L’opposant gabonais Jean Ping est persuadé que le nouveau président français va « secouer le cocotier ». Emmanuel Macron « ne pourra pas, ne devrait pas et je crois qu’il ne fera pas de la continuité », dit-il, avant de déclarer que le Gabon a toujours été le « prototype de la Françafrique de papa ». L’opposant considère avoir gagné la présidentielle du 27 août 2017, et a écrit dès dimanche soir à M. Macron pour le féliciter, en qualité de président élu.
La lettre de Jean Ping à Emmanuel Macron a été envoyée à 20h10, dimanche 7 mai, dix petites minutes seulement après les résultats officiels de la présidentielle française. « C’est en ma qualité de président élu de la République gabonaise qu’il me plait de vous présenter mes vives et sincères félicitations » écrit-il.
Après cette missive, au constat adressé à l’opposant, qui fait état du fait qu’il n’est pas président, Jean Ping rétorque sur nos antennes : « J’ai dit » président élu « . J’ai été élu président de la République gabonaise. Ali [Bongo] le sait. Les faits sont là. » Extrait :
RFI : Vous imaginez bien qu’Emmanuel Macron ne va pas vous reconnaitre dans les semaines, dans les prochains mois, dans les cinq années qui viennent, président élu de la République du Gabon ?
Jean Ping: Qu’est-ce que vous entendez par là, il ne va pas reconnaître ? Je serai le président de la République du Gabon. Il sera bien obligé de le reconnaitre même s’il ne le voulait pas. En plus, il le veut.
C’est-à-dire ?
Jean Ping : J’ai écrit et dit, en ce qui me concerne, » président élu » parce que je n’ai pas encore prêté serment. Je ne suis pas, effectivement, encore au pouvoir. Lui, il est déjà président.
Jean Ping y croit, profondément. Au Palais du bord de mer, on dit : « Pas de commentaires ». Pour rappel, sur notre antenne, Emmanuel Macron – alors candidat – avait affirmé que « l’élection d’Ali Bongo est pleine d’incertitudes et d’inconnues qui justifient un jugement circonstancié ».
Tous les présidents élus annoncent la mort de la Françafrique, qu’ils ressuscitent dans les six premiers mois qui suivent leurs élections. Est-ce que là, véritablement, on est à un tournant ou à un faux virage, il faut encore attendre quelques mois pour le savoir. (Bertrand Badie, professeur des universités à Sciences po Paris)
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