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Le peuple camerounais doit refuser l’esprit de guerre dans lequel on veut nous enfermer…

par Dr Vincent-Sosthène FOUDA socio-politologue

L’esprit de guerre dans lequel certains veulent nous conduire et nous enfermer est un piège. On a voté au Sénat et à l’Assemblée nationale, et ceci nuitamment, une loi liberticide pour empêcher tout débat plus que nécessaire en ces périodes sombres que nous traversons.

Ils veulent nous conduire dans une guerre hors de tout contrôle. Notre devoir est de résister à l’esprit de guerre au nom de nos valeurs, au nom du vivre ensemble.
La France se prépare à intervenir militairement au Cameroun invitée par des Camerounais, par des journalistes incapables d’écrire une seule ligne dans un journal, mais prompts à se mettre en treillis. Ne laissons pas les fanatiques du pouvoir, les fanatiques de la guerre nous vaincre !

Ils veulent nous convaincre que c’est une nécessité d’aller en guerre, ils nous désignent un adversaire que nous ne connaissons pas. Ils veulent nous mener à une guerre totale pour assouvir leur besoin de pouvoir. Cette guerre nous mène à l’impasse, au chaos.

Le Cameroun est pris dans un engrenage dangereux. Mais le sursaut est possible si chacun d’entre nous a à cœur de répondre à l’appel du Cameroun.
Premièrement, sortons du piège de l’affrontement.

Car c’est une constante de notre histoire. Notre pays est, depuis toujours, prompt aux divisions, parce qu’il a la passion de la querelle et des idéologies. On y rejoue des guerres civiles larvées, on y traque l’ennemi de l’intérieur, on y dresse des murailles entre bons et mauvais Camerounais, entre cléricaux et laïcs, entre les ethnies et les tribus. Jamais on n’a essayé de retrouver l’esprit des pères fondateurs, des nationalistes qui n’ont eu pour seul et unique objectif que de forger un Etat-Nation.
Deuxièmement, refusons l’aggravation de la coupure entre le peuple et les élites.

Nous assistons tous les jours à des affrontements qui séparent plus qu’ils ne rassemblent. Entre une élite qui veut tout, qui prend tout et un peuple qui désire tout, qui a besoin de tout. C’est une image insupportable parce que la vie n’est pas un jeu de domino ! Faire de la politique c’est se mettre au service de ses concitoyens et non les asservir. Nous voyons chaque jour où nous conduit la cupidité de nos dirigeants, FECAFOOT, ENEO, les accidents de la route… Nous sommes témoins de tout ce que certains peuvent faire pour se maintenir aux affaires. Ils ne reculeront devant rien et encore moins devant le massacre d’innocents.
Troisièmement, refusons le repli sur soi pour trouver toute notre place dans la mondialisation.

Notre pays est la locomotive de l’Afrique centrale. Alors, nous devons donc nous ouvrir sans avoir peur de nous perdre. Ce qui est valable pour notre pays l’est aussi pour le parti que je conduis. Nous avons besoin du soutien de tous et de chacun avec en arrière-plan que, seuls, nous ne réussirons jamais. Il est temps de nous donner la main les uns aux autres pour pouvoir gagner et relever tous les défis qui sont là devant nous.

N’attendons pas tout de l’Etat, il nous dira qu’il fait ce qu’il peut. Nous devons puiser au plus profond de nous la lucidité et l’envie de vivre pour traduire tout ceci en actes politiques, individuels et associatifs ; nous sommes un pays des bikoans, des tontines. C’est à nous de refuser d’être noyés à la fois par un pouvoir autoritaire qui ne sait plus où donner de la tête et par les petits malins qui ne visent qu’à nous asservir encore plus que nous le sommes déjà. Notre vraie armée c’est nous, c’est cette force que nous avons en nous, c’est notre capacité de dire : non, ça suffit ! C’est à nous de nous mobiliser pour inventer un autre chemin, un chemin autre que celui de l’affrontement. Le Cameroun est un et indivisible, non seulement par ses ethnies, mais aussi dans ses trois religions : les religions traditionnelles de nos pères, l’Islam consolidé dans notre pays depuis le 18 ème siècle avec une tradition de non-violence, le christianisme depuis 1843. Il n’y a pas un Cameroun des religions traditionnelles, il n’y a pas un Cameroun des conquêtes musulmanes d’Ousmane Dan Fodio, il n’y a pas un Cameroun des missionnaires baptistes, il y a le Cameroun avec ses tribus, ses ethnies, ses peuples qui croient et qui vivent ensemble.

Ce ne sont pas les marches qui font de nous un peuple. La preuve en est que celles qui sont organisées çà et là sont des échecs jusqu’à ce jour. Tout ce qui est fait sans le peuple se fissure au gré des ambitions des manipulateurs, de leurs noires ambitions… Nous sommes l’assurance de stabilité de notre pays, une assurance exempte de haine, d’esprit de vengeance et de peur. Chacun de nous porte en lui cette envie de vivre, cette étincelle de protection et de responsabilité vis-à-vis de l’autre, de son prochain, c’est un devoir !

Non, le Cameroun n’est pas en guerre ! Il est poussé vers la guerre par ceux qui ne pensent qu’à filmer les hommes, les femmes et les enfants qui tombent, la tête fendue d’un coup de sabre ou la poitrine trouée d’une balle. Nous devons nous souvenir d’une chose : aucune guerre n’a jamais mis fin à une guerre ! On finit toujours par se mettre autour d’une table et à négocier.

Les enfants de Kolofata sont les enfants du Cameroun, ils ont des mamans qui les ont aimés, des pères qui les ont aimés et qui les aiment encore ; leurs mamans les ont aimés pendant de très longues années, ils ont été nourris au sein maternel, ils sont adorés comme savent adorer les mères de cette partie de l’humanité. Voilà pourquoi au lieu de foncer tête baissée vers une guerre qu’on voudrait inévitable, le Cameroun se doit d’ouvrir dès maintenant une perspective de dialogue et de réconciliation en interne.

Ceux qui veulent le pouvoir par la guerre veulent ouvrir un trou dans lequel on va jeter les enfants des hommes comme des chiens crevés après avoir été éventrés par un boulet, piétinés, écrasés, et mis en bouillie par les charges venues d’un monde qui n’est ni le leur ni le nôtre. Comme la France avec Alfred de Vigny nous pensons qu’il n’est point vrai que la terre soit avide de sang, la terre camerounaise a beaucoup donné en terme de martyrs. Elle ne réclame au ciel que l’eau fraîche de ses fleuves et la rosée pure de ses nuées. Oui, juste des hôpitaux pour nos malades, juste des écoles pour nos enfants, juste des routes pour évacuer la production de la force de nos bras, juste des livres, juste des salles de spectacles, juste le minimum dont tout humain a besoin pour s’épanouir. Non, la paix et le bonheur, la gloire et l’amour du monde ne sauraient être la honte des nations. Demain, le Cameroun se mettra debout et marchera sur ses deux jambes si ses fils et ses filles tournent le dos à la guerre et se mettent résolument au travail : celui qui construit, qui tient compte de tous ; et ceci est encore possible, car voyez-vous, la guerre est comme l’égoïsme, l’Ebola si vous voulez. Elle déshonore le genre humain ne serait-ce que parce qu’elle le défigure.

Oui, il est temps de faire triompher les principes républicains, notamment le sens du mérite et l’égalité des chances dans ce triangle national qui depuis 40 ans a un ascenseur social en panne. Apprenons à nous respecter et à respecter la vie et le cycle infernal de la guerre disparaîtra de lui-même !

i) Auteur de Eglises chrétiennes et Etats-Nations en Afrique, un couple tenté par l’adultère (préface du prof. Nandini Heath), Paris, L’Harmattan, 2005.

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