À la 20e édition du Festival international de film africain Écrans noirs à Yaoundé, au Cameroun, un thème domine dans la compétition internationale : la lutte contre les injustices. Exemple avec « Larmes de Satan » du réalisateur Hicham El Jebbari. Un thriller marocain qui aurait sans doute été censuré il y a quelques années.
Brisé, hagard, Hassan sort de prison, après 18 ans de détention arbitraire. Il se lance dans la traque d’un de ses tortionnaires, un militaire tombé en disgrâce. Le réalisateur marocain Hicham El Jebbari – également directeur artistique du Théâtre national Mohamed V – livre une réflexion unique sur les années de plomb au Maroc.
Qu’est-ce qui se passe si on n’accepte pas la réconciliation ?
« On peut dire que c’est un peu la vision d’une génération qui a assistée, tout jeune, aux événements de l’année du plomb, de la fin des années 1970 aux années 1980. Le film Larmes de Satan est une question qui se pose : qu’est-ce qui se passe si on trouve un des ex-détenus politiques qui n’a pas accepté la réconciliation et qui veut se venger de son bourreau ? »
Avant d’organiser sa vengeance, Hassan, l’ex-détenu, faisait face au mutisme de sa femme. Le militaire, lui, avait caché la vérité à sa famille. Hicham El Jebbari filme les non-dits de l’histoire marocaine.
Le manque total de communication
« La difficulté de cette période-là est le manque total de communication. Chaque jour, une famille perd un membre de sa famille, on le cherche. Avec la réaction de Hassan de se venger, de kidnapper la famille, commence une communication négative. C’est un moment de poser les questions et de demander des réponses. »
D’abord marqué par la lenteur, une grande économie de mots et de gestes, Larmes de Satanse mue en un road-movie sanglant, implacable, comme la course de l’Histoire.
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