8.2 C
New York
dimanche, avril 28, 2024
Home Débats et Opinions La position de Dieudonné Essomba sur les appels de départ de Paul...

La position de Dieudonné Essomba sur les appels de départ de Paul Biya

Un très grand nombre de personnes se trompent sur la notion de « projet », confondant l’objectif avec le projet lui-même. C’est ainsi que mon mur est inondé d’appels au départ de Biya, accusé d’avoir détruit l’économie camerounaise, d’avoir assassiné un grand nombre de ses compatriotes, de confisquer le pouvoir, d’avoir instauré un régime tribal, etc. Au-delà des aspects excessifs de ces accusations, on ne peut contester qu’elles recoupent assez bien la réalité, et qu’en tout état de cause, ce régime n’a ni le souffle, ni l’intelligence, ni l’énergie nécessaire pour sortir le Cameroun de la mélasse.

Mais dire que ce régime doit partir ne suffit pas : ce n’est qu’un objectif, exactement comme son propre objectif d’émergence dont lui-même ne sait plus quoi faire pour l’atteindre.

A chaque objectif, il faut toujours associer un mécanisme opérationnel, fondé sur des moyens réalistes et susceptibles d’aboutir au résultat. C’est l’ensemble de l’objectif et de son mécanisme qui fonde le projet. Tant qu’un mécanisme opérationnel réaliste, tenant compte de la réalité sur le terrain n’est pas conçu, le départ de Biya n’est qu’un discours vide, une véritable diversion, les jappements d’un chien enragé et impuissant devant une force qui le dépasse.

Lors de mon avant-dernier post, j’ai suggéré que la société civile se trouve un candidat. Pourquoi ai-je porté mon regard de ce côté ? Pour deux raisons essentielles :

1/ Le régime de Biya est déjà très vieux et tous les segments sociologiques savent qu’il est pratiquement à sa fin naturelle. Ce n’est donc pas le moment pour une communauté de faire « l’idiote » en se mettant à dos le vieux président, car celui-ci risque de l’éloigner des centres de décision qui joueront un grand rôle dans la succession. N’oublions pas qu’un poste de vice-président est très probable, et on comprend bien qu’il soit l’objet d’une grande convoitise, car celui qui l’occupe se place immédiatement en pole position. Malheur à la Communauté dont Biya détournera le regard ! Dans leur logique, elle sera d’office exclue de la succession. Pas question donc pour tous les prétendants de manifester la moindre défiance au vieillard, d’où cette folle ambiance de surenchère ;

2/ Nos partis politiques sont trop marqués, soit idéologiquement, soit ethniquement, soit les deux, au point où il est très difficile, dans un temps raisonnablement proche, que l’un d’eux puisse s’imposer au détriment du RDPC. Du reste, ces partis n’ont jamais fait la preuve de leur capacité çà s’unir, et on voit aujourd’hui les atermoiements face à ce qui apparait comme une démarche implacable menée par le RDPC qui ne regarde pas en arrière, n’écoute pas les récriminations qu’il assimile à des piaillements de moineau, et mènera son projet de révision constitutionnelle et d’élection anticipée jusqu’au bout, sans la moindre hésitation.

Dans ces conditions, que faut-il faire ? Hurler à tue-tête que Biya est un dictateur et qu’il doit partir ? Biya est un ogre et il doit partir ? Biya est un assassin et il doit partir ? Quand on se sera égosillé à le dire, on aura avancé en quoi ? Le départ de Biya est un objectif qui doit être appuyé par une démarche opérationnelle. Quelle est cette démarche ? Moi, j’ai fait une proposition, d’autres pourraient présenter des alternatives : c’est ce travail qu’il faut faire. Nous montrerons alors que nous savons ce que nous voulons. De grâce, mettons plus d’accent sur la démarche, la faisabilité de cette démarche, le coût de cette démarche, et ses chances de succès. Arrêtons avec ces hurlements hystériques de chiens enragés qui n’apportent absolument rien à la problématique.

Evitez de suivre ces hurleurs qui vont de site en site, proclamant leur révolution du NET, assimilant leur comportement névrotique et désordonné à l’action. Il n’y a pas d’action quand il n’y a pas de réflexion, et il n’y a pas d’action quand il n’y a pas d’organisation. Il n’y a pas d’action quand on ne sait pas là où on va, quand on est incapable d’apprécier les forces et les faiblesses de l’ennemi, quand on est incapable de réfléchir pour identifier là où on peut frapper un adversaire et lui faire mal. Réfléchissons sur ce qu’il faut faire, au lieu d’exhaler la haine en mots enflammés et totalement inutiles.

Comments

0 comments

Most Popular

Cameroun/Drame à Nkozoa : Une Femme Tue l’Enfant de sa Voisine pour du Bois

ce 22 avril 2024 Un fait divers tragique s'est produit au quartier Nkozoa à Yaoundé, où une femme a commis l'irréparable...

Cameroun/Assassinat de Sylvie Louisette Ngo Yebel: Son Propre Fils Serait l’Auteur du Crime

Les premiers indices dans l'affaire du meurtre de la journaliste Sylvie Louisette Ngo Yebel pointent vers une conclusion des plus troublantes car...

Cameroun/Drame : Une journaliste assassinée à Yaoundé

le corps sectionné Le troisième arrondissement de Yaoundé, plus précisément le quartier Nsam, a été le théâtre d'une...

Cameroun: accusé de harcèlement par sa cheffe de Cabinet, Judith Espérance Nkouete Messah, Mouangue Kobila la licencie.

Source: Jeune Afrique Alors que le président de la Commission des droits humains du Cameroun est accusé de harcèlement...

Recent Comments

Comments

0 comments