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Deux anciens bourgmestres rwandais jugés pour génocide à Paris

Deux anciens bourgmestres rwandais comparaissent mardi devant les assises de Paris. Ils sont accusés d’avoir participé au massacre de réfugiés, notamment dans l’église de Kabarondo, dans l’est du Rwanda, et encourent la prison à vie.

Octavien Ngenzi et Tito Barahira, qui nient les faits, sont accusés d’avoir directement participé au massacre de centaines voire de milliers de Tutsis en avril 1994 à Kabarondo, durant le mois d’avril 1994, avant que le Front patriotique rwandais n’investissent la région. Les victimes concernées sont essentiellement des réfugiés regroupés dans l’église de la commune.

Les deux hommes, qui se sont succédé à la tête de la localité, seront jugés, à partir de mardi 10 mai, pendant huit semaines pour « crimes contre l’humanité » et « génocide », pour « une pratique massive et systématique d’exécutions sommaires » en application d’un « plan concerté tendant à la destruction » du groupe ethnique tutsi.

Un procès compliqué

Trente-huit jours d’audience, 31 tomes de procédure et pas moins de 90 témoins. Un procès compliqué par l’état de santé de Tito Barahira, 65 ans en juin, qui doit être dialysé trois fois par semaine. De ce fait, les audiences seront écourtées les lundis et mercredis. « Il va falloir s’interrompre souvent. Mon client a besoin de régulièrement s’allonger », a prévenu Me Philippe Meilhac.

Autre source d’inquiétude, du côté des parties civiles : le désistement tardif d’une magistrate pressentie comme co-avocate générale et qui a invoqué, chose rare, une « clause de conscience ». Plusieurs ONG se sont alarmées du retrait d’Aurélia Devos, chef du parquet au pôle spécialisé crimes contre l’humanité, redoutant un « changement d’orientation du parquet » qui sera représenté par le médiatique avocat général Philippe Courroye.

Des doutes sur la tournure des événements

En dépit de la satisfaction des victimes de voir un second procès se tenir en France, l’atmosphère s’est alourdie depuis deux ans. Quand, en mars 2014, Pascal Simbikangwa, ancien capitaine de l’armée rwandaise, est condamné à 25 ans de réclusion pour complicité de crimes de génocide, l’heure est au rapprochement entre Kigali et Paris après trois ans de rupture des relations diplomatiques (2006-2009).

Mais le vent a tourné à nouveau après un non-lieu en octobre 2015 pour le prêtreWenceslas Munyeshyaka, le premier Rwandais visé par une plainte en France. Pourtant, ce second procès devrait donner à voir « un génocide plus concret, avec des témoins venus du Rwanda », pour Alain Gauthier, président du Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR), association à l’origine de la plupart des enquêtes ouvertes en France sur le génocide rwandais.

Un génocide « plus concret » ?

À la différence du premier, qui portait sur des tueries à des barrages à Kigali et dans la région natale du président Juvénal Habyarimana, le procès des bourgmestres sera celui d’un huis clos provincial. L’enquête judiciaire décrit Tito Barahira et Octavien Ngenzi, bourgmestres respectivement en 1977-1986 et 1986-1994, comme des « donneurs d’ordre », personnages clés d’une administration mise au service des tueurs.

Le matin du 13 avril, des témoins affirment avoir vu Barahira armé d’une lance à une réunion sur un terrain de football où il aurait appelé à « travailler ». Peu après, des centaines de réfugiés arrivés les jours précédents ont été regroupés à l’extérieur de l’église : en quelques heures, des centaines furent tués à coups de machettes, gourdins ou grenades, selon des survivants.

« Un bon bourgmestre, dépassé par les événements » ?

« Barahira, auquel on prête une influence démesurée, était allé voir s’il pouvait faire quelque chose pour aider les réfugiés », selon son conseil. Quant à Ngenzi (58 ans), son avocate le décrit comme « un bon bourgmestre, dépassé par les événements ».

Détenu depuis 2010, Ngenzi avait été retrouvé à Mayotte où il avait, sous une fausse identité, sollicité le statut de réfugié politique. Barahira a été interpellé en 2013 à Toulouse où il s’était installé. Condamnés en leur absence à la prison à vie par des tribunaux populaires rwandais en 2009, ils encourent la même peine en France.

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