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Douala:le terrible trajet de la jeune « Dr Hélène Ngo Nkana » vers la morgue à Douala

Quand négligence, mercantilisme et inhumanisme se rencontrent

Okong, samedi 23 janvier 2016. Il sera environ 15h lorsque la terre de leurs ancêtres se refermera definitivement sur Dr Hélène Ngo Nkana, épouse Nlate Mfomo. Sans aucun doute, ne sera officiellement pas encore connue toute la vérité sur les circonstances exactes du décès de cette jeune medecin réputée attentionnée pour les malades indigents notamment de l’hôpital Laquintinie de Douala (HLD) où elle a commencé sa carrière il y a quelque 3 ans. Seuls quelques initiés au sein de l’administration médicale et de l’ordre national des médecins qui ont ouvert des enquêtes détiendraient la réalité. L’ONMC auditionne en effet l’essentiel des médecins ayant été sur le passage médical de sa membre depuis ce 4 janvier 2016 quand elle arriva à la clinique du Gros Chêne pour une classique consultation pre-natale. La commission Ad hoc dediee aura sans aucun doute eu depuis le 11 janvier 2012 le temps de recouper les déclarations des uns et confronté les documents officiels apparemment réguliers de sa prise en charge finalement chaotique.

DrHelene2

Diplômée en médecine de la cuvée 2012 de l’Université des Montages (UDM), où ses parents n’avaient lésiné sur aucun sacrifice pour boucler ses 6 années pour cette formation d’élite, « Dr Hélène » comme l’appelaient ses collègues, à l’instar de ses deux amis et voisins de domicile au quartier Logpom, Docteurs Ngongang, eux-mêmes jeunes médecins, n’aura pas eu le temps de donner le meilleur de ce qu’elle a appris. Ni de voir grandir ses deux enfants. Encore moins vivre ce mariage avec son Serges, qu’elle accepta en noces en août 2015. Ni même accompagné dans leurs vieux jours ces parents aimés qui lui ont tout donné !

Cinq jours en clinique pour une fausse couche!

Celle qui, la trentaine à peine sonnée, se pliait en quatre pour soigner au mieux les tout petits enfants reçus dans le service de pédiatrie de l’hôpital Laquintinie de Douala (HLD) où elle commença sa carrière de médecin généraliste, puis au tout nouvel hôpital gynéco obstétrique de Yassa à Douala (HGO/DY) où elle a été affectée il y a quelques mois seulement lors du lancement, aura laissé sa vie sur le chemin de cette 3eme grossesse dont elle mettait pourtant, apprend-t-on du couple ami Ngongang « un soin particulier à conduire à bon terme »! Quelle tragédie! À l’instar des situations mortalité maternelle qui tendent à se banaliser au Cameroun. Et comment?

;–>>LIRE AUSSI–>>: Décès de Dr Hélène Ngo Nkana: la réponse de l’époux de la défunte attendue;

Lorsque ce matin du lundi 4 janvier 2015, Dr Helene Ngo Nkana se rend à la clinique du Gros Chêne de Douala, à Akwa, où d’ailleurs elle fait quelques piges depuis son passage à l’HLD situé non loin, nul ne peut imaginer qu’elle ne retrouverait plus jamais vivante ses parents, sa belle-famille, ses deux enfants et son mari. Ce dernier bosse à Yaoundé. En bon père et époux, il avait passé le week-end avec sa famille à Douala qu’il n’a quittée qu’au petit matin du lundi pour retrouver son poste de travail, à quelque 275 kms de route, dans la capitale politique du Cameroun. Sauf qu’il finira la journée à Douala. Il est revenu d’urgence, à l’annonce de l’hospitalisation de son épouse.

« Dr Hélène » qui s’est sentie fatiguée s’est rendue en clinique. Elle y a passé une échographie pour « une grossesse utérine », insiste Dr Nzonce Ngongang comme pour démentir la version précédente ayant fait état d’une grossesse extra-utérine (GEU). « Rien de bien grave » dit cet ami et collègue de « Dr Hélène ». Seulement en raison « de saignements abondants », la clinique pratiquera une seconde échographie. Son mari s’inquiète. « Elle se rend à la douche et en ressort après le constat d’avoir perdu sa grossesse de 9 semaines », rapporte le couple ami qui a suivi de bout en bout ce chemin de croix. « Elle a fait une fausse couche  » assure le personnel médical. Elle est néanmoins gardée pour un suivi conséquent.

Sauf que jusqu’à samedi 09 janvier 2016, son état ne s’améliore pas. Bien au contraire. Les jours passent. Le personnel de la clinique pense qu’elle stresse d’avoir perdu sa grossesse. Son mari qui voit son état se dégrader progressivement s’inquiète de plus en plus. Ce samedi, il est encore là. Auprès de sa moitié. En début de soirée, il fait un tour à la maison pour les enfants. Le couple ami Dr Ngongang est invité à une soirée. Donc ne peut continuer à garder les gosses comme depuis l’hospitalisation de leur voisine et consœur de l’appartement du bas. Arrivé à la maison, M. Nlate Mfomo Serges échange avec Dr Ngongang homme, qui, prêt pour la soirée, attend son épouse à bord de leur véhicule à l’extérieur. C’est à ce moment que cette dernière descend de leur appartement situé au dessus, avec la nouvelle du transfert de « Dr Hélène » vers l’hôpital général de Douala (HGD). L’information vient de lui être communiquée par Dr « Tata » Olivia, la pédiatre de l’HLD qui a accueilli et utilisé les deux jeunes femmes médecins généralistes dans son service. Elle avait été appelée par « Dr Hélène » qui s’est sentie de plus en plus mal pour la conduire à l’HGD, en compagnie du Dr Benjamin Nguiffo.
6h Chrono: de la clinique à la morgue en passant deux fois par l’HGD et l’HGO/DY !

En compagnie de l’époux, le couple ami va directement prendre la route de l’HGD où il retrouveront le Dr Nguiffo et Dr « Tata » Olivia. Ils sont assis sur un banc dehors. « Dr Hélène Ngo Nkana ep. Nlate Mfomo a été accueillie et installée aux urgences gynécologiques où elle doit recevoir les premiers soins. Il est environ 20h30. Le couple ami, tous médecins, veut entrer voir leur consœur. Mais, le protocole de service de l’HGD n’admet que les médecins soignants de cet établissement. Les 4 médecins accourus pour « Dr Hélène », y compris le médecin référent qui l’a emmenée, sont considérés comme de simples visiteurs ou gardes-malades. Dans l’équipe de garde du service de l’HGD, l’étudiante assistante est fait des va-et-vient à l’extérieur pour recueillir auprès du médecin référent et l’époux les informations sur les antécédents médicaux de la nouvelle patiente.
Après ces premiers soins d’accueil, la délégation accompagnant la patiente est invitée à se rendre à la caisse pour payer « la caution de 250.000 FCFA avant toute hospitalisation » précise le Dr Ngongang. On est en pleine nuit de samedi. Personne ne dispose d’une telle somme. L’époux signale neanmoins que son épouse est assurée à Ascoma.

Le tragique incident de la caution exigée en cash, refusant un chèque!

Peine perdue. Les agents de l’HGD lui retournent qu’ils ne prennent pas les bons de prise en charge de Ascoma. Qu’il n’a d’ailleurs pas eu le temps de requérir cette nuit de transfert un week-end. « Du cash ou rien » insiste le personnel de l’HGD. Le Dr Nguiffo de la clinique du Gros Chêne, qui sait que Ascoma est crédible, -il avait reçu d’ailleurs une prise en charge de cette assureur vie pour couvrir les soins de cette patiente assurée -, se rend au guichet et offre de déposer un chèque a du montant. Refus sec des agents de l’HGD! « Vous devez payer cash » rapporte le Dr Ngongang.

Face au blocage, la malade Dr Ngo Nkana, qui est encore consciente, leur fait signe de la conduire ailleurs, à l’hôpital gynéco-obstétrique de Douala à Yassa (HGO/DY)! C’est ce que nous révèle le chef du couple ami et collègue,qui tente une explication. C’est son établissement employeur depuis quelque mois, en plus spécialisé sur les questions gynécologiques. L’époux Nlate Mfomo qui semble très sonné se démène avec Dr Ngongang pour placer son épouse à la hâte dans leur voiture. Pour rejoindre rapidement l’HGO/DY, le jeune médecin roule à plus de 120km/h en cette heure avancée de la nuit. Heureusement la voie est un peu plus dégagée. Il est en effet 22h30. Un détail tout de même : alors même que ces agents exigent comme préalable le paiement d’une caution, ils demandent à l’entourage de « Dr Hélène » de signer une lettre les engageant d’avoir sorti leur patiente contre l’avis médical. Sous la pression de la dégradation de l’etat de son épouse, M. Nlate Mfomo signe pour ainsi pouvoir sortir de l’HGY. La délégation arrive à l’HGO/DY, une trentaine de minutes plus tard. Un dispositif humain est en place pour accueillir cette collègue. Le médecin qui l’accueille dit que la situation est grave. Il a diagnostiqué selon Dr Ngongang  » une embolie pulmonaire placentaire « . C’est un cas qui nécessite la Réanimation ! Patatras. Le tout nouvel HGO/DY inauguré moins de 6 mois plutôt par le premier ministre du Cameroun, ne dispose pas de service de Réanimation véritable. Il faut retourner à l’HGD, seul établissement de référence en mesure de prendre en charge un patient en Réanimation. Le jeune marié qui se rappelle quelles conditions lui ont été posées deux heures auparavant décide de mobiliser sa mère, une connaissance au Pr Mboudou, le Directeur de l’HGO/DY. Elle le joint effectivement. Ce dernier fait avancer à l’HGD le reanimateur de l’HGO/DY. L’on cherche en vain l’ambulancier dudit établissement hospitalier public!

Quel gâchis de rigidités et de defaussements anti-deontologiques!

Finalement, le mari et son couple ami décident de reconduire leur patiente dans le véhicule personnel qui l’avait conduit de l’HGD. Suivis par le médecin accueillant de l’HGO/DY, ils arrivent autour de 1h30 ce matin du 10 janvier 2016. Le reaminateur de l’HGO/DY les y avait précédés. Il leur demande de conduire leur collègue et patiente aux urgences. Une consultation spécialisée en Réa de 15.000 Fcfa est payée. Elle est mise au « dechoquage ». À nouveau il leur est demandé de verser la somme de 250.000 FCFA de caution avant les soins en Réanimation. Le Dr Ngongang qui s’étonne, leur demande où ils pensent qu’ils peuvent avoir trouvé une telle somme alors qu’ils couraient à l’HGO/DY. Parallèlement, ils entame une discussion avec la Dr Tocko en vue d’actionner « l’urgence vitale » qui permet de soigner toute personne sans sous, quitte a compenser autrement. Ce qui sera vers 2h sous la signature du Dr Oumarou! Il est 2h30. On annonce qu’elle est Réanimation. Sauf que deux heures après, vers 4h, il est annoncé à ces proches qui étaient restés accrochés a l’espoir de survie de leur proche. Hélas en en vain. Elle n’est plus en vie !

Tandis que la famille et amis se concertent pour voir où la conduire à la morgue, entre Douala sa résidence professionnelle et Yaoundé où vivent, son mari, ses parents et ses beaux-parents, une facture de soins en Réanimation de quelque 300.000 FCFA leur est remise. Avec comme condition de payer avant de récupérer la dépouille. Les familles dont l’essentiel vit à Yaoundé a décidé de la transférer à la morgue de l’hôpital gyneco-obstetrique de Yaoundé, à Ngousso. Quelques coups de fil calmeront finalement les ardeurs mercantilistes et les exigences indécentes des agents de l’HGD

Nul ne souhaite que la famille, qui doit être bien divisée autour de cette issue tragique, ne demande à son tour des comptes aux acteurs intervenus dans ce drame qui pouvait être évité. Si elle le fait, ce ne serait que justice afin que cette jeune dame ne soit pas morte pour rien comme souvent dans ce système trop lourd.

Alex Gustave Azebaze
Tel:+237- 677-528-757
Email:agazebaze@gmail.com

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