Menacée d’exclusion des Jeux olympiques qui débutent à Rio, le 5 août, la Russie devra confier aux fédérations concernées le soin de valider (ou non) la participation de leurs athlètes aux différentes compétitions.
Dimanche, le Comité international olympique (CIO) a rejeté la demande d’exclusion complète de la Russie aux Jeux de Rio. Deux semaines avant l’ouverture des compétitions, qui débutent le 5 août, ce sont les fédérations internationales qui trancheront, au cas par cas, en fonction du profil – dopé ou pas – des sportifs éligibles. Comme le résume Pierre Lagrue, historien du sport et spécialiste de l’olympisme, le CIO a«comme d’habitude décidé de ne rien décider».
Echantillons sales
Jeudi, le Tribunal arbitral du sport de Lausanne (TAS) avait rejeté l’appel de 68 athlètes russes, qui contestaient leur suspension d’office par la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF). Motif de leur recours : ils ne souhaitaient pas payer pour leur fédération – suspendue par l’IAAF depuis novembre 2015 – largement compromise dans un scandale de dopage unique à l’échelle du sport, en arguant qu’ils étaient propres. Pour rappel, de 2011 à 2015, des sportifs russes ont eu recours au dopage avec la bénédiction, le coup de main et la supervision d’instances censées, sur le papier, faire exactement le contraire. Parmi les personnalités citées dans les différentes enquêtes, Vitali Moutko (le ministre des Sports), Valentin Balakhnichev (le président de la fédération russe d’athlétisme) ou encore Grigory Rodchenkov (ex-patron du laboratoire de Moscou). Ce dernier, qui s’est mis à table en mai dans le New York Times, affirme qu’au moins quinze médaillés russes aux derniers jeux d’hiver étaient chargés, et qu’une petite trappe dans le laboratoire antidopage de Sotchi permettait aux services secrets d’échanger des échantillons sales par d’autres tout propres. Trente sports sont concernés, même le curling. Des sportifs paralympiques sont aussi visés.
Opération «Augias»
Dans son rapport à l’Agence mondiale antidopage (AMA), publié en début de semaine, Richard McLaren, juriste de son état, décortique un système aussi dingue que fascinant, avec, entre autres, l’histoire de cet espion déguisé en plombier pour pénétrer dans les labos et trafiquer les échantillons sales. Interpol s’est mis sur le coup, en mode «on s’occupe du grand ménage». Le nom de l’opération a de la gueule : «Augias» – un roi grec dont Hercule a nettoyé les écuries d’une saleté phénoménale en un seul jour. En 2014, 8000 échantillons de sportifs russes ont disparu, dont 1 417 échantillons trois jours avant la visite d’inspecteurs. Le CIO a aussi rejeté la demande de la lanceuse d’alerte russe Yulia Stepanova – la coureuse de 800 mètres, désormais réfugiée aux Etats-Unis avait dénoncé le dopage dans son pays dès 2014 – de participer aux Jeux en tant qu’athlète neutre.
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