Hôpital des plaies ».
Unique dans le pays en matière de soin des plaies, cette structure se fait appelé « hôpital des plaies inguérissable » par les malades.
Situé au lieu-dit Baleveng, 40 Km de Bafoussam, capitale de la région de l’ouest Cameroun, sur l’axe qui relie cette ville à celle de Dshang, les malades viennent de tous les coins du pays pour faire soigner des plaies qui résistent à la guérison depuis parfois plus de 20 ans.
Construite sur près de 400 m2, c’est une maison d’habitation transformée en hôpital.
Il est constitué de trois petits bâtiments et d’un bloc administratif très en deçà de la qualité des structures que l’on retrouve dans les grands hôpitaux du Cameroun.
Mais au quotidien, les malades défilent pour y soigner des plaies qui résistent à la guérison.
De vieilles plaies
Depuis 22 ans, Pierre Marie traine sur sa jambe droite une plaie.
Malgré son passage dans des hôpitaux réputés, l’homme de 55 ans reçoit aujourd’hui des soins dans cet hôpital et l’os à problème guérit progressivement.
« Cela a commencé en 1994 par les petits points au niveau de ma jambe droite. C’est à ce niveau que la blessure a commencé à se développer. Au fur à mesure la blessure devenait grosse. Je suis allé à l’hôpital de Mbingo je n’ai pas trouvé la guérison, on a dit qu’on va couper mon pied. Mon frère m’a dit de ne pas accepter, il faut aller à l’hôpital des plaies. Je suis ici j’ai repris le traitement ce centre travaille beaucoup », indique le patient
Dans cet hôpital des plaies le personnel est essentiellement constitué d’infirmières.
C’est l’oeuvre d’un médecin camerounais spécialistes des plaies et cicatrisation qui réside en France.
Pour soigner les malades on y pratique souvent la télémédecine sur des patients porteurs de plaies chroniques en partenariat avec le C.H.R.U de Montpellier.
Mais, au préalable certains examens sont effectués dans des hôpitaux de référence du Cameroun.
Selon Laure, une infirmière de cet hôpital des plaies, le centre reçoit chaque semaine des dizaines de malades.
La soignante affirme que les plaies prises en charge sont parfois vielles de plus de 20 ans.
« Ici nous nous occupons uniquement des plaies. Nous recevons 45 à 50 malades par jour. Nous avons les plaies chroniques et aigües. A travers l’histoire passé du malade nous essayons de déterminer les causes des plaies. La plaie peut être récente ou ancienne, nous avons les plaies de 10, 20 et même 30 ans. Quand un malade arrive, il fait ces examens pour que nous puissions savoir quel type de traitement lui administrer, il y a des cas qui vienne que nous ne pouvons pas faire seul, par exemple nous ne faisons pas de curetage dos ici, nous sommes obligé d’abord d’envoyer nos malade à Bafoussam, Bamenda et quand il revient on continue le traitement », témoigne l’infirmière qui ajoute que la plupart des malades ne connaissent pas ce centre, ils nous expliquent comment ils ont parcouru les hôpitaux, les marabouts avant d’être au courant de l’existence l’hôpital des plaies.
Un traitement cher
Loin de cet hôpital, nous avons rencontré Victorine.
Victime d’un accident de circulation qui lui a couté le bras droit, ces blessures se sont cicatrisées après son passage à l’hôpital des plaies.
« J’ai perdu mon bras et tous le coté de la fesse droit et mes jambes. J’ai fait six mois à l’hôpital de Badjoun. Aprés, je suis allé à l’hôpital des plaies, toutes les blessures que j’ai ramené se sont cicatrisées. Mais il faut aider les malades qui n’ont pas de moyens », dit-elle.
Soigner sa plaie ça peut couter cher.
En 6 mois Joel Seraphin dit avoir déjà déboursé 375.000Fcfa, et il n’est pas au bout de sa peine
« J’ai déjà passé 5 ans avec cette blessure, et six mois ici à l’hôpital des plaies. Ce n’est pas facile de payer ses soins, c’est cher à mon niveau, je suis à 375000 FCFA. La plaie guérit et ça revient encore », se plaint-il.
Dans les villages au Cameroun, on voit souvent derrière les plaies dites « inguérissables », le mauvais sort ou une punition divine. La plupart des malades arrivent à l’hôpital après un long séjour chez les guérisseurs. C’est le cas de pierre Marie et de Jules.
« Imaginé vous quand tu souffres d’une maladie depuis 6 ans tu es à l’hôpital il n y a pas de solution, les gens ont dit qu’on m’a jeté un sort et je suis allé chez le guérisseur, ils m’ont pris de l’argent, ont acheté les chèvres pour les sacrifices, mais les potions qu’on m’administrait ne faisait qu’augmenter la maladie. En Afrique nos écorces sont très efficaces, c’est à base de ça qu’on fabrique des médicaments moderne. J’ai essayé de soigner ma blessure par ces écorces ça n’a pas donné », explique-t-il.
Depuis près d’une décennie, cet hôpital qui travaille avec les plus grands spécialistes des plaies complexes en France tente de donner espoir à ceux qui trainent ces vielles plaies aux origines diverses.
Fréderic Takang
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