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Exclusif : les 26 mesures du Minsanté pour stopper les dérèglements des hôpitaux publics

Par Alex Gustave Azebaze. A la suite des affaires Ngo Kana, Koumateke et Nkimih

Comme nous l’a dit un activiste camerounais du droit à la santé, il est possible que ces mesures eussent toujours existé dans le système sanitaire camerounais, comme nous a dit un activiste des droits à la santé au Camerounais. Mais, jusqu’à la révélation par nos soins et l’intense couverture du décès de Dame Nlate Mfomo née Helene Ngo Kana à l’Hôpital général de Douala (HGD) dans la nuit du 9 au 10 janvier 2016, dans les circonstances de prise en charge catastrophiques, à l’affaire de la gestion du séjour de Honorine Nshi épouse Nkimih à l’hôpital central de Yaoundé (HCY) avec une grossesse de quintuplés perdus le 22 mars dernier en passant par le cas absolument terrifiant de dame Monique Koumateke (l), porteuse du grossesse gémellaire, opérée le 12 mars dernier en plein air par une parente, en toute indifférence, à l’entrée du service de maternité de l’hôpital Laquintinie de Douala (HLD), qui des usagers des dits services publics de la santé connaissait vraiment leur existence et pouvait exiger son respect? Pis, quel agent public, du plus haut au plus bas, censés en être imprégnés ne serait-ce que de par leur formation et/ou encadrement, les appliquait?
Que ce soit donc « une simple réédition » comme a cru nous dire notre activiste visiblement dépité qui s’attendait à une mesure législative, telle l’institution d’une Couverture maladie universelle (CMU) tel que souhaitée et demandée par les citoyens et les principaux acteurs de la santé au Cameroun, les nouvelles Directives du ministre de la santé André Mama Fouda, relatives à « l’Accueil, l’Orientation et la prise en charge des Patients dans les Formations Sanitaires Publiques », prises hier 31 mars 2016, à l’issue de séance de travail avec les principaux responsables de la santé publique au Cameroun et après une audience avec le Bureau de l’Ordre national des médecins du Cameroun (ONMC) est sans aucun doute une mini-révolution dans le secteur de la santé publique dont on avait fini par en désespérer de sa réorganisation.
La trentaine de mesures contenue dans ces directives ministérielles reparties en 5 sous-chapitres (1) Accueil et Orientation; (2) prise en charge des patients ; (3) Accès et Sécurité ; (4) Communication et (5) Contrôle et Evaluation apparaît les enseignements tirés des drames de ce premier trimestre 2016 largement médiatisé dont le premier, l’affaire Ngo Kana, jeune médecin de 30 décédée, fut révélée et traitée ici même avant de susciter une mobilisation de l’ordre national des médecins qui ouvrit une enquête confirmant l’essentiel de nos informations sur les manquements intervenus.
Lorsque le cas Monique Koumateke survient mi-mars dernier, et malgré les dénégations officielles du ministre de la santé et des responsables régionaux et locaux de la santé sur la responsabilité du système de santé, exactement comme avant celui de Dr Héléne Ngo Kana, et plus récemment encore, fin mars 2016 le cas des quintuplés du couple Nkimih, dans les coulisses les assurances sont données aux responsables des professions médicales et quelques représentants de la société civile et journalistes suivant ces affaires.
Pour une implication des acteurs indépendants dans le contrôle de l’exécution

D’où par exemple la certitude des dirigeants de l’Ordre médecins qui, régulièrement interpellés par nos soins, n’ont cessé depuis le premier cas dont votre serviteur avait fait une affaire publique, cessé de nous assurer de ce que « ça ne peut plus continuer comme ça ». Mais surtout les assurances que « les choses évolueraient dans le sens d’une meilleure organisation des services publics de la santé dont ces affaires ont révélé des défaillances inacceptables». Ils avaient raison.
Hier matin, en marge de la conférence de restitution de l’enquête de l’ordre des médecins sur le cas Monique Koumateke dont la sortie du ministre de la santé, 24h seulement, en pleine émotion avait suscité une vive controverse, et dont les observateurs avertis ont eu le sentiment que le système médical officiel souhaitait court-circuiter l’ordre des médecins. Les conclusions de l’enquête ordinale, dans le cas Héléne Ngo Kana, « accablantes pour le système sanitaire public » avaient visiblement embarrassé certains milieux officiels du ministère de la santé. Son enquête administrative, conduite par une commission de 3 membres et présidée par le Pr Robinson Mbu, Directeur de la santé familiale, qui, représentant le Minsante à la restitution de l’enquête de l’ONMC, avait révélé des éléments administratifs. Qui contredisaient, naturellement, le rapport de la Commission Leke, et tentait ainsi de blanchir les hôpitaux publics alors mis en cause par la commission Leke dans les termes que finalement ces directives du ministre de la santé reprennent toutes à son compte.
En parcourant ces directives, on croirait en effet reprendre mot pour mot les conclusions mais surtout les recommandations des commissions Leke et Mbede dans les affaires Helene Ngo Kana et Monique Koumate relatives à l’organisation de l’accueil, les urgences, des gardes, de la prise en charge des patients, la communication médicale et du comportement des personnels paramédicaux, entre autres.
S’il faut saluer les directives ministérielles, une question demeure : leur application dans un contexte où l’impunité semble avoir depuis fait son lit. Nul ne comprend toujours pas comment depuis les révélations de ces quelques cas médiatisés, généralement considérés comme la face visible de l’iceberg, aucune sanction, même conservatoire n’a été prise alors même que les directives, par leur tonalité, confirment que les drames observés sont clairement le fait d’une mauvaise organisation interne des hôpitaux concernés. Sans doute attend-on une décision du Président de la république dont certains disent que c’est finalement lui, qui a la haute main sur la carrière des responsables des principaux hôpitaux camerounais.
« Plus Jamais ça » ou le temps de la Couverture maladie universelle !
Parallèlement, autant ces directives rappellent des dispositions élémentaires du service public sanitaire, il persiste la problématique de la qualité du plateau technique dont les différents cas notamment l’absence d’une unité de réanimation fonctionnelle à l’hôpital gynéco-obstétrique de Douala (HGOPD) lors du cas Ngo Kana ; l’incapacité d’un transfert par ambulance médicalisé dans ce même cas de même que dans le cas Monique Koumateke, la polémique sur la disponibilité des couveuses dans le cas des fœtus Nkimih, entre autres. On en vient à sa demander comment tout cela est-il possible quand l’on constate à la fin de chaque exercice budgétaire lors de l’examen du rapport de réalisation de l’exercice antérieure que les dotations de crédit sont consommées à moins de 40% ? Autrement dit le système d’engagement de la dépense publique en vue d’une meilleure couverture annuelle des besoins essentiels des services ne mérite-t-il pas un audit approfondi pour situer les responsabilités et apporter les correctifs nécessaires ?
Enfin, n’est-il pas venu le moment de la mise en place effective de la Couverture maladie universelle (CMU), mesure de justice sociale mais surtout d’avancée du Cameroun vers l’un des principaux engagements dans le cadre des objectifs de développement durables (ODD, ex OMD) ? Selon nos investigations, cette mesure phare, visant à amener les citoyens et citoyennes à choisir le système officiel de santé plutôt que les soins informels (marabouts, charlatans, pasteurs, etc.), tout en assurant la transparence de la gestion de ce secteur névralgique de la vie nationale, serait de nos jours, avec la sécurité des biens et des personnes et l’accès à un emploi rémunéré et décent pour les jeunes, l’une de celle où il existe le consensus le plus large au-delà des appartenances idéologiques, politiques, ethniques ou religieuses.
La CMU est en effet attendue par l’essentiel des praticiens de la santé , qu’ils soient du secteur public ou privé, ainsi que les organisations de la société civile et les partis politiques, aussi bien de l’opposition que de nombreux élus du parti au pouvoir. Le gouvernement camerounais doit pouvoir l’offrir à sa population en cette année 2016 désignée par la 26ème conférence des chefs d’Etats et de gouvernement en janvier dernier à Addis-Abeba comme « l’année des droits l’homme en Afrique avec un accent aux droits des femmes ». Les 3 affaires récentes les plus médiatisées, et qui valent ces directives ministérielles, ont mis en lumière une fragilité indicible des femmes dont le droit à la vie et à la maternité, notamment en donnant naissance à des enfants, est plus que jamais menacée dans un pays à la réputation de répartition toujours peu équitable des ressources publiques collectives.
Alex Gustave Azebaze
Tél : +237 677 528757
E-mail: agazebaze@gmail.com

L’intégralité des directives N°30 – 195 D/MINSANTE/SG du 31 Mars 2016
Relatives à l’Accueil, l’Orientation et la prise en charge des Patients dans les Formations Sanitaires Publique
s

LE MINISTRE

Aux
– Directeurs Généraux des Hôpitaux de 1ère Catégorie
– Directeurs des Hôpitaux centraux et Assimilés (2ème Catégorie)
– Directeurs des Hôpitaux Régionaux et Assimilés (3ème Catégorie)
– Directeurs des Hôpitaux de District (4ème Catégorie)
– Médecins-Chefs de CMA (5ème Catégorie)

Depuis quelque semaines, notre pays vit une actualité médicale fortement médiatisée suite à des événements malheureux survenus dans certains hôpitaux et conduisant à une forte dégradation de l’image de marque de l’Hôpital Public et du Corps médical. Ce qui a pour conséquence une forte tendance à la perte de confiance des malades pour l’Hôpital Public qui est dépeint comme un environnement hostile où il est notamment décrié :
– Le mauvais accueil des patients et leurs proches ;
– Le manque d’orientation et d’encadrement des malades au sein de l’hôpital ;
– Le retard et les défaillances dans la prise en charge des malades ;
– Le rançonnement, le détournement des malades et les circuits parallèles de vente de médicaments et consommables ;
– L’absence de compassion pour les malades en détresse et en état de souffrance physique, morale et ou mentale.
L’humanisme et l’empathie sont des comportements que doit adopter tout personnel soignant en toute circonstance au sein d’une Formation sanitaire dans le respect de l’éthique et la déontologie.
Les dérives ci-dessus imposent la prescription des élémentaires ci-après :
1- Accueil et Orientation :
1-1 Le port du badge d’identification est obligatoire pour tout personnel de la Formation sanitaire
1-2 Les espaces d’accueil et d’orientation des usagers doivent être fonctionnels en veillant à la tenue et à la formation aux bonnes manières du personnel dédié ;
1-3 Les salles d’attente doivent être propres et disposer des bancs, des panneaux d’information et des lieux d’aisance à proximité
1-4 Un plan d’orientation des services et des panneaux indicatifs doivent être bien visibles
2 . Prise en charge et des patients
2-1 La présence du personnel soignant doit être permanent, obligatoire dans tous les services de la Formation Sanitaire
2-2 En cas d’Urgence Vitale, la prise en charge est immédiate et sans condition de paiement préalable
2-3 Les médicaments et consommables médicaux de prise en charge des détresses vitales doivent à cet être disponibles et accessibles 24h/24 dans les services des urgences
2-4 Les rondes, visites et contre visites quotidiennes des médecins sont obligatoires dans les services d’hospitalisation
2-5 La prise en effective de garde par le personnel paramédical, les médecins généralistes et spécialistes est obligatoire, de jour comme de nuit et les jours non ouvrables
2-6 L’équipe de garde est placée sous la responsabilité d’un superviseur designer par le Directeur de la Formation sanitaire et connu de tous. Les zones de garde doivent est aménagées et les commodités prises pour permettre l’effectivité des gardes présentielles
2-7 Les listes des responsables et du personnel de garde doivent être largement diffusées dans tous les services
2-8 Le déplacement d’un malade au sein de la Formation Sanitaire doit être encadré par le personnel
2-9 En cas d’évacuation ou de transfert : les diligences sont de la responsabilité de l’hôpital de départ. La procédure d’évacuation ou de transfert doit se faire dans les conditions de sécurité médicale maximale en collaboration avec l’hôpital d’accueil
2-10 Des réunions de coordination des services et des réunions interservices conduites par le Directeur de la Formation Sanitaire doivent se tenir régulièrement et assortis des rapports archivés
3 Accès et Sécurité
3-1 L’organisation de la sécurité de l’hôpital à chaque responsable de la Formation Sanitaire
3-2 Toute personne qui accède dans la Formation Sanitaire doit être identifiée. L’accès dans les services est systématiquement réglementé.
3-3 L’accès aux zones sensibles, à l’exemple des Blocs opératoires, salles d’accouchement, unités de réanimation, etc. est rigoureusement contrôlé
3-4 Le nombre d’accompagnateurs est limité au strict minimum et justifié. En tout état de cause, les heures de visites dans les services doivent être respectées.
3-5 L’entrée des véhicules au sein de la Formation Sanitaire est limitée aux véhicules du personnel identifiés par un macaron, aux véhicules des autorités et des forces de sécurité.
3-6 Tout autre véhicule notamment ceux supposés transporter les usagers doivent être identifiés et fouillés (à l’entrée et à la sortie).
4 . Communication
4-1 Pour une communication permanente entre les responsables, les différents services, le superviseur et la Direction, une flotte téléphonique devra être mise en place dans chaque hôpital dans les 6 mois
4-2 La Formation Sanitaire doit disposer d’un annuaire interne du personnel et des services, ventilé aux autres Formations Sanitaires de la Région
4-3 En période de garde, la communication doit être organisée entre le superviseur et les différents services hospitaliers.
5 Contrôle/Evaluation
5-1 Chaque Formation Sanitaire doit adresser sous 30 jours un audit interne de son fonctionnement
5-2 Tous les trimestres, un point financier sur la prise des Urgences Vitales doit être établi et connu de la Direction de l’Organisation des Soins et de la Technologie Sanitaire (DOSTS).
5-3 Les Inspections Générales pour les hôpitaux de 1ère, 2ème , 3ème Catégorie, les Délégations régionales de la santé publique pour les hôpitaux de 4ème catégorie ; le Service de Santé de District pour les hôpitaux de 5ème Catégorie, doivent chacun en ce qui le concerne organiser des missions régulières de contrôle et de visites inopinées assorties de rapport.
J’engage tous les Directeurs Généraux, les Directeurs et les Médecins-chefs à la mise en œuvre immédiate et sans délais de ces directives qui feront l’objet d’une évaluation périodique assortie de sanctions éventuelles.
Le Ministre de la Santé Publique
(é)André MAMA FOUDA

Ampliations :
– AB/MINSANTE/SESP
– SG
– PCA Hop 1ère Cat.
– P/COGE Hop 2è, 3è, 4è Cat.
– IGSA/IGSMP/IGSL;
– DOSTS; DLMEP; DSF; DPML; DRH; DAJC
– DRSP (10)
– INTERESSES
– CHRONO/ARCHIVES

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